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jeudi 25 avril 2019

Le Cana du Liban est-il le lieu du premier miracle du Christ?

Cana du Liban - Lieu du premier miracle du Christ
article de Janvier 2012

par =http://www.discoverlebanon.com/en/forum/viewtopic_t_304.html

Tristement célèbre pour les massacres qui y ont été perpétrés à deux reprises par l'armée israélienne, le village de Cana au Liban l'est aussi pour des stèles gravées dans l'une de ses grottes et qui représenteraient le premier miracle du Christ, la transformation de l'eau en vin lors d'un mariage. Des urnes ont également été trouvées sur place. D'autres preuves sont à chercher dans les écrits de grands historiens de l'Eglise. Est-ce suffisant pour dire qu'il s'agit la du Cana de l'Evangile? Enquête.

Le village libanais de Cana n'est pas consacrée comme étant celui du premier miracle du Christ, le seul qu'Il ait fait à la demande de la Vierge, présente à ce mariage et qui semblait lui tenir à cœur. Traditionnellement, on pense que c'est l'un des deux villages en Palestine, Kfarkana ou Kherbet Cana, qui est le lieu de ce miracle. Mais un courant de pensée fait son chemin au Liban, considérant le village libanais comme le candidat le plus plausible en raison d'un faisceau de preuves. Les habitants de Cana, toutes confessions confondues, ainsi que des personnalités comme Joyce Gemayel, épouse de l'ancien chef d'Etat Amine Gemayel, et le président du Parlement Nabih Berry, l'un des leaders de la région, font partie de ceux qui y croient fermement. Mais qu'en est-il de la réalité de cette thèse?

Noun a interrogé le professeur Antoine Khoury Harb, archéologue et spécialiste de l'histoire ancienne, à propos de Cana. Le chercheur s'est intéressé à Cana en tant qu'archéologue, mais aussi en tant qu'historien du patrimoine chrétien du Liban, et lui a consacré un chapitre de son livre Racines chrétiennes du Liban. « Je pars du principe qu'il ya une prédisposition, dans cette terre, à embrasser le christianisme, dit-il. Est-ce une coïncidence si les églises sont souvent construites sur d'anciens temples? Ou que les habitants de Tyr et de Sidon aient été les premiers à accueillir les disciples du christ après leur fuite de Palestine? »

Pour le chercheur, la thèse selon laquelle Cana serait le village de l'Evangile repose principalement sur une étude de son emplacement géographique, les distances avec d'autres localités (en suivant les citations de la Bible) et les témoignages des premiers historiens de l'Eglise.

Il commence par faire remarquer que le Cana du Liban est le seul à porter le nom de Cana el-Jalil, alors que les deux autres villages qui pourraient être ceux de la Bible, et qui se trouvent en Palestine, s'appellent Kfarkana et Kherbet Cana.

Néanmoins, la plus grande référence que cite le Pr Khoury Harb est le premier grand historien de l'Eglise, Eusèbe de Césarée (265-vers 340 A. C.), qui était évêque de Césarée en Palestine. "Celui-ci situe le Cana du premier miracle du Christ dans le territoire d’Asher, qui est en Haute Galilée, allant du fleuve Litani au mont Carmel, c'est- à-dire dans le cadre du Liban actuel, explique-t-il. Les deux autres Cana possibles se trouvent dans ce qui était connu comme le territoire de Zebulon. Saint Jérôme, un autre grand historien de l'Eglise, a repris cet argument. De plus, Eusèbe de Césarée assure que le Cana de l'Evangile est sur la route de Sidon, ce qui est le cas du village libanais et non des deux autres. »

Les stèles, peuvent-elles constituer une preuve également? « Pour ma part, je considère que les vestiges archéologiques sont l'élément le moins important de l'argumentation en faveur de la consécration de Cana comme le lieu du premier miracle, dit-il. Leur datation remonte au premier ou deuxième siècle, selon les spécialistes. La principale stèle où figurent treize personnages avec l'un d'eux, au centre, plus proéminent que les autres, pourrait représenter le Christ et ses apôtres, mais ce n'est pas totalement prouvé. Les urnes en pierre trouvées sur place peuvent plaider en faveur de cette thèse, étant des objets très utilisés à l'époque. Ces urnes étaient généralement laissées sur la place du village, car trop volumineuses pour être intégrées dans une maison, et faisaient partie d'un complexe de pressoir. Mais dans ce cas, ce n'est pas un facteur déterminant. »

