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lundi 4 février 2019

Le Sanctuaire de Notre Dame de l’Attente , Al-Mantara – Maghdoucheh, De l’obscurité d’une Caverne au phare du Tourisme Religieux International

Le Sanctuaire de Notre Dame de l’Attente , Al-Mantara – Maghdoucheh,
De l’obscurité d’une Caverne au phare du Tourisme Religieux International

1- Étymologie ; 2- Points de repère bibliques ; 3- Points de repère archéologiques ;
4- Découverte du site  et sa Genèse historique ;5 - Vocation du sanctuaire , centre de témoignage et de rayonnement religieux-6- l'inscription sur la carte du tourisme religieux international du sanctuaire de Saydet el-Mantara

1- Étymologie :Etymologiement les deux termes " Maghdoucheh et Mantara " sont d'origine arameo-syriaque. Origine a laquelle le dialecte libanais actuel doit toujours beaucoup. Le verbe " Qadech' avec son dérivé " Mqadcho" signifient   " Sanctifier, tenir pour Saint, Virginal" ( Dictionnaire Syriaque du P. Louis Costaz S.J, page 310). Le verbe "Ntar ,Netour " signifie garder, attendre, observer » selon la même source ( Page 203). Le sens de ces deux termes correspond bien aux traditions écrites et orales pour confirmer la vocation de ce site  selon laquelle la sainte Vierge y avait attendu Jesus quand il visitait la région .

2 Points de repère bibliques : Située a  quelques kms entre Saida , Sarafand ( Sarepta Biblique) et Tyr , Maghdoucheh n'est pas citée par son propre nom  dans les textes bibliques comme ces trois villes voisines . Mais on peut conclure qu'elle a été concernée par les diverses tournées du Christ et ses rencontres  avec la population de la région , selon les termes des divers versets ou il est question de " la région de Tyr et de Sidon"  ( Mt 15/21; Marc 3/7-12; 7/24-31) ou du " littoral de Tyr et de Sidon " ( Luc 7/17-18 ).

3 Points de repere archéologiques : La région de Maghdoucheh 
La region de Maghdoucheh abrite, en plus d’une grotte dediee a la Sainte  Vierge Marie , un autre trésor archelogique moins connu : un monastère dédié a sainte Zeita , nom que porte jusqu'à nos jours une localite situee a trois km de Maghdoucheh.
( cf :Maqam Sayyidat Al-Mantar , Archmandrite Saba Dagher , 2003 page 36). Dans la même région l’auteur signale l’existence d’un autre site connu par les habitants sous le  nom de « Kassayer  Al –Rouhbane , ( Champs des moines ). Autant d’éléments  qui confirment le caractère sacré de ces lieux

4- Découverte du site  et son contexte  historique : Le Sanctuaire de Maghdoucheh , en tant que haut lieu de pèlerinage catholique universel remonte a la genèse de l’Église .Quatre événements historiques majeurs ont déterminé la genèse et la renommée du Sanctuaire. 1- La promulgation de l’édit de Milan  en 313 qui annonçait une ère de paix et de liberté religieuse pour tous les citoyens du l"Empire ; 2-La visite de Sainte Helene, mère de l’Empereur Constantin I  dans la région, suivie de  son projet de  reconstruire les édifices religieux détruits par les successives persécutions (entre 313 et 335) ; 3-La ré-inauguration de la basilique de Tyr décrite par un temoin oculaire l’historien de l’Église primitive  lui-même Eusèbe de Césarée.
 ( أوسابيوس القيصري ، التاريخ الكنسي المجلد الثالث ص 106-130، منشورات المعهد الانطوني 2006 ) ;
4- le Concile de Tyr tenu en 335 , durant la clôture duquel l’empereur ordonna a tous ses membres de se rendre a Jerusalem pour assister a la consecration de l’église du Saint Sépulcre construite sous l’instigation de Sainte Helene.( Histoire des Conciles , Ch. J.Hefele Tome I, 2eme partie .Paris 1907 page 666) .
C’est dans ce contexte que Sainte Helene a contribue tres probablement a la promotion du sanctuaire de Maghdoucheh , selon les divers récits rapportes par les nombreux chroniqueurs depuis 1721 jusqu'à nos jours.  ( Cf . La Vierge au Liban , )
5-5 - Vocation du sanctuaire , centre de témoignage et de rayonnement religieux: Entre le 4eme Siècle et le jour de la découverte fortuite de la grotte de Maghdoucheh en 1721 , grâce a un simple berger ,il y a près de 14 siècles qui se sont écoulés .
Durant ce temps le sanctuaire sombrait  dans l’oubli ,tandis que toute la chrétienne orientale pâtissait  les diverses et dramatiques situations. Mais a partir de cette date ( 1721) qui correspondait a un temps de Renaissance œcuménique et nationale libanaise , et grâce aux initiatives des bons pasteurs et chefs religieux de l’Eglise grecque Catholique melkite , propriétaires  des lieux ,le Sanctuaire prenait progressivement et dans son ensemble ( Grotte, Basilique, Chemin du Mazar )  sa voie vers sa stature grandiose et inspiratrice actuelle.
Dans cette perspective ,et suite a  la visite du Pape Jean Paul II en mai 1997 au cours de laquelle il a réaffirmé le caractère biblique du Liban ,soulignant  sa valeur  civilisatrice et religieuse comme « Pays Message »  la vocation du sanctuaire de Mantara tend à devenir non seulement un haut lieu national , de prière et de rencontre spirituelle comme celui de Harissa , mais aussi
 un centre de pèlerinage au même titre que Lourde, Fatima et Medugorje : caractéristiques spécifiquement bibliques dont il est investi .

