l'apotre de l'Ethiopie
Tyr Saint Frumence de Tyr (315-385?)
l'apotre de l'Ethiopie
Saint Frumence est né à Tyr vers l'an 315. On ne connait pas ses parents, ni l'histoire de son enfance, mais les historiens estiment que vers l'année 330, sous le règne de l’empereur romain Constantin, un certain Meropius ou Mérope, philosophe, médecin de profession et fervent chrétien, partit de Tyr pour faire un voyage d'exploration et d'évangélisation sur les côtes du sud de la mer Rouge vers l'Inde. Il amène avec lui ses deux élèves préférés, Edèse et Frumence.
Un jour, sur le chemin du retour, leur navire aborda dans un port éthiopien, très probablement Adoulis, aujourd'hui en Érythrée. L'Ethiopie était beaucoup plus étendu qu'il ne l'est de nos jours, il s'étendait sur les deux rives de la mer Rouge, allant jusqu'aux confins de l'Egypte; à l'Ouest et au Sud, il était limité par le Soudan et l'océan Indien. Mérope et tout l'équipage furent massacrés, probablement pour voler la cargaison, par les indigènes. La piraterie fait partie jusqu'aujourd'hui de cette partie de l'Afrique. En plus la paix ne régnait pas à cette époque entre les Romains et les Aksoumites. Frumence et son frère échappèrent heureusement au massacre, peut-être à cause de leur jeunesse. Conduits à la cour pour être vendus comme esclaves, ils plurent au roi qui les attacha à son service. Le plus jeune, Edèse (connu en Ethiopie sous le nom de Sydracos), reçut la charge d'échanson royal; à Frumence, le monarque confia la surveillance des archives, la direction du palais et le trésor; il reçut le nom de Feriemenaios. Les deux jeunes esclaves s'acquittèrent de leur mieux de ces fonctions si délicates. Afin de récompenser leurs loyaux services, le souverain d'Aksoum rendit la liberté aux deux frères peu de temps avant sa mort.
Après le décés du roi, les jeunes gens voulurent alors rentrer à Tyr mais la reinemère, dont le fils, Tzahem, était trop jeune pour régner, leur demanda de demeurer avec elle pour l'aider dans l'éducation de son enfant et le gouvernement du royaume. Ils y consentirent. Frumence occupa à la cour une situation très importante et acquit sur l'impératrice et le jeune prince une influence considérable. Il profita de cet état de choses pour assurer le libre exercice de la religion chrétienne aux négociants byzantins ou romains qui fréquentaient les principaux marchés d'Ethiopie. Il les engagea à se fixer des lieux de réunion, à se construire des oratoires où ils prieraient Dieu en commun. Plus tard, il fit bâtir une église. Où fut-elle élevée? On peut supposer que c'était dans un port du royaume, puisqu'elle était surtout destinée aux chrétiens venus de l'étranger et que leurs affaires appelaient en Ethiopie. Or, à Massaouah, il y a un édifice, aujourd'hui converti en mosquée, qui passe pour avoir été bâti par Frumence. Lorsque Massaouah était encore chrétienne, cet édifice était une église dédiée à la Sainte Vierge et jouissait d'un droit d'asile qui a été respecté depuis par les conquérants musulmans, même à l'égard des chrétiens et des idolâtres.
Lorsque le jeune prince eut atteint l'âge requis pour régner, les deux tuteurs lui remirent les rênes du pouvoir et obtinrent de lui l'autorisation de gagner I'Egypte. C'était aux environs de l'année 345. Arrivés en Égypte, les deux frères se séparèrent. Edèse s'en revint seul à Tyr. A son arrivée, il décrivit avec enthousiasme, et émotion, leurs années d'exil et le merveilleux projet de son inséparable compagnon et il reçut la prêtrise. Puis la vie reprit pour lui son cours normal, et l'Éthiopie ne fut plus qu'un souvenir très cher, souvent présent à son esprit.
Mais Frumence, par une inspiration particulière de la Providence, alla à Alexandrie trouver saint Athanase qui avait été récemment rétabli sur le siège patriarcal. Il lui raconta les péripéties de son séjour dans le royaume d'Aksoum, la bienveillance des princes envers les chrétiens, les progrès que la foi avait déjà faits dans ce pays. Enfin, il supplia le patriarche d'envoyer un évêque et des prêtres pour travailler à l'évangélisation.
- Frumence, cet évêque que vous me demandez, je l'ai là sous la main, et personne au monde n'est plus qualifié que lui pour christianiser ce pays, et baptiser sa reine. Lui dit Saint Athanase.
Et devant son regard interrogateur, il poursuivit: - C'est vous, et vous seul, qui ferez de l'Éthiopie ce bastion avancé du christianisme en Afrique.
-Mais, si j'aime cette patrie de toutes mes forces, je ne suis qu'un simple fidèle de l'Eglise, incapable de tenir ce rôle écrasant.
- Qu'à cela ne tienne, il vous sera plus aisé de devenir évêque, qu'à moi de trouver un prélat aussi capable que vous de mener à bien cette tâche. Vous avez ma confiance, et Dieu vous viendra en aide.
Frumence ne pensait plus qu'à son prochain voyage, et à la mission qui l'attendait. Il étudia avec zèle, devint un théologien accompli, fut ordonné prêtre et reçut enfin sa mitre d'Evêque. Son rêve était devenu réalité, et sa promesse à la reine Sophie, son unique raison de vivre.
La famille royale accueillit son retour avec une joie difficile à décrire. Il instruisit, en même temps que la Reine et son fils, toute la cour; et bientôt tout le pays, suivant l'exemple royal, demanda à entendre la parole du Christ, et à recevoir le baptême.
La croix régnait sur l'Éthiopie, et devait y rester plantée au-delà de sa mort. Le grand apôtre de I'Ethiopie mourut vers 380 probablement à Aksoum. Il était âgé de soixante-dix ans environ. Un sanctuaire fut érigé en son honneur à quelques lieues d'Aksoum, à Maï Gouagoua : d'où le nom de Frérnona donné à la localité. Au XVIIe siècle, les Pères Jésuites y avaient une de leurs missions. Aujourd'hui, le pays est devenu domaine et résidence de l'évêque, chef de l'Eglise éthiopienne.
Mais combien d'Ethiopiens savent que cette Croix qu'ils vénèrent, et fêtent chaque année en grande pompe, dans un grand élan de ferveur et d'amour, ce symbole du Christ qui les unit tous, et qu'ils nomment « maskal », c'est à Frumence de Tyr, esclave et évêque, qu'ils la doivent.
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