L'historien évoque un autre facteur intéressant: dans son livre, il utilise les cartes qui figurent dans la Bible de Jérusalem. « Or à l'emplacement des deux autres villages qui pourraient être le Cana de l'Evangile, on trouve deux points d'interrogation, ce qui veut dire qu'il n'y a pas de certitude à ce niveau », ajoute-t-il.

Pourquoi, alors, cette réticence de l'Eglise à considérer Cana comme un candidat potentiel? " Tout cela est assez récent et tout le monde n'est pas assez bien informé, répond M. Khoury Harb. Beaucoup en ont parlé avec une emphase toute subjective, or mon approche est celle de la science. Il faut accepter l'idée que le Liban fait partie de la Terre sainte, or les Libanais ne donnent pas, selon moi, assez d'importance à cette vérité ».

Pourquoi, à la base, les deux autres villages qui ne portent pas le nom de Cana ont-ils été considérés comme les meilleurs candidats? « Pour les pèlerins chrétiens à travers les siècles, ces villages se trouvent à proximité de Nazareth, estime-t-il. Avec la similitude dans les noms, ils ont fait le rapprochement et la tradition est restée. »

Et l'Eglise?

L'Eglise du Liban ne s'est pas encore prononcée sur la possibilité que Cana soit le village du premier miracle du Christ. L'un des ecclésiastiques les plus concernés par cette région est le métropolite grec-catholique de Tyr, Mgr Georges Bacouni. Il confirme que l'Eglise au Liban n'a pas encore pris de décision à ce sujet. « J'en parlais récemment au patriarche maronite, en tant que président de la conférence épiscopale, dit-il. Je crois que les évêques vont commencer à étudier la question. Jusque-là, je ne peux prendre la responsabilité d'affirmer ou d'infirmer quoi que ce soit aux pèlerins. Pour conserver notre crédibilité, il faut qu'il y ait une confirmation par une autorité quelconque. »

Mgr Bacouni refuse de livrer son sentiment sur la question. Il dit connaître les facteurs qui plaident en faveur du Cana de l'Evangile, notamment les écrits d'Eusèbe de Césarée, mais rappelle qu'il ya des arguments qui appuient la thèse contraire. « Depuis les premiers siècles de l'ère chrétienne, personne ne s'est intéressé au Cana libanais, affirme-t-il.

Ni la mère de l'empereur Constantin, ni les croisés, ni tous les hommes d'église ne l'ont considéré comme le possible lieu du premier miracle. Or la présence chrétienne à toujours été très forte dans cette région. Pourquoi alors aucune église ou aucun lieu de pèlerinage n'ont été érigés en mémoire de ce miracle? Enfin, il existe un facteur social non négligeable: si la Vierge Marie se sentait tellement chez elle en ce lieu, c'est qu'il est proche de là ou elle résidait, soit Nazareth. »

Mgr Bacouni en déduit que « la question est très épineuse, il faut former un comité d'experts pour trancher le débat ». Considérer Cana comme un candidat possible du lieu du premier miracle ferait assurément du bien à la région. « Sans nul doute, mais il faut être sur de ce fait pour ne pas tromper les fidèles », répond-il.

Une statue de la Vierge Marie

Si les historiens n'ont pas encore tranché le débat, et si l'Eglise hésite à se prononcer, beaucoup de fidèles ont décidé de considérer Cana comme un lieu de pèlerinage. A leur tète, depuis quelque temps, Joyce Gemayel. « Ma mère a quitté ce monde en me faisant promettre de poursuivre sa lutte pour faire reconnaître Cana comme le lieu du premier miracle, dit-elle. Au début, je n'y connaissais pas grand-chose. Et puis je me suis informée auprès des spécialistes comme Antoine Khoury Harb. Je suis aujourd'hui convaincue que Cana est véritablement le Cana de l'Evangile. »

