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lundi 12 mars 2012
Sur les pas du Christ au Sud-Liban
jeudi 1 mars 2012
Tyr et son patrimoine chretien
Au service de la diversité culturelle
La Cite de Tyr, au sud du Liban actuel, a connu le message chrétien du temps même du Christ et de ses premiers Apôtres et disciples. Les écrits évangéliques et les Actes des Apôtres lui consacrent plusieurs épisodes confirmant son caractère comme berceau du Christianisme et foyer du pluriculturalisme et religieux. Elle avait occupe déjà une place cosmopolite ( on dirait globalisante ) entre les 12 eme et 4 eme siècles avant J.C, notamment par son rayonnement culturel et son influence maritime. Le livre d'Ezéchiel (7eme S. avant J.C.) nous donne une description parlante du niveau de gloire atteint par la cite de Melcart. Quand, dans le monde habité ( l'œcouméné), à l'exception de l'Egypte et de la Mésopotamie bien sur , dominait le modèle du village, Tyr offrait déjà le modèle de la Cite Démocratique avec son système gouvernemental.
L'historien Paul Morand décrit ainsi Tyr et Sidon : « ces deux villages de pécheurs furent une fois toute l'histoire du monde. L'essence de l'esprit méditerranéen, de la science venue de Chaldée, l'art décoratif, l'industrie et le commerce de la race blanche vécurent sur ces deux promontoires, deux mille ans avant le Christ »
Bien qu'elle connaisse très tôt l'enseignement du Maitre Divin, l'Eglise de Tyr ne prospère réellement qu'au 2eme siècle après J.C, quand elle aura eu ses premiers archevêques, ses illustres martyrs et personnalités des divers rangs ecclésiaux et catégories sociales, ses philosophes, ses théologiens et ses juristes, aussi bien païens que chrétiens, auxquels l'Humanité doit beaucoup .Pensons au moins au leg du célèbre jurisconsulte ulpianus fils de Tyr et à son valeureux apport au Droit Humain.
Rappelons que les martyrologes des différentes églises, tant orientales qu'occidentales, ne cessent de célébrer la mémoire des centaines de martyrs tyriens ( dont Christine, Théodosia, Tyranius, les 500 martyrs fêtés selon le calendrier maronite le 19 février, etc…
La basilique de Tyr, dédiée à la Sainte Vierge, la plus illustre dans toute la chrétienté de l'époque, se distinguait par son imposante architecture, son espace et ses admirables décorations. L'homélie de ré-inauguration prononcée alors ( autour de 316) , par l'historien et le témoin oculaire Eusèbe de Césarée, en présence de l'illustre archevêque du lieu Paulinus, nous en livre un témoignage saissant.
En plus de ses éminents pasteurs , Tyr connait aussi parmi ses enfants ou originaires des papes. [ ( deux au moins, Sissinius (708) et Constantin 1er ( 708- 715 ) ] et des patriarches ;Sur son spacieux hyppodrome olympique ont eu lieu des scènes émouvantes de martyres , survenus dans les vagues successives des persécutions romaines ; des conciles régionaux y ont été tenus , entre le 3eme et le 7 eme siècles, dans la mouvance des houleuses controverses christologiques qui ont divise le christianisme en une mosaïque de sectes et de courants de pensée.
Devenue Métropole depuis le règne de l'empereur Hadrien (+113, et située entre Antioche, Jérusalem et Alexandrie, elle en subissait les influences tout en les divulguant par la suite dans les 14 diocèses qui lui étaient affectés, parmi lesquels Sidon, Beyrouth, Byblos, Tripoli etc.
Apres près de 5 siècles de domination musulmane (634-1096) durant lesquels la présence chrétienne s'est presque totalement éclipsée, les vagues successives des croisades ont laisse des empreintes visibles a travers des édifices, des institutions et des écrits inoubliables .La figure d'un Guillaume de Tyr avec son très riche héritage historiographique ainsi que la splendide Basilique à l'intérieur de laquelle se faisaient introniser les Rois croises de Jérusalem demeurent autant de signes qui devraient enrichir les pages de l'Histoire chrétienne de Tyr et de son patrimoine culturel et religieux international.
Si vers la fin du 13eme siècle Tyr sombre dans l'obscurantisme généré par l'occupation des Mamlouks, héritiers de l'armée de Saladin vainqueur des croisades, Tyr , à l'instar des différentes régions du Liban , va s'cheminer , grâce à la politique d' Emirs convertis à ou sympathisant avec la culture chrétienne , (notamment catholique , via le patriarcat et leadership laïc maronite ) , vers un essor socio- économique et culturel qui devait atteindre progressivement ses structures modernes , avec la naissance du Grand Liban ,en 1920.
