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dimanche 20 juin 2010

Navire baptisé Mariam se dirige vers Gaza

« Nous sommes des femmes libres, nous n’appartenons à aucune organisation politique. »

Le navire est baptisé Mariam en référence à la Vierge Marie
«N ous serons toutes des ‘‘Mariame’’», (nom arabe de Marie, NDLR), lance au téléphone Samar Hajj, l’une des organisatrices libanaises, du bateau du même nom. Il partira pour Gaza avec à son bord, un groupe de 50 femmes dont trente Libanaises chrétiennes, musulmanes et druzes. « Nous recevons énormément d’appels de femmes de tous les coins du monde. Quatre religieuses américaines qui vivent en Afrique du Sud vont essayer de nous rejoindre. Celles qui ne pourront pas venir écriront des messages, des lettres, que nous emporterons avec nous ».
Pourquoi cette référence à Marie ?
« Parce que, chrétiens et musulmans, nous avons Marie en commun. Marie était une femme libre, elle nous inspire ».Mariam a appelé à une prière de bénédiction, cet après midi, à l’église Notre Dame du Mantara-Maghdouché, au sud de Saïda (l’ancienne Sidon). D’après la Tradition, la Vierge Marie y attendait Jésus pendant qu’il prêchait à Sidon. Les participantes ont reçu la bénédiction du patriarche grec melkite catholique au Liban, Grégoire III Laham. Et le Comité d’organisation du bateau
Le bateau devrait quitter prochainement le Liban pour Chypre, puis partira en direction de Gaza. Pour des raisons de sécurité, les participantes n’ont pas souhaité révéler la date exacte de leur départ. Le Mariam emportera des médicaments contre le cancer dans ses cales. « Le nombre de femmes et d’enfants atteintes de différentes formes de cancer, a considérablement augmenté dans la Bande de Gaza », explique encore Samar Hajj, « et les médicaments font défaut, à cause du blocus ».
« Nous sommes des femmes libres, nous n’appartenons à aucune organisation politique », insiste-t-elle, alors qu’un responsable israélien les a accusées d’être liées au Hezbollah, le parti chiite libanais, proche de l’Iran. « Nous n’avons aucun rapport avec le Hezbollah, même si c’est un honneur pour nous de soutenir la résistance », répond Samira Hajj dont le mari, Ali, est un des quatre généraux à avoir été détenus pendant près de quatre ans au Liban dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, en 2005.
« Nous sommes toutes animées par une cause, celle des respects des droits de l’homme et de l’enfant. Il existe une Convention Internationale des droits de l’enfant, pourquoi Israël ne la respecte pas ? » s’indigne Samira Hajj. Adoptée à l’ONU en 1989, elle a été ratifiée par l’État hébreu en octobre 1991.
Les organisatrices du bateau Mariam affirment que le mouvement « Free Gaza » est chargé de la logistique du projet. Free Gaza était l’un des organisateurs en Israël, de la flottille internationale pour le territoire palestinien, dont l’abordage par l’armée israélienne le 31 mai a fait neuf victimes, toutes turques. Suite à cette affaire, la Turquie a rappelé son ambassadeur, et les relations entre Israël et la Turquie, deux pays autrefois très proches, pourraient être durablement contrariées.
Ce mouvement, qui dispose de relais dans de nombreux pays, avec un bureau important à Chypre, est né à l’automne 2006. Ses organisateurs ont pour mot d’ordre : « Au lieu d’attendre que le monde agisse, nous irons à Gaza nous-mêmes et mettrons nousmêmes directement à l’épreuve le siège de Gaza ». Le mouvement qui se présente comme non violent, regroupe des militants et des organisations pro-palestiniennes de défense des droits de l’Homme telles que le Mouvement international de solidarité (ISM), avec le soutien de personnalités comme le prix Nobel de la paix 1976 Mairead Maguire ou l’intellectuel juif américain Noam Chomsky. Le premier voyage a été organisé en août 2008 : deux bateaux de pêche, avec 44 militants à bord, avaient accosté à Gaza.
Les « Maries » libanaises savent qu’elles encourent le risque que leur bateau soit arraisonné par l’armée israélienne. « Nous ne serons pas armées, Dieu nous protégera. Soit les Israéliens croient au principe des droits de l’homme et de l’enfant, et ils nous laisseront passer, soit ils ne croient qu’en l’usage de la force. Mais dans tous les cas, nous resterons à bord, toutes ensemble. De toute façon, il y aura des Mariam 2, des Mariam 3, tant que le blocus durera, car Gaza a besoin d’aide. Ses frontières doivent être rouvertes ». Article écrit par Agnès Rotivel dans le journal La Croix 17 juin 2010
Par Chrétiens de la Méditerranée - Publié dans : Gaza