Face à des preuves qu'elle trouve si décisives, Joyce Gemayel se dit « révoltée ». « J'ai décidé qu'il ne fallait attendre personne, et que c'est à la société civil d'agir, dit-elle. Il nous fallait promouvoir cette région comme une terre sainte au Sud, d'autant plus que nous savons combien le président Berry est attaché à cette idée. »

Elle pense alors, avec le groupe qui œuvre pour cet objectif, ériger une statue de la Vierge à Cana, en hommage au rôle joué par la mère de Jésus dans ce premier miracle. Avec l'appui du président Berry, la municipalité de Cana met à la disposition du groupe un terrain derrière l'église du village, l'église Saint-Joseph des grecs-catholiques. «C'est avec le concours de la Sainte Vierge que nous avons pu mener ce projet à bout, dit-elle. Nous avons aménagé la place avec l'aide de l'architecte Abboud Homsi. Cette place est aujourd'hui appelée Saydet Cana. »

Sur cette place trône une statue de deux mètres trente, placée sur un rocher d'un mètre et demi, réalisée par Fadi Rahbani, un élève de Homsi. « Nous cherchions juste une date pour inaugurer la statue, poursuit Joyce Gemayel. C'est le père Nasser Gemayel qui me l'a suggérée, le 8 septembre, anniversaire de la naissance de la Vierge. »

Effectivement, le 8 septembre dernier, Cana a célébré cette statue avec tous ses fils et beaucoup d'autres fidèles. Quelle est la prochaine étape? « Je suis arrivée à une seule conclusion, qu'il faut une présence religieuse fixe à Cana afin d'en faire un site de référence et de pèlerinage », répond Joyce Gemayel.

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dimanche 22 juillet 2018

Liban Terre Sainte

ANI – Le chargé d’affaires de l’ambassade du Liban au Vatican, Khalil Karam, a informé les autorités libanaises officielles que le Vatican remettra le Liban sur la liste des pays de pèlerinage, publiée chaque année, à partir de l’année 2019, et ce, après 12 d’absence de ce pays de la liste.
Le président de la République, Michel Aoun, avait évoqué ce dossier avec des responsables lors de sa visite officielle au Vatican.
L’ambassadeur Karam a suivi les concertations relatives à ce dossier avec l’évêque responsable des affaires de pèlerinage, et il lui a présenté une exposition des lieux que pourraient visiter les pèlerins au Liban, ainsi que des facilitations dont ils peuvent bénéficier.
 Nicole Khattar

lire aussi:

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13 juil. 2018 - Le Liban compte trois saints canonisés, Charbel, Rafqa et Neemtallah Hardini.

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Il y a 7 jours - Alors que la première application électronique pour le tourisme religieux au Liban, baptisée « Holy Lebanon », vient d'être mise en...
*http://www.agendaculturel.com/Divers_Application_sur_le_tourisme_religieux_rencontre_avec_Nour_Farra_Haddad

Liban Terre Sainte

LIBAN TERRE SAINTE
Par Andre Sacy 
Il y a quelques jours, le Liban a appris officiellement que le Vatican avait remis le pays sur la liste du tourisme religieux. On sait depuis longtemps que le Vatican bouge très lentement, et c’est une bonne chose. Mais c’est oublier que le Liban a déjà été mis sur la liste du patrimoine mondial du tourisme religieux depuis longtemps, le dernier lieu a y être inclus étant le sanctuaire de Maghdouché il y a deux ans et en grande pompe par l’Organisation internationale du tourisme religieux! Tout en étant fiers de la vallée sainte de la Qadicha, de tous nos saints libanais, et de Harissa, il existe tout un patrimoine religieux écarté ou ignoré.