La prise de conscience de la richesse patrimoniale du sol libanais, et par conséquent de l'archéologie libanaise, dans le cadre de laquelle la ville de Tyr représente depuis toujours un site privilégié, devait amener les chercheurs à multiplier leurs activités , soit dans le cadre d'expéditions officielles et méthodiques , comme celle patronnée par Napoléon III en 1860, dirigée en l'occurrence par des académiciens comme Ernest Renan, soit dans le cadre de recherches improvisées par des antiquaires et des faussaires dont le seul but est la simple recherche de trésors. Le fruit de ces recherches demeure considérable malgré sa dispersion.
Apres l'expédition française, nommée « Expédition de Phénicie » (rapportée dans un ouvrage volumineux et publié entre 1864 et 1875), Tyr, ainsi que l'ensemble du sol libanais, fut l'objet de plusieurs fouilles archéologiques qui ont fait lumière sur les trésors précieux dont une partie fait la richesse du Musée National libanais de Beyrouth.
Malheureusement, menées avec technicité, et dirigée par l'Emir Maurice Chehab, sous la supervision de l'Etat libanais, ces fouilles furent suspendues avec l'éclatement des violences au Liban, depuis 1972.Mais malgré tout, de telles fouilles ont contribué a la découverte de l'ancienne ville de Tyr, phénicienne et gréco-romaine, dans laquelle il est fait lumière et pourra l'être davantage, sur un patrimoine chrétien dans l'un de ses berceaux les plus originaux , singuliers et cosmopolites .
Certes une bonne partie du patrimoine a été dilapidée. Mais dans des conditions favorables, il serait toujours possible de sauver le reste, grâce à la contribution d'institutions internationales comme l'Unesco, les institutions concernées par le patrimoine commun des pays méditerranéens, le Conseil des Eglises du Moyen Orient ou autres…
J'ajoute à cela que, ne se réduisant pas aux éléments enfouis dans le sol, le patrimoine englobe aussi les œuvres écrites et picturales, enfouies dans les bibliothèques, les couvents, les divers centres culturels et musées du monde. Le patrimoine de Tyr est riche sur ce plan. De nos jours il n'est plus impossible de le restituer et regrouper dans un espace déterminé sur le sol même de Tyr.
Une telle tache, aussi ambitieuse parait-elle, est énormément facilitée de nos jours par le recours aux nouveaux moyens de communication (internet et autres techniques du numérique).
La prise d'une décision claire et une bonne gestion concernant un tel projet pourrait le rendre concret.
Parmi ses avantages on peut avancer, dans le contexte de doute et d'appréhension issus du prétendu « printemps arabe », touchant actuellement la majorité des chrétiens d,Orient :
-Le christianisme est chez lui, enraciné, en Orient.
-Aucune autorité ni force ne peuvent justifier son deracinement
- Il est autant un devoir, pour la famille Internationale, qu'un droit inaliénable pour les chrétiens d'Orient de pouvoir vivre en paix et dans la dignité humaine sur le sol de leur berceau historique et géographique.
« Les chrétiens font partie de l'Histoire de l'Orient ; il ne peut être question de les arracher à cette terre." a dit le President francais .
Sans cette garantie , les principes des Droits de l'Homme, fondement de notre Civilisation, deviennent des notions vides de sens.
j.T.Khoreich , fevrier 2012
J.T.Khoreich
Libanios, Lettres aux hommes de son temps
choisies, traduites et commentées par Bernadette Cabouret, (La roue à livres/Documents) les Belles lettres, 2000.
Outre les soixante-quatre discours qui ont été conservés ainsi que de nombreuses déclamations, ce personnage public qui vécut sous quatre grands empereurs romains (de Constantin à Théodose en passant par Constance II et Julien entre autres) a entretenu une abondante correspondance : on lui attribue 1544 lettres, le nombre le plus important de toute l'Antiquité après Cicéron. Ces lettres sont adressées à toutes sortes de correspondants, dans un genre littéraire fort apprécié du public auquel il s'adressait par-delà leurs destinataires.