Il s'agit là en effet d'une longue aventure divine lancée avec la visite faite par Jésus-Christ ,sa mère, la Vierge Marie , et les premiers Apôtres à notre Sainte Terre Libanaise. Une aventure qui se poursuit à travers plusieurs signes, parmi lesquels le fait que la vocation du Liban comme "Pays Message " de coexistence et de dialogue œcuménique et intereligieux se fait sentir et reconnaître de plus en plus par tous. 
- Maghdoucheh rejoint le Cercle des sanctuaires internationaux : Citation journalistique :< Dans le cadre de sa politique de promotion du tourisme religieux au Liban et au Moyen-Orient, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, ainsi que l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) ont célébré hier soir en grande pompe et devant un parterre exceptionnel de dirigeants politiques et spirituels l'inscription sur la carte du tourisme religieux international du sanctuaire de Saydet el-Mantara (Notre-Dame de l'Attente) des grecs-melkites à Maghdouché, à l'instar de Notre-Dame de Lourdes en France, de N.D. de Fatima au Portugal et de la Vierge de Medugorje en Bosnie-Herzégovine.> ( L’Orient – Le Jour 30-5-2016)

NB. Svp  mettre le texte en forme , pour les accents .Merci JTK

Youtubes sur maghdoucheh :

1- https://www.youtube.com/watch?v=NbyGrHCXasQ


2- https://www.youtube.com/watch?v=Q3gL7ViMh8Y&t=154s

samedi 22 octobre 2016

Citation du Liban dans le livre de l’Apocalypse de Jean :1 /12-19


Citation du nom de Liban dans le livre de l’Apocalypse de Jean :1 : 12-19

« Et, m’étant retourné, je vis sept chandeliers d’or, et au milieu des chandeliers quelqu’un de semblable à un fils d’homme, vêtu d’une robe talaire et ceint à hauteur de poitrine d’une ceinture d’or. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme la neige, et ses yeux comme une flamme de feu, et ses pieds semblables à du bronze purifié au Liban (« Chalkos-Libanos ») et sa voix était comme la voix des grandes eaux. Et il avait dans sa main droite sept étoiles, et de sa bouche sortait une épée acérée à double tranchant, et son visage était comme le soleil quand il brille dans sa puissance. Et lorsque je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Et il posa sur moi sa main droite, en disant : Sois sans crainte ; Moi Je suis le Premier et le Dernier, et le Vivant. J’ai été mort, et voici que je suis vivant pour les éternités d’éternités. Écris donc ce que tu as vu, ce qui est, et ce qui va arriver dans la suite. » 
(Apocalypse de Jean, 1 : 9-19

N.B.
 Un des traducteurs de la Bible (Jean Gosjean),traduit par :
 « Ses pieds sont pareils à du bronze-de-Liban. » 
Presque tous les traducteurs ont omis ce mot,Chalkos-Libanos, d’une importance clé indicative du retour du Christ à la fin des temps. …. Aussi tous les traducteurs dans toutes les langues du monde, copiant l’un de l’autre, omettent irresponsablement ce mot principal et écrivent : « Ses pieds étaient semblables à de l’airain ardent, comme s’il eût été embrasé dans une fournaise. » Ainsi le mot « Liban » a sauté de presque tous les textes connus. 