Bien avant les Croisades déjà, Tyr, mais surtout Acre, recevait des groupes de pèlerins chrétiens arrivés par mer pour aller en Terre Sainte visiter Cana, mais surtout Nazareth, Bethléem et Jérusalem. Toutefois, la grande majorité venait par terre, par petits groupes, et les heureux élus qui avaient eu la chance de passer entre les mailles des filets étaient les privilégiés qui n’avaient pas été massacrés en chemin. C’est avec les arguments de la libération du tombeau du Christ des mains des Infidèles, et le drame de l’insécurité lors de leur passage et des sévices auxquels ils étaient soumis que les prêches pour les Croisades ont débuté.
Aujourd’hui encore et très régulièrement, peu de Chrétiens, aussi bien en Orient qu’en Occident, et par méconnaissance historique, considèrent le Liban comme partie intégrante de la Terre Sainte, au même titre que la Palestine, centre de l’activité du Christ de Son vivant, que l’Egypte, première terre refuge de la Sainte Famille après la Nativité, que la Syrie de Paul, de ses sept papes et de ses empereurs romains, ou de la Jordanie, berceau du Jourdain et du baptême de Jean-Baptiste. Que même la Turquie, aujourd’hui pratiquement entièrement musulmane, a revendiqué cette sainteté territoriale du fait des tout premiers Conciles et des Pères de l’Eglise qui ont jeté les bases de la religion du Christ sur son territoire, de la Trinité à l’Incarnation. Que la Terre Sainte ne se limite pas à la terre d’Israël aujourd’hui, de la Palestine et du Jourdain. Et que le Christianisme est d’abord une religion orientale.
Déjà dans le Cantique des Cantiques, on parle souvent des cascades d’eaux qui déferlent du Liban, et de ses cèdres avec lesquels ont a construit les temples et les palais. Quand à Tyr et Sidon, elles sont citées plus d’une cinquantaine de fois dans la Bible.
Aucune certitude, aucun fondement historique ou archéologique par contre quand à la localisation exacte et l’authenticité des lieux vénérés par les habitants de ces pays, aussi bien juifs que chrétiens. Les références données par les quatre évangélistes sont le plus souvent floues et ne permettent aucune conclusion certaine. La plus ancienne avérée, celle de la grotte de la Nativité, et la découverte de la vraie Croix, remonte à 331 avec Hélène, mère de l’empereur Constantin. La Galilée, où la majorité des miracles se sont passés, avec ses contours géographiques flous, la fuite en Egypte et son chapelet d’églises et monastères sensés parsemer les pas de la Sainte Famille, le lieu du baptême du Christ dans les eaux du Jourdain, autant de lieux que les traditions populaires se déchirent. 
Les évangélistes Luc, Marc et Matthieu l’attestent. Le Christ a foulé le sol du Liban. Il a prêché et fait des miracles à Tyr, à Sarepta-Sarafand de Sidon, à Cana de Galilée et à Sidon, comme le certifient les évangiles. Et le mont Hermon, à la lisière entre le Liban, la Syrie et la Palestine, est bien la montagne de la Transfiguration. Sur quelle cime, sur quelle colline, sur quelle mont ou sur quel versant, qui pourra jamais le certifier, et de toute façon, quelle importance !
Les habitants de Tyr et Sidon sont cités de nombreuses fois dans les divers Evangiles comme exemples, et parmi les fidèles venus nombreux écouter la parole du Christ.
Saida possède une place, Sahat el Canane, où la tradition religieuse locale, aujourd’hui oubliée, situe le miracle de la femme cananéenne qui avait imploré le Christ pour qu’Il guérisse sa fille, et lui avait arraché le premier miracle sur une non juive. Canane serait dérivé de Canaan. 
Egalement une salle, attenante à la très ancienne église Saint Nicolas, où cette même tradition veut que les apôtres Pierre et Paul se seraient rencontrés, en présence de Luc l’évangéliste. Pierre y prêchait, et Paul, de passage pour Rome, y aurait fait escale pour y rencontrer ses amis. Dixit les Actes des Apôtres.
A cette liste, il faudrait également ajouter la grotte, sanctuaire marial inscrit récemment au patrimoine mondial du tourisme religieux, Saydet el Mantara au dessous de Maghdouché, où la Vierge attendait le Christ alors qu’Il prêchait dans la ville, toujours selon la tradition orale. A l’époque, les femmes juives ne rentraient pas dans les villes et localités païennes. Cette grotte sera redécouverte incidemment en 1721 par un berger à la recherche d’une de ses brebis tombée dans un trou. Dans la grotte, un autel creusé dans le rocher avec une ancienne icône de la Vierge Marie devait raviver la mémoire ancestrale de ce sanctuaire perdu. Une basilique monumentale, construite depuis, se veut le reflet de la vénération et de l’adoration des nombreux visiteurs, tant chrétiens que musulmans. Egalement, et sur le flanc de la colline, un sentier de réflexion, une variation du Chemin de Croix où les étapes figurent les épisodes et les lieux de la Bible et de l’Evangile consacrés au Liban.