Le choix de 155 lettres opéré par Brigitte Cabouret vise à donner un aperçu de la vie d'une cité d'Orient dans l'Empire romain du IVème siècle. Ces lettres, très travaillées, solennelles ou familières, donnent une idée de la culture, de la vie politique et religieuse de l'époque, autant que des idées politiques et morales de leur auteur, homme représentatif de cette élite provinciale qui maintient l'hellénisme et annonce la civilisation byzantine. Maillon essentiel de notre connaissance de cette époque du IVème siècle, Libanios est l'un des auteurs les plus cités par les historiens contemporains de la période de l'Antiquité chrétienne.
http://bsa.biblio.univ-lille3.fr/cr-rhetorique.htm
"...repousser totalement les Grâces n'est pas grec".
L'esprit des lettres de Libanios tient dans cette belle et difficile formule.
Il ne fait pas de doute pour le sophiste dont s'honore l'Antioche du IVe siècle, que l'hellénisme parachève la nature et que l'art de vivre des Grecs qui forment toujours l'élite dans l'Empire d'Orient est un ornement indispensable.
Et ces perles de la paideia en effet : hauts fonctionnaires, philosophes, l'empereur Julien, échangent des lettres.
On se plaint entre soi que les nouvelles, qu'on connaît par ailleurs, n'aient pas fait l'objet d'une confidence personnelle, que l'on puisse donc déclamer en petit comité parce qu'elle aurait été si bien tournée -à l'avantage du destinataire qui y aurait vu sa reconnaissance et par conséquent son éloge-, tellement "grecque".
Il est émouvant de voir, à travers la trame bien restituée des lettres de Libanios choisies par Bernadette Cabouret, ceux qui ont la conscience de réprésenter l'aristocratie du moment se regarder s'aimer les uns les autres pour la beauté des vertus qu'ils manifestent grâce à la beauté entre toutes de l'éloquence avec laquelle ces vertus sont dites et la première d'entre elles : la grâce d'aimer l'amabilité de celui auquel on s'adresse.
Le choix de Bernadette Cabouret n'infirme pas celui qu'avait fait en son temps A.-J. Festugière (1) des lettres où Libanios apparaît comme le papa sophiste de ses poulains étudiants qu'il faut protéger des dangers de la cité -Antioche, qui doit mériter encore que les empereurs y fixent leur résidence pour oublier l'agitation de la "grande cité", Constantinople.
Libanios semble vouloir ignorer que le monde, dans l'Empire du IVe siècle, à Antioche comme à Constantinople, à Milan et à Rome, change. Une lettre, miraculeusement conservée, de Libanios à Symmaque (2) en témoigne : l'éloquence, grecque ou latine, est toujours l'éloquence. Pourtant, ce sont les tachygraphes qui l'emportent sur les rhéteurs. C'est le latin, y compris à Antioche bientôt, qui menace de primer le grec dans l'administration impériale.
Les étudiants préfèrent Beyrouth à la capitale syrienne pour y apprendre le droit, et non plus la sophistique (Libanios n'arrive pas à comprendre vraiment qu'un avocat doive désormais connaître le droit. Le droit ? Un avocat !). Enfin, les chrétiens provoquent des troubles de plus en plus sévères parce qu'ils sont de plus en plus conscients de leur force.
L'Empire change, et le grand homme le sait bien, dont la correspondance consiste pour beaucoup en lettres de recommandation et de défense de causes qu'en d'autres temps un homme de sa position et de son éducation n'aurait pas pu perdre. En effet, la classe curiale à laquelle appartient Libanios voit ses revenus et sa fonction même menacés par les nouvelles dispositions de l'administration impériale, désormais chrétienne.
Un curiale est propriétaire, ce qui lui permet d'assurer des charges, des liturgies, et pour les plus riches, la plus haute et la plus prestigieuse d'entre elles : les Olympia. Il y va, pour un Hellène, de la philotimia qu'il lui faut illustrer. Or, l'organisation de jeux coûte très cher, et dans ces temps difficiles, les revenus des terres ne suffisent plus même à des liturgies subalternes, si bien qu'on voit ce spectacle consternant dans la vie municipale syrienne, de curiales s'enfuyant dans les montagnes à l'arrivée d'un gouverneur chargé de vérifier les comptes. Soyons clairs.