Mais Jean à la fin de son Apocalypse dit : « Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. » En corrigeant ce mot, nous aurions rendu à la fois au Liban ce qui est au Liban, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Apocalypse 22 :18-19)

Aurons -nous la joie de retrouver dans les nouvelles traductions du livre Johannique le correspondant du mot  Liban omis du texte original ?

jeudi 10 septembre 2015

Sur les pas du Christ au Sud-Liban ( SLPDC)

Sur les pas du Christ au Sud-Liban ( SLPDC)
10/9/2015

Texte établi à partir d'un texte plus développé rédigé en arabe
Par le même auteur
Joseph Khoreich 

Plan 
introduction
I- Première vue sur le territoire libanais et rappel de certaines Figures historiques  de l'Ancien Testament , entre Yaroun et Cana de Galilée.
II- Au pays de Tyr et Sidon,  la grande foi de la Cananéenne ou syro-phénicienne .
III- A Sidon et ses alentours, entre l'Attente et le Passage vers d'autres horizons .
IV- La montée Vers l'Hermon et la Décapole, ou de la Transfiguration au Chemin de la Croix .
V- Sur la voie des proches de Jésus et le pays des Bien Aimés du Seigneur.

Introduction:

Au cours de sa visite pontificale historique au Liban au mois de Mai 1997, le Saint Pape Jean Paul II, en s'adressant aux centaines de milliers de libanais réunis au centre de leur Capitale, Beyrouth, leur dit : " Dans cette assemblée exceptionnelle nous voulons dire l'importance du Liban, sa mission historique accomplie au long des siècles... Nous sommes ici dans la région que foulèrent les pieds du Christ , Sauveur du monde , il y a deux milles ans ... Libanais et Libanaises , le Fils de Dieu lui-même fut le premier évangélisateur de vos ancêtres . C'est un privilège extraordinaire".  ( cf: 32 heures, Histoire , page 129).

Quelques années après cette visite historique, les paroles du Saint Pape auront trouvé leur échos dans  plusieurs initiatives tant officielles que pastorales, visant à la revivification du patrimoine religieux sur le territoire libanais , surtout au Sud- Liban sur les pas du Christ, de sa Sainte Mère La Vierge  Marie  et de ses Apôtres. Dans cette perspective le projet SLPDC commençait à voir le jour.
L'objectif de cet article est d'établir une synthèse fondée sur plusieurs études et recherches ayant abordé les divers thèmes touchant aux rapports entre la Bible , l'histoire de l'Eglise et le patrimoine religieux et culturel du Liban en général. 
Notre article essaie , dans une approche biblique, historique et spirituelle, de répondre aux questions suivantes: Quels seraient les chemins que Jesus et ses premiers disciples ou proches auraient fréquentés sur le territoire libanais historique et actuel? - Quels récits , souvenirs , vestiges, nous livrent les diverses sources qui sont à notre portée ? 

Les cinq points du plan nous servent de guide dans notre analyse:

I- Première vue sur le territoire libanais , et rappel de certaines Figures  Historiques  de l'Ancien Testament , entre Yaroun et Cana de Galilée.
( Lire: Rois1 31/16; Rois3 ,17/1
Selon les cartes et croquis présentés par plusieurs historiens au sujet des chemins et routes romaines au temps de Jesus ( Alfred Durand , Daniel Rops et autres ) , le périple que Jésus aurait suivi devait passer nécessairement par une zone géographique occupée de nos jours par plusieurs localités multicommunautaires situées de part et d'autre des frontières libano-Israeliennes : A un jet de pierre de Maroun El Rass, se situe Jish ou Jiscala, berceau de la famille de Saint Paul selon St Jérome . Tout près de là , à quelques centaines de mètres, le village libanais historique de Yaroun, entre Ainebel , village natal du Patriarche Cardinal Antoine Khoreich, et Rmeiche. Dans les vallons qui prolongent ce site en allant de l'Est vers l'Ouest , deux chemins se présentent :a) Dibl, Hatzour ,  Kafra, Siddikine, Cana, Tyr... b) Ainebel, Tibnine, Deir-Ntar, Hariss,Deir Amos, Siddikine, Cana, Tyr. Nul doute que la plupart de ces noms de localités sont bibliques. 
Se référant au Nouveau Testament , plusieurs textes nous relatent la présence , parmi les foules qui suivaient jésus, d'habitants venant de Tyr et de Sidon, ou de leurs alentours . Souvent ces deux villes sont citées ensemble.( Marc 8/3; Luc 17/6) .Plusieurs fois aussi , les textes évangéliques citent les dėplacements de Jésus , accompagné de ces disciples , en territoire libanais . ( Mathieu 21/15) 
- Non loin de Tibnine où se trouve une citadelle des Croisés abritant une chapelle dédiée à la Sainte Vierge , la mémoire collective retient que le Christ s'est dressé sur un rocher pour contempler , à l'ouest , le paysage de Tyr qui ressemblait à un rocher flottant sur les eaux de la Méditerranée, et à l'est le mont Hermon couronné de neige. Le paysage prête à méditer au sujet de la richesse et des pêchers de cette ville , décrite amplement par le prophète Ezechiel, et évoquer la double origine humaine généalogique judéo- phénicienne de Jésus ,via son 20ème aïeul, le roi Joram  ( Mathieu 1/8) , époux d'Athalie , petite- fille commune du Roi juif Ahav et du roi tyrien Ithobâal 1er , via la fameuse reine Jezabelle qui fut tuée par les extrémistes , après avoir tenu tête aux prêtres du Temple en y introduisant le culte tyrien.