Le premier miracle du Christ s’est fait à Cana de Galilée, Cana al Jalil comme nous disent les textes, à la demande de Sa mère qui avait constaté l’épuisement du vin servi aux convives lors d’un mariage auquel ils avaient été conviés. Peu de gens savent que la Galilée de l’époque était composée de la Haute Galilée, la montagne au dessus de Tyr et Sidon, et plus à l’Est, la Basse Galilée, ce que l’on appelle aujourd’hui le doigt de la Galilée, en Israël. L’appellation Galilée pour la montagne libanaise était courante jusqu’au siècle dernier. Deux localités du même nom se trouvent aujourd’hui en Israel, Kfar Cana et Kherbet Cana, et, au Liban, Cana, qualifiée de Cana Mayor, Cana la grande, sur une carte ancienne. Les trois localités revendiquent le lieu du miracle, et personne ne pourra jamais le certifier. Les trois étaient habitées à l’époque, avec des vestiges et des traces de vie, et régulièrement explorées par d’éminents archéologues et historiens. Et les trois villages, ainsi que la Galilée, à tour de rôle et à différentes époques, ont été soit totalement ignorées sur les cartes anciennes et par les pèlerins, soit visitées en pèlerinage.
Ironie de l’histoire, seuls les Israêliens ont intitulé leur occupation du Sud-Liban Paix en Galilée, alors que, Dieu sait pourquoi, nous avons occulté chez nous cette appellation ! 
Une tradition, vénérée jusqu’aux temps des Croisades, magnifiait une pierre à Saida sur laquelle se serait tenu le Christ pour prêcher. Elle aurait été emportée par des pèlerins Croisés, et transportée en Italie avant de tomber dans l’oubli avec la fin des Croisades. Ce rocher avait son pendant à Tyr, sur lequel le Christ se serait également hissé pour prêcher. Ce serait, au dire des historiens, la base d’un fût de colonne que l’on devine encore dans la chapelle croisée et byzantine, au centre de l’hippodrome de la ville. Ces deux traces ont été occultées depuis le départ des Croisés, la mainmise des Mamaliks et l’exode forcé des Chrétiens de la région. Un troisième rocher se trouve sous l’autel d’une église en Palestine, et se rapporte à un des miracles du Christ. Mais qui parle encore aujourd’hui de la Couronne d’épines, ou de la Vraie Croix du Christ, pour lesquelles on s’est tant battu, que l’on a maintes fois trouvées, perdues et récupérées, et tombées dans l’oubli depuis la fin des Croisades. La seule encore vénérée aujourd’hui serait la relique ramenée en France par Louis IX, et pour laquelle il a fait construire la Sainte Chapelle à Paris. Ou encore le Saint Suaire de Turin, tant et tant de fois expertisé. Autant de questions, et jamais d’assurances impossibles. C’est surtout la foi qui déplace les montagnes…
Que dire aussi du séjour de Louis IX de longs mois à Saida. Il est vrai que, à l’époque, il n’était pas encore le Saint Louis béatifié après son décès, mais son passage a laissé des traces indélébiles : collège et foyer Saint Louis des Jésuites à Saida, cathédrale latine de Saint Louis des Français à Beyrouth comme à Rome. 
Les pèlerins croisés vénéraient également sur leur passage vers la Palestine l’église dédiée à ND de Tortose, Tartous, et le monastère melkite de la Vierge à Saidnaya, Sardenay pour les Croisés, en Syrie. Et plus tard, la vallée sainte de la Qadicha, au Nord Liban, foyer de tant d’ascètes, d’ermites, et refuge des patriarches maronites et de leurs ouailles persécutées. Ils s’arrêtaient également à l’abbaye cistercienne de Belmont, aujourd’hui Balamand, passée aux moines melkites après le départ des Croisés. Alors Liban, Terre Sainte, bien sur et de plein droit.
Bien avant les Croisades déjà, Tyr, mais surtout Acre, recevait des groupes de pèlerins chrétiens arrivés par mer pour aller en Terre Sainte visiter Cana, mais surtout Nazareth, Bethléem et Jérusalem. Toutefois, la grande majorité venait par terre, par petits groupes, et les heureux élus qui avaient eu la chance de passer entre les mailles des filets étaient les privilégiés qui n’avaient pas été massacrés en chemin. C’est avec les arguments de la libération du tombeau du Christ des mains des Infidèles, et le drame de l’insécurité lors de leur passage et des sévices auxquels ils étaient soumis que les prêches pour les Croisades ont débuté.
Avant et après les Croisades, et avec la conquête de l’Islam, la ville de Saida recevait plus volontiers les pèlerins et voyageurs musulmans de passage qui rejoignaient Damas, lieu de départ traditionnel de la caravane en route pour le Hajj. Celle-ci était organisée annuellement par le Wali de Damas, qui en portait la responsabilité, et financée par la Sublime Porte qui envoyait chaque année un trésor en donation à la Mecque. Le Wali devait sécuriser le pèlerinage vers le Hedjaz et les lieux saints de l’Islam, et en assurer le ravitaillement. La caravane était sinon régulièrement attaquée par des bédouins des tribus arabes, qui rançonnaient et pillaient les pèlerins. Elle avait déjà dû, à plusieurs reprises, rebrousser chemin ou être carrément annulée quand les conditions de sécurité n’étaient pas réunies. Et, traditionnellement, ceux qui partaient étaient nettement plus nombreux que ceux qui en revenaient. Ceux-ci, plus rares, avaient eu la baraka de ne pas se faire rançonner, massacrer et piller, ou n’étaient pas morts d’épuisement avec les difficultés du voyage.