Libanios ne plaide pas pour que les sénateurs s'enrichissent : il a l'âpreté au gain en horreur ; mais pour que les plus vieilles familles des cités aient les moyens d'offrir aux dieux ce qui leur est agréable, à savoir les clameurs d'un peuple heureux -qu'il faut enthousiasmer par les uenationes dignes d'une Antioche, qui mettent aux prises des vrais fauves bien féroces (3) et des chasseurs aguerris et promis au carnage. Eh bien, les curiales ne peuvent plus satisfaire aux exigences de leur fonction. Ils ont besoin des subventions de l'administration pour faire face, et ce sera assez de dire que, à partir de Théodose, tout ira à l'avenant pour les patriciens hellènes-païens.
Il ne nous échappe donc pas, à la lecture des lettres de Libanios, que ce dernier parle depuis un monde qui disparaît déjà de son vivant. Son courage, son entêtement peut-être, à ne pas "repousser totalement les Grâces" dans un temps, pour lui, de détresse, lui auront sans doute valu la considération affectueuse des médiévaux byzantins qui, pourtant chrétiens, se reconnaissaient encore dans l'amour de la paideia porté avec une telle exquise constance.
Le petit ouvrage préparé par Bernadette Cabouret nous invite à faire comme eux.
(2) Antioche païenne et chrétienne : Libanius, Chrysostome et les moines de Syrie, Paris, 1959. [Retour au texte]
(3) p. 192, Lettre 92 (Foerster 1004). [Retour au texte]
(4) p. 138, Lettre 61 (Foerster 1400), à Doulkitios. [Retour au texte] ________________________________________
«On a émis sur ma Fortune des opinions peu fondées : les uns disent que je suis le plus heureux des hommes grâce aux applaudissements que recueillent mes discours, et les autres que je suis le plus malheureux des êtres par suite des risques et des travaux que j'assume continuellement.
Aucun de ces deux jugements n'étant conforme à la vérité, il me faut tenter de les rectifier par le récit des événements passés et présents de ma vie, afin que chacun sache que les dieux ont pour moi mêlé les dons de la Fortune, et que je ne suis ni le plus heureux ni le plus malheureux. Puisse Némésis ne point me punir de ses traits ! »
Ces quelques lignes trahissent à elles seules l'ambition du livre et celle de son auteur, le sophiste Libanios (314-393), mais il est vrai que l'autobiographie est rarement un genre modeste. Le texte se divise en deux parties : la première, factuelle relate le parcours du sophiste depuis son enfance jusqu'à ses succès dans les plus hautes sphères de la société d'Antioche, et la seconde, faîte d'impressions personnelles. Volubile, exubérante, vaniteuse et facilement susceptible, la voix de Libanios a traversé les temps et forme un témoignage aussi riche que touchant.
Le tome I des Discours est tout entier dévolu à l'Autobiographie. L'introduction générale fait le point des connaissances relatives à l'auteur et croise les informations de l'Autobiographie avec les autres sources, notamment via les quelques 1500 lettres de Libanios qui nous sont parvenues. L'histoire de la tradition manuscrite est relatée en détail, tandis qu'une notice, assortie d'une chronologie, étudie avec précision la composition de l'œuvre. Des notes, développées en fin d'ouvrage par des notes complémentaires, accompagnent la lecture. L'ouvrage est en outre enrichi d'un Index des noms propres.
Discours II . Réponse à ceux qui l'avaient appelé arrogant . Écrit en 380 ou 381 après J-C, c'est un manifeste du parti païen prononcé au cours l'une séance publique, dans la salle de son école au bouleuterion et devant un auditoire assez large. L'intérêt de ce texte est de nous donner l'expression officielle de la pensée politique de Libanios à la fin d'une période de sa vie
Discours III . A ses élèves sur le discours Composé dans sa vieillesse après l'émeute de 387, il tient d'un genre oratoire connu, la réprimande Libanios a décidé un jour de supprimer le discours de clôture des cours le l'année, les étudiants se sont plaints et ils le réclament comme un dû
Discours IV Pour montrer qu'il ne radote pas, ce discours est dirigé contre un consulaire de Syrie nommé Eutropios.
Discours V: Artémis hymne en prose à la déesse.
Discours VI, VII, VIII Trois dissertations morales . de l'instabilité, la richesse mal acquise est un malheur plus grand que la pauvreté, de la pauvreté.
Discours X Sur le Plèthre dirigé contre Proclos, jeune comes Orientis en 383 et 384, coupable aux yeux du sophiste d'avoir voulu agrandir le Pléthrion d'Antioche, un des lieux essentiels des jeux Olympiques.
biographie de libanios:
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Libanios&oldid=75774991
correspondance entre libanios et st basile:
J.T.Khoreich