- Cana: 
  Cana de Galilée constitue un étape principale dans le périple de Jésus en terre libanaise, ainsi que dans l'ensemble du message évangélique lui-même.Message universaliste de joie ,de paix et de service ,en présence de Marie ,des amis, de disciples et proches de Jésus. Pays du premier miracle ( Jean  2/1-11) , Cana est aussi le pays  du disciple Natanaêl ( Jean 21/2).  
Malgré la polémique engagée à propos de son identité entre théologiens et historiens , plusieurs indices font pencher la balance au bénéfice de la localité libanaise;  preuve en est les témoignages d'éminentes et historiques figures comme Eusèbe de Césarée ( 265-340) , auteur de "l'histoire de l'Eglise" , et  du guide géographique " Onomasticon" , fondateur même de l'historiographie chrétienne depuis le début du 4ème siécle . Preuve en est aussi le témoignage de Saint Jérome, ( 347-420) , traducteur d'Eusèbe ,les  témoignages du gardien de la Terre Sainte Fracesco Suriono ( 15ème siècle) , du patriarche Maxime V Hakim d'heureuse mémoire, de Mgr Paul Féghali, d'historiens et chercheurs contemporains comme : Martiniano Roncalia, youssef Hourani etc..
Le site de Cana de Galilée, en plus de la portée historique et spirituelle de son message évangélique , présente plusieurs éléments sensibles archéologiques et bibliques , notamment les 12 figures sculptées  sur les rochers de la vallée d'Achour, imitant la Cène , sa grotte et ses jarres rappelant celles citées dans le récit évangélique. 
Le livre des actes des Apôtres fait allusion à Cana en citant la Phénicie  comme ayant été l'un des premiers sites de refuges des chrétiens persécutés depuis les premières vagues de persécution déclenchée contre eux  à  Jerusalème , suite à la mort  du premier martyr, Saint Etienne . ( Actes des Apôtres 11/19)
Dans son livre bien documenté "Sur les pas de Jésus Christ en Phénicie -Liban " Martiniano Roncalia souligne que Jésus s'est rendu deux fois à Cana , au mois de Mars en l'an 28 lors de son premier miracle, puis en Août de la même année lorsqu'Il guérit le fils d'un officier romain et rencontra Nathanaël de Cana  ( Jean 21/2) .

II- Entre  Tyr et Sarepta ( Sarafand) , la grande foi de la cananéenne ou syro-phénicienne : 
Cf: Mt 15/ 21-28 ; Mc 7/24-30

Plusieurs fois il a été question de Tyr et de Sidon dans les deux Testaments . ( cf: les notes de Mgr P.Feghali et le livre de Gh.Khalaf: "Le Liban dans la Bible") .  Souvent les noms des deux villes ou régions sont associés. ( Mc 7/24 ) . Si les livres du Nouveau Testament ne sont pas explicites au sujet du passage du Christ à l'intérieur de Tyr , il l'est par rapport à Sidon. en effet:  " S'en retournant du pays de Tyr,il vint par Sidon vers la mer de Galilée, en plein territoire de la Décapole .Et on lui amène un sourd , qui en plus parlait difficilement..." ( Marc 7/31)