Creuset des trois plus grandes religions du monde à qui on veut imputer tous les malheurs de l’humanité, cette région à du mal à se défaire du poids de l’Histoire, et de l’omniprésence et du poids de ces religions. Mais Terre Sainte, oui, mille fois oui. Nous devons le revendiquer haut et fort, c’est aussi notre rôle et le sens de notre présence en Terre Sainte.
Pr. André Sacy

vendredi 10 juin 2016

Des milliers de sites à visiter. Le Liban, terre de sainteté

Magazine 10-6=2016- 
Cité 96 fois dans la Bible, le Liban apparaît comme une terre bénie des dieux en matière de tourisme religieux. Les sites d’intérêt y foisonnent, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou druzes, et peuvent intéresser tout le monde, que l’on soit pieux ou pas.

Avis aux amateurs, le Liban n’est pas uniquement ce pays baigné de lumière, où l’on peut skier le matin et se baigner l’après-midi. Non, le pays du Cèdre est aussi une terre qui se découvre par ses lieux de culte, que l’on soit croyant ou pas, pieux ou pas. Les Libanais le savent bien, eux qui vivent leur foi – chrétienne, musulmane ou druze –, de la manière la plus naturelle possible. Qu’on se le dise, les religions sont indissociables de la culture, voire de l’identité libanaise. Nour Farra-Haddad, docteure en anthropologie religieuse et consultante en matière de tourisme religieux pour le ministère du Tourisme, en connaît un rayon sur le sujet. «Au Liban, explique-t-elle, le culte des saints draine de nos jours, comme depuis des siècles, l’essentiel des dévotions aussi bien chrétiennes que musulmanes». Les milliers de lieux de culte, éparpillés sur le territoire, en sont bien la preuve. Oratoires, chapelles, monastères, mosquées, maqâms et mazars témoignent de l’importance du culte dans la culture libanaise. Nour Farra-Haddad note, par ailleurs, que «les Libanais ont toujours été des gens très pieux et le tourisme religieux interne a toujours été très important».
D’ailleurs, souligne-t-elle, «en 2008, une association réunissant l’ensemble des cultes chrétiens au Liban a été créée, afin de développer le tourisme religieux, ainsi que les pèlerinages, qui sont deux choses différentes». Le projet prend de l’importance jusqu’en 2010 où est ébauché un Centre pour le tourisme religieux (CRT) et culturel, à vocation pastorale et touristique. L’objectif étant d’attirer autant les touristes intéressés par la culture religieuse que ceux animés d’une motivation spirituelle. Mis en sommeil entre-temps, l’idée du CRT a été réanimée par l’actuel ministre du Tourisme, Michel Pharaon, qui s’est fixé pour objectif de développer le tourisme religieux. Mais aussi, de replacer le Liban sur la carte internationale de la Terre sainte, une appellation qui avait été, jusque-là, exclusivement réservée à la Palestine et à la Jordanie, surtout après la création de l’Etat d’Israël. Conscients du potentiel libanais en la matière, deux ordres religieux ont créé des agences de voyages spécialisées en pèlerinage et tourisme religieux (Lebanon roots pour l’Ordre libanais maronite et Your ticket pour l’Ordre antonin).
«Il faut savoir que le territoire libanais compte des milliers de sites cultuels chrétiens et musulmans sur l’ensemble du pays», rappelle Nour Farra-Haddad. Selon la consultante et directrice gérante de l’agence NEOS, on peut distinguer plusieurs axes de visite autour de cette thématique.
