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samedi 4 février 2012

Le patrimoine chrétien de Tyr, au service de l’œcuménisme et de la diversité culturelle.

Le patrimoine chrétien de Tyr, au service de l’œcuménisme et de la diversité culturelle.
La cite de Tyr, au sud du Liban actuel, a connu le message chrétien du temps même du Christ et de ses premiers Apôtres et disciples. Les écrits évangéliques  et les Actes des Apôtres lui consacrent  plusieurs épisodes  affirmant son caractère comme berceau du Christianisme et foyer du pluriculturalisme. Elle avait occupe déjà une place cosmopolite entre les 2 eme et 4 eme siècles avant J.C, notamment par son rayonnement culturel et son influence maritime. Le livre d’Ezéchiel (7eme S. avant J.C.) nous donne une description parlante du niveau de gloire atteint par la cite  de Heracle. Quand, dans le monde habité ( l’œucouméné), à l’exception de l’Egypte et de la Mésopotamie, dominait le  modèle du village, Tyr offrait déjà le modèle de la Cite exemplaire avec son système  gouvernemental démocratique. L’historien Paul Morand décrit ainsi Tyr et Sidon : «  ces deux villages de pécheurs furent une fois toute l’histoire du monde. L’essence de l’esprit méditerranéen, de la science venue de Chaldée, l’art décoratif, l’industrie et le commerce de la race blanche vécurent sur ces deux promontoires, deux mille ans avant le Christ »
Bien qu’elle connaisse très tôt l’enseignement du Maitre Divin, l’Eglise de Tyr  ne prospère  réellement qu’au 2eme siècle après J.C, quand elle aura eu  ses premiers archevêques, ses  illustres martyrs et personnalités des divers rangs ecclésiaux et catégories sociales, ses philosophes, ses théologiens et ses juristes, aussi bien païens que chrétiens,  auxquels l’Humanité doit beaucoup ( pensons au moins au leg du célèbre jurisconsulte Ulpianus fils de Tyr et à son valeureux apport  au Droit Humain  ) . Rappelons  que les martyrologes des différentes églises, tant orientales qu’occidentales, ne cessent de  célébrer la mémoire des centaines de martyrs tyriens ( dont Christine, Theodosia, Tyranius, les 500 martyrs fêtés selon le calendrier maronite le 19  février,  etc…)
La basilique de Tyr, dédiée  à la Sainte Vierge, la plus illustre dans toute la chrétienté de l’époque,  se distinguait  par son architecture, son espace et ses admirables décorations. L’homélie de ré-inauguration prononcée alors (en 316)  , par l’historien et le  témoin oculaire Eusèbe de Césarée, en présence de l’illustre archevêque du lieu, Paulinus, nous en livre un témoignage vivant. (L’Histoire de l’Eglise,chap X)
En plus de ses éminents pasteurs , Tyr connait aussi parmi ses enfants ou originaires des papes ( Sissinius, , Jean et Constantin ) et des patriarches ; Sur  son spacieux  hippodrome  olympique  ont eu lieu des scènes émouvantes de martyres , survenus dans les vagues successives des persécutions romaines  ; des conciles régionaux y ont été tenus , entre le 3eme et le 7 eme siècles, dans la mouvance des houleuses controverses christologiques qui ont divise le christianisme en une mosaïque de sectes et de courants de pensée. Devenue Métropole depuis le règne de l’empereur Adrien (+113, et située entre Antioche, Jérusalem et Alexandrie, elle a joue avec ses 41 diocèses dont Sidon, Beyrouth, Byblos, Tripoli un rôle prépondérant sur  tous les plans.
Apres près de 5 siècles de domination musulmane (634-1096) durant lesquels la présence chrétienne s’est presque totalement éclipsée, les vagues successives des croisades ont laisse des empreintes toujours visibles  a travers des édifices et des écrits inoubliables. La figure d’un Guillaume de Tyr avec son héritage historiographique  ainsi que la splendide Basilique à l’intérieur de  laquelle se faisaient introniser  les Rois croises de Jérusalem demeurent autant de signes qui devraient enrichir les pages de l’Histoire chrétienne de Tyr et de son patrimoine culturel et religieux international.
Si vers la fin du 13eme siècle Tyr sombre dans l’obscurantisme né de  l’occupation des Mamlouks, héritiers de l’armée de Saladin, Tyr va s’cheminer, à l’instar des différentes régions du Liban  grâce à la politique d’ Emirs  convertis ou sympathisant avec la culture chrétienne , (notamment catholique , via le patriarcat et leadership laïc maronite ) , vers un essor socio- économique et culturel qui devait atteindre progressivement  ses structures modernes , concrétisées depuis 1920 par  la formule coexistentielle du Grand Liban.