De nombreuses traditions rapportent à la suite d'éminents historiens, comme Eusèbe de Césarée , que le Christ s'était reposé près des sources de Rass El Aîn , au sud de Tyr . Près de l'un des portails de cette ville  , depuis les premiers siècles jusqu'au temps des croisades ,les fidèles , surtout les pèlerins , avaient l'habitude d'honorer un rocher au sujet duquel  on racontait que Jésus avait l'habitude de s'y poser pour s'adresser à ceux et celles qui venaient pour l'écouter et en solliciter la guérison .( cf: " Le Liban dans la vie  du Christ" , Boutros Daw , 1980, p. 265-6)

Entre Tyr et Sidon, probablement à Adloun ,certains font situer le miracle de la guérison d'une jeune fille  syro- phénicienne ou cananéenne , probablement près de la localité de "Adloun" près de Sarafand.  . La fille miraculée s'appelait Justa , selon certaines traditions ; ( à traduire par Adla  ou Adloun ). Saint Mathieu rapporte que Jésus , après une virulente  discussion avec les pharisiens à propos de leurs traditions , concernant " le pur et l'impur", " se retira dans la  région de Tyr et de Sidon . Or voici qu'une Cananéenne était sortie de ce territoire ,se mit à crier." Devant son insistance , sa ferme volonté , son humilité  et sa grande foi, Jésus lui répondit: " Ô femme  grande est ta foi ! Qu'il t'advienne selon ton désir". ( Mt 15/21-30).
A mi- chemin  entre Tyr et Sidon , Jésus et ses disciples , accompagnés de Marie , passèrent sans doute par Sarafand, localité renommée en son temps par ses productions artisanales: verrerie et orfèvrerie...Son nom a été cité plus d'une fois dans la Bible, surtout en évoquant la vie du Prophète Elie avec sa compassion envers les pauvres et les veuves , durant une saison de sécheresse qui envahit toute la région. ( 1 Rois , 17-sq; 2 Rois /5 sq; Luc 4/26 sq) . 
L'épisode ( St Elie à Sarepta) a été évoqué par Jésus lui-même , deux fois au moins. Prenant la parole à la synagogue de Nazareth , au début de sa mission  il  loue une fois de plus la grande foi des dames libanaises. " En vérité je vous le dit,aucun prophète n'est bien reçu dans sa patrie. Assurément je vous le dit ,il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d'Elie , lorsque durant trois ans et six mois le ciel demeura fermé et qu'une grande famine sévit sur tout le pays; pourtant ce n'est à aucune d'elles que fut envoyé Elie,mais bien à une veuve de Sarepta,au pays de Sidon"  (Luc 4/24-26; 3Rois) .  Une autre fois plus tard, fustigeant l'incrédulité des villes juives, Jésus loue la foi et la bonté des habitants de Tyr et Sidon : " Malheur à toi  Chorazein ! Malheur à toi Beithsaid !... Tyr et Sidon auront  lors du Jugement un sort moins rigoureux que vous" (  Luc 10/ 12-14) .
Les traditions chrétiennes , suivies des traditions musulmanes , gardent toujours les souvenirs bibliques relatives à la visite du prophète Elie à Sarepta.Une église perpétuait depuis le 4ème siècle le souvenir du passage de saint Elie dans ladite localité. De nos jours un site religieux au nom du "Khodr" commémore le passage d'Elie à Sarafand , ouvert à tous les pèlerins. ( cf: Le Liban dans la vie du Christ ,p. 268)

III- Sidon , Maghdouché, entre Attente et Passage vers d'autres horizons :

Selon les deux évangelistes Mathieu et Marc le passage de Jésus à Sidon est explicite.( Mt 15/21-29; Mc 7/31). De même que le passage de Saint Paul à Tyr et à Sidon . A Tyr il séjourne durant une semaine parmi sa communauté ( AA 21/4 et sq) .De même à Sidon:  " Nous touchâmes à Sidon ...Julius ( officier) fit preuve d'humanité à l'égard de Paul en lui permettant d'aller  trouver ses amis et de recevoir leurs bons offices" (  AA  27/3) .Ces deux visites méritent une plus ample explication. Une tradition du 4ème siècle attribuée à sainte Mélanie souligne que cette pèlerine a vu à Sidon la maison de la Cananéenne . Maison qui fut transformée ,pus tard , en une église dédiée à saint Foqua ( cf: Daw op. cité p. 265), ou à saint Nicola . Au temps des croisés , les pèlerins contemplaient une pierre intégrée dans le mur  d'une église locale,  au sujet de laquelle on racontait  que Jesus avait l'habitude de s'y assoir quand il venait à Sidon. (Idem p. 265; le sanctuaire de N.D.de Mantara, par Mgr Saba Dagher ,2003, p. 13) .
Les lecteurs peuvent se référer aux nombreux écrits au sujet des  traditions orales et écrites relatives à la genèse et au développement du sanctuaire de N.Dame de Maghdouché .

