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jeudi 7 juillet 2011

Un instrument de musique sacré identique à celui du British Museum découvert à Saïda

Par May MAKAREM | 07/07/2011 OLJ

Une vue des entrepôts découverts dans ce bâtiment du IIIe millénaire avant J-C.
Une vue des entrepôts découverts dans ce bâtiment du IIIe millénaire avant J-C.
Patrimoine Pour la 13e année consécutive, la mission archéologique du British Museum, en collaboration avec la Direction générale des antiquités, concentre ses fouilles sur le site de l’ancienne école américaine de Saïda où les découvertes récentes confirment la continuité, tout au long des siècles, d’un lieu de culte funéraire.

Sur le chantier de l’ancienne école américaine de Saïda, le grand bâtiment public, la nécropole et les temples, datant du IIIe, IIe et 1er millénaire avant J-C, continuent de révéler leur secret. Après le « gigantesque » four et les nombreuses pièces affectées à la conservation des grains (160 kilos de résidus d’orge ont été dégagés) et au stockage de produits de chasse, la sècherie de poissons et le lot industriel d’hameçons, le « grand bâtiment » public de l’âge du bronze, détruit lors d’un incendie, livre son 26e entrepôt, annonce Claude Doumit Serhal, qui dirige les excavations depuis 1998. Contrairement aux autres pièces de stockage construites en brique crue, celui-ci est en pierre, et renferme une grande réserve de grains, le Triticcum Dicoccum, une des plus anciennes variétés de blé sauvage utilisée sur la côte levantine, selon la spécialiste Dominique Desmoulins de University College London, qui mène un programme de flottation très serré.
D’autre part, adossé à cet entrepôt, un immense amas de bois calciné qui devait alimenter le four à pain a été découvert par les archéologues. De peur de les réduire en cendres, « on les laisse en l’état, in situ », indique Mme Doumit Serhal, ajoutant que de grandes jarres « brisées mais complètes » viennent s’ajouter au trésor mis au jour au sein de cet ensemble architectural au cours des années antérieures, comme les poteries, les impressions de sceaux cylindres, ainsi que la statuette de plâtre – l’« orant du IIIe millénaire », qui est à ce jour pour l’archéologie libanaise « l’unique représentation d’un homme datant de -3000 à -2000 avant l’ère chrétienne ».

Au niveau du deuxième millénaire, 116 tombes ont été déjà dégagées. Au sein de l’une d’elle, une boîte à bijou renfermait un sceau cylindre sur lequel est gravé le motif d’une harpe arquée, deux personnages mi-animal, mi-humain en train de danser, les pieds en l’air, les mains levées à la manière égyptienne sacrée et entourant un dieu, avec un lapin émergeant de son épaule. À cette « première attestation de musique et de danse sur ce site » vient s’ajouter la découverte d’un instrument de musique sacré de l’Égypte ancienne, utilisé lors des danses et des cérémonies religieuses : le sistre. Il a été trouvé dans une favissa (fosse-cachette) creusée près des temples rectangulaires de l’âge du fer – époque perse et dont un est construit entièrement de gros blocs de pierre. Décoré recto verso de la tête de Hathor, déesse de l’amour, de la joie et de la danse, le sistre sidonien – malgré son manche cassé – est identique à celui du British Museum (provenance de Thèbes, Égypte), indique l’archéologue responsable, ajoutant que la favissa renfermait aussi une quinzaine de figurines en terre cuite, une tête phénicienne en pâte de verre, une bague en or représentant Héraclès, des amphores, une centaine de jarres de l’époque du fer tardif et une douzaine de vases à parfum. Tout un matériel archéologique qui vient enrichir la collection amassée au cours de la dernière décennie, à savoir « la plus vieille coupe crétoise enregistrée au Levant » ; « la plus grande concentration jamais trouvée au Levant de rytha » (sortes de flûtes à champagne, XIIIe siècle avant J-C) ; une « impressionnante quantité » de céramiques de Mycènes ; des centaines de lampes à huile, d’assiettes, de jarres et des figurines en terre cuite (représentant des déesses) datant de l’époque perse. Mais aussi des squelettes de guerriers enterrés avec leurs armes (pointe de flèche et hache en bronze), dont le « Silver Man » à la tête cernée d’un bandeau en argent, les bras enserrés par des bracelets en argent, en perles, en or et cornaline ainsi que des objets remontant à l’époque romaine et abbasside... L’ensemble sera exposé dans le futur musée du site, dont les plans ont été conçus par le bureau Khatib et Alami.
Claude Doumit Serhal signale d’autre part que suite à des analyses au carbone 14, les squelettes retirés l’été dernier d’une fosse de l’âge du fer, ont été datés de l’époque médiévale. La même fosse a livré une monnaie croisée, une médaille gravée d’une croix et quatre boucles de ceinture, « semblables à celles qu’on trouve en Angleterre ou dans le musée new-yorkais, The Cloisters (Les Cloîtres) », qui présente une peinture de saint Louis se pinçant le nez en enterrant ses morts à Saïda !