La prise de conscience de la richesse patrimoniale du sol libanais, et par conséquent de l’archéologie  libanaise, dans le cadre de laquelle la ville de Tyr représente depuis toujours un site privilégié, devait amener les chercheurs à multiplier leurs activités , soit dans le cadre d’expéditions officielles et méthodiques  , comme celle  patronnée par Napoléon III en 1860, dirigée en l’occurrence  par des académiciens comme Ernest Renan, soit dans le cadre de recherches improvisées par des antiquaires et des faussaires dont le but se limitait a la simple recherche de trésors. Le fruit de ces recherches demeure considérable malgré sa dispersion.
Rapelons ici les mots pathetiques par lesquels Ernest Renan a exprime au cours de sa visite a Tyr en 1860 son admiration pour cette terre biblique qui inspirait toujours pour lui  le parfum qu’elle avait du temps de Jesus : 
" Ici,je suis déjà en terre biblique. Je vois de ma terrasse (à Tyr) Sarepta, l'Hermon, le Carmel, les montagnes de la tribu de Dan... Le Liban, la chose du monde la plus enivrante, par un rare privilège, réunit à un haut degré le grandiose et le charme ; ce sont des Alpes riantes, fleuries, parfumées. Chacun de ses sommets était couronné de temples... Tout ce que je puis vous dire, c'est que l'air du Liban est le plus suave, le plus pur, le plus vivifiant du monde, que ce pays inspire la santé, le repos, la tranquillité d'esprit, une activité bienfaisante et tempérée, que les populations en somme sont bonnes et douces, que la sécurité est plus grande qu'en aucun pays d'Europe et que je traverserais le pays seul à pied sans une ombre d'appréhension." 
Apres l’expédition française, nommée «  Expédition de Phénicie » (rapportée dans un ouvrage volumineux et publié entre 1864 et 1875), Tyr, ainsi que l’ensemble du sol libanais, fut l’objet de plusieurs explorations archéologiques qui ont fait lumière sur des trésors précieux dont une partie fait la richesse du Musée National libanais de Beyrouth, ainsi que d’autres musées en Europe et en Turquie.
Malheureusement, dirigée par l’Emir Maurice Chehab, et menées sous la supervision de l’Etat libanais,  les dernières fouilles des années 70, devaient être suspendues a cause  de la guerre qui a meurtri  le Liban. Mais malgré tout, ces fouilles  ont contribué a la découverte de l’ancienne ville de Tyr, phénicienne et gréco-romaine, dans laquelle il est fait lumière et pourra l’être davantage, sur un patrimoine chrétien sur l’un de ses  berceaux les plus originaux, singuliers et cosmopolites.
Une large  partie de ce  patrimoine a disparu ou dispersée, certes, mais, dans des conditions moins défavorables, il serait toujours possible de sauver le reste, grâce à la contribution d’institutions internationales comme l’Unesco, les institutions concernées par le patrimoine commun des pays méditerranéens, le Conseil des Eglises du Moyen Orient ou autres…
J’ajoute à cela que, ne se réduisant pas aux éléments enfouis dans le sol, le patrimoine englobe aussi les œuvres écrites et picturales, enfouies dans les bibliothèques, les couvents, les divers centres culturels  et musées du monde. Le patrimoine de Tyr est riche sur ce plan. De nos jours  il n’est plus impossible de le  restituer et regrouper dans un espace déterminé en quelques lieux , et pourquoi pas sur le sol même de Tyr.
Une  telle tache, aussi ambitieuse parait-elle, est énormément facilitée de nos jours par le recours aux  nouveaux moyens de communication (internet et autres techniques du numérique).
La prise d’une  décision claire et une bonne gestion concernant un tel projet pourrait le rendre concret.
Parmi ses avantages on peut avancer, dans le contexte de doute et d’appréhension issus du prétendu « printemps arabe « que :
-          Le christianisme est chez lui, enraciné, en Orient.
-          Aucune autorité ni force  ne peuvent justifier son départ forcé.
-          Il est autant  un devoir, pour la famille Internationale, qu’un droit inaliénable  pour les chrétiens d,Orient de laisser vivre ses derniers et se développer en paix sur le sol de leur propre berceau historique et géographique.
Sans cette garantie, les principes des Droits de l’Homme, fondement de notre Civilisation, risquent de devenir des notions et des valeurs vides de sens.

 JTK