IV- De Sidon au mont de l'Hermon et la Bekaa: 

" S'en retournant du pays de Tyr , il ( Jésus) vint par Sidon , vers la mer de Galilée , en plein territoire de la Décapole" ( Mc 7/31) .
Après Sidon , quel chemin aurait pris Jésus  dans la poursuite de sa visite au pays du Cèdre. Pour rentrer au lac de Tibériade a-t-il pris la direction est -sud, passant par le Golan, ou bien a-t-il pris un chemin plus long qui l'aurait conduit vers le nord-est traversant  des localités telles que Jezzine Machghara et la région du Mont de l'Hermon? 
Quelques soient les chemins du retour , il reste que trois parmi ses étapes ne sauraient être négligées ou omis pour notre sujet: 
Césarée de Philippe ou Panéas , le Hermon et une partie de la Bekaa où se situait Abilène ( souk wadi Barada) et où sainte Hélène , mère de l'empereur Constantin Le Grand a restauré , au début du 4ème siècle une église dédiée à Abel, préfigure du Christ martyr. 
- Dans la région de Césarée de Philippe, correspondant ,de nos jours , à Banias , en territoire syrien occupé , non loin au nord- est de la localité libanaise de Marjioun, ont eu lieu des évènements de grande importance : la Transfiguration, la Prifession de foi de Pierre et l'annonce de la Crucifixion . Par son aspect grandiose , divin et pittoresque le site est convenable à la retraite et à la contemplation. C'est pourquoi il a servi pendant des siècles comme un espace privilégié aux divers cultes religieux. 

Sur l'un des sommets de cette montagne de 2880 m d'altitude,  " Arrivé dans la région de Césarée de Philippe , écrit Saint Mathieu , Jésus posa à ses disciples cette question :" Au dire des gens qu'est le Fils de l'Homme? ...Prenant alors la parole ,Simon Pierre répondit : " Tu es le Christ , le Fils de Dieu Vivant .., En réponse Jésus lui déclara : ... Tu es Pierre , et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l'Hadès ne tiendront pas devant elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux".( Mt : 6/13 sq; Mc 8/27,sq, Mc 9/ 1,sq ) .
Très riche en vestiges religieux , païens et chrétiens , le mont Hermon est resté jusqu' au 4ème siècle un centre de pèlerinage, abritant plusieurs temples ou symboles appartenant aux diverses religions et cultures aussi bien païennes que chrétiennes.
( consulter recherches sur le Hermon sur le site: www.libanius.blogspot.com
Dans ce contexte, au 5ème siècle, Saint Jérome adressa une lettre aux moniales de l'Hermon en ces termes: "Après vous avoir écrit tant de fois, vous n'avez pas seulement daigné me répondre un seul mot.                .Je sais que les ténèbres ne peuvent s'allier avec la lumière ... et qu'un pécheur comme moi est indigne d'avoir part à l'amitié des servantes de Dieu, mais je sais aussi qu'une femme de mauvaise vie lava de ses larmes les pieds du Seigneur, que les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maitres…. » (cf  : Correspondance de Saint Jérôme sur le website  :