«Nous pouvons explorer par exemple le Liban, terre sainte», explique-t-elle. Cité 96 fois dans la Bible, le pays apparaît clairement dans les textes sacrés, au même titre que ses villes, comme Sidon ou Tyr. «Le Christ lui-même fut son premier évangélisateur et foula son sol», souligne l’anthropologue. «Les Ecritures saintes nous révèlent que Jésus entreprit plus d’une prédication et opéra plus d’un miracle entre Tyr et Sidon (Matthieu 14, 21-28 et Marc 7, 24-31…). Le premier fut celui de l’eau transformée en vin à Cana. Jésus aurait loué la foi des habitants de Tyr et de Sidon et rappelé aux pharisiens un épisode de la vie du prophète Elie qui, lors d’une famine, avait été nourri par une veuve de Sarepta (devenu Sarafand au sud de Sidon)», précise-t-elle. Par ailleurs, c’est «au sommet du mont Hermon que le Christ se serait transfiguré». Le Liban-Sud, par exemple, est jalonné de lieux saints chrétiens autant que musulmans, avec le village de Cana, le sanctuaire de Notre-Dame de l’Attente à Maghdouché, le maqâm de Nabi Omran (le père de la Vierge), à Qleilé, et le maqâm de Cham’oun el-Safa à Chamaa, au sud-est de Tyr, qui abrite des tombes. Et ce n’est qu’un exemple.
Autre axe de visite, le Liban terre de sainteté. La Vallée de la Qadisha en est un magnifique exemple, haut lieu de sainteté pour la chrétienté et classé par l’Unesco. «Il y a une quantité de lieux de culte éparpillés sur tout le territoire, dédiés aux saints libanais, comme mar Charbel, mar Maroun, sainte Rafqa, sans compter les milliers de lieux dédiés spécifiquement à la Vierge et au Christ», précise Nour Farra-Haddad. «Nous avons aussi par exemple 370 lieux de culte dédiés à saint Georges, plus de 270 pour saint Elie (Nabi Elia chez les musulmans).
Par ailleurs, souligne l’anthropologue, le Liban se distingue par rapport à d’autres pays par le fait qu’il dispose d’une cartographie sacrée non figée.
Une terre de saints. «On parle même de la fabrication de nouveaux saints, figures nationales tantôt, ou encore martyrs de nombreux conflits de la région», avance-t-elle. Les bienheureux Abouna Yaacoub, Estéphan Nehmé, le vénérable Abouna Mrad, le patriarche Estéphan Doueihy et le frère Estéphan Nehmé sont en attente de béatification. Cette cartographie est très active et évolue. «On continue à construire des couvents», ce qui n’est plus le cas dans de nombreux pays.
Le Liban religieux peut aussi se visiter sous l’angle d’une «terre de dialogue et de vivre-ensemble». Le Liban est un message, avait rappelé le pape Jean-Paul II. Et de fait, avec ses dix-huit communautés religieuses installées sur un même sol, le pays du Cèdre apparaît comme un sanctuaire du dialogue interreligieux.
De plus, observe Nour Farra-Haddad, plusieurs saints sont vénérés par toutes les communautés. Saint Georges, alias mar Jeriès ou al-Khodr, est l’un d’entre eux, tout comme saint Pierre (mar Boutros, Chamoun, Semaan). Sans oublier, bien évidemment, le consensus religieux autour de la Vierge. Le plus visité reste Notre-Dame du Liban, à Harissa, le symbole de la coexistence, où l’on croise autant de visiteurs musulmans que chrétiens, libanais ou étrangers.

Jenny Saleh
Pour aller plus loin
 Site du ministère du Tourisme: www.destinationlebanon.gov.org
 Lebanon roots: lebanonroots.com
 Sur les pas de la Vierge et du Christ au Liban (tome I: Le Christ - tome II: La Vierge), de Victor Sauma. Disponible en librairies.
 Sur les pas des saints au Liban, de Victor Sauma. Disponible en librairies.

Quelques idées de week-end
La consultante Nour Farra-Haddad nous a livré quelques idées de circuits à réaliser en un week-end. Certains lieux de culte dispensent également des hébergements aux visiteurs.

Hauts lieux de culte orthodoxes au Liban-Nord
Jour 1: visite du monastère orthodoxe de Saydet el-Nourié (Notre-Dame des Lumières), visite d’Enfé avec ses églises et du couvent de Saydet el-Natour avec ses marais salants, visite de Notre-Dame de Kaftoun, ainsi que du couvent de SS Serge et Bacchus et ses fresques murales médiévales.
Nuitée à Batroun.
Jour 2: visite de Batroun, de ses églises, son souk, le mur phénicien…
 
Sur les pas des saints au Liban
Jour 1: visite de Smar Jbeil avec l’église de Mar Nohra, l’église de Notre-Dame du Perpétuel secours (Saydet el-ma’ounat) et sa forteresse, continuation vers Kfifane et visite du couvent de SS Cyprien et Justine (sanctuaire de saint Hardini et du béatifié Estéphan Nehmé) et, enfin, visite du couvent de St Joseph (sanctuaire de Ste Rafqa).
Nuitée au centre d’accueil du couvent de Saint-Maron de Annaya, l’Oasis.
Jour 2: visite du couvent de Saint-Maron à Annaya et de l’ermitage de SS Pierre et Paul, continuation vers Lehfed et visite de la maison natale du béatifié Estéphan Nehmé.
 
Sur les pas du Christ et de la Vierge au Liban
Jour 1: visite de Saïda avec ses souks, ses églises, ses mosquées, le château de la mer, le caravansérail des Français…. Continuation vers Maghdouché et visite du sanctuaire de Notre-Dame de l’Attente.
Nuitée à Tyr.
Jour 2: visite de Tyr avec son quartier chrétien et ses églises, ses souks, ses mosquées et ses deux sites archéologiques. Dans l’après-midi, visite du village de Cana avec ses deux sites de jarres et des statuaires.
 
A la découverte de lieux de culte druzes du Mont-Liban et de la Békaa
Jour 1: route vers Sharon, visite du maqâm de Sitt Sara et puis du maqâm de Nabi Bahaeddine.
Continuation vers la plaine de la Békaa et visite à Ammiq de Sitt Shaawana.
Nuitée à Chtoura.
Jour 2: route vers Aley, puis vers Abey et visite du maqâm de Sayyed Abdallah el-Tannoukhi, route vers la côte et visite au retour de l’oratoire de Saydet Khaldé avec sa grotte miraculeuse.

http://magazine.com.lb/index.php/fr/component/k2/item/16258-des-milliers-de-sites-%C3%A0-visiter-le-liban-terre-de-saintet%C3%A9?issue_id=239