De nos jours, 15 siècles après la présence des moniales, servantes de Dieu sur le mont de l'Hermon , il est fort apprécié  de constater l'émergence d'un intérêt particulier dans les différents  milieux intercommunautaires libanais pour le patrimoine culturel et religieux relatif au Mont de l'Hermon. En effet des marches touristiques et des pèlerinages annuels sont  organisés depuis une dizaine d'années dans la région , surtout au mois d'Août autour de la fête de la transfiguration. Y participent des associations  culturelles  et sociales , notamment des mouvements religieux conduits parfois par des responsables pastoraux . Le métropolite grec orthodoxe du lieu , par exemple , projette la construction d'un sanctuaire sur la montagne , en vue d'y revivifier les traditions chrétiennes .
N.B : Nous avons jugé qu'il serait superflu de citer les multiples références bibliques relatives à ce dernier thème, le Mont de l'Hermon, afin de ne pas alourdir le texte. Les notes fournies à ce sujet en arabe par Mgr Feghali , et celles contenus dans le livre du pasteur Ghassane khalaf sont d'une richesse capitale pour le lecteur arabophone. 
En plus de sa richesse en vestiges archéologiques , et en diversité écologique, la région de l'Hermon est surtout très riche en souvenirs se rapportant à la genèse de l'Eglise , concernant surtout deux réalités  importantes : 
a- La région de l'Hermon et du Golan, pays des proches parents de Jésus :
 ( Julien l'africain du 2ème siècle ,in  Daw p.331; Y. Debs in Hist de la Syrie Tom 2 p.38-40) ;
b - Pays de refuge où apparurent  les premiers écrits araméens de l'Evangile de Mathieu. ( Ernest Renan in Vie de Jésus , introduction , note 27 ).

V- Sur le chemin des patriarches et des amis de Dieu:
En se posant la question sur les objectifs qui auraient invité  le Christ et ses disciples à visiter les régions du liban, les chercheurs ajoutent aux raisons se rapportant à l'évangélisation, des raisons se rapportant aux liens essentiels de continuité entre les figures et les enseignements prophétiques  de l'Ancien et du Nouveau Testament . "N'allez pas croire que je suis venu abolir la loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu abolir mais accomplir" ( Mt 5/17) . En effet le territoire libanais est parsemé de hauts lieux de culte et de pèlerinage , tout au long du parcours que devaient fréquenter Jésus et ses compagnons, que ce soit sur l'axe méridional et maritime ou sur l'axe oriental de l'Anti-Liban et de la Bekaa. Ces deux régions abritent une multitude de sites portant des noms qui rappellent toujours  les figures des patriarches et prophètes de l'Ancien Testament :  Abel , Chite,Ham , Noah, etc... Ils sont associés à des dizaines de noms de localités, tant au Sud-Liban que dans la Bekka ou dans les alentours syriens. ( cf: J.Goujon , Histoire et Voyages en Terre Sainte, 1668, II,p.4) .Le père Boutros Daw souligne à ce propos : " Le souvenir d'Abel et de son sacrifice était répandu au temps du Christ dans toute la plaine de la Bekaa,l'Anti-Liban et Damas" , ajoutant : " Ceci était parmi les raisons d'être de la visite de Jésus dans ces régions" ( idem p. 296, et 224-319) .
Ces données ne se limitent pas aux seules traditions judéo-chrétiennes,  mais elles sont constatées également dans les traditions musulmanes. 
Pour illustrer cet aspect inter-religieux , rappelons en dernier point un texte rapporté par le grand mystique et jurisconsulte Abou Hamed Al-Ghazzali (12ème Siècle) , dans son livre " Revivification des sciences religieuses", en traitant du thème de l'Amour Divin" ; selon ce texte le prophète David demande à Dieu : " Seigneur , montre-moi tes Bien Aimés ! Dieu répondit: "ô David , va au Mont Liban ; tu y trouveras quatorze notables , des jeunes et des moins jeunes; Si tu te rends chez eux , salue-les de ma part, et dis leur : que demandez-vous? Car vous êtes mes amis , mes vrais amis et serviteurs. Je me réjouis  pour votre joie ....." . Après avoir re. Contré le groupe des "Bien Aimés  de Dieu" qui étaient en train de prier près d'un point d'eau, et après leur avoir expliqué sa mission,  David note la réponse de chacun des  quatorze notables libanais. Tous s'accordent pour ne solliciter que la Miséricorde divine à leurs égards , et la grâce de demeurer fidèles à Dieu. Aussitôt Dieu révèle à David que la prière des notables du Mont Liban fut exaucée. Et David de demander à Dieu : A quoi revient cette grâce divine envers les dits notables ? Le Seigneur répond: C'est à cause de leur bonne foi , leur désaffection pour les affaires du monde, et leur prédilection pour les  choses divines au-dessus de  tout autre chose. 




Pour conclure: Le projet " Sur les pas du Christ au Sud Liban" aura intérêt à tenir compte de toutes ces données patrimoniales , promouvoir et synchroniser tous les efforts et initiatives déployés, dans cette perspective , sur tous les plans, tant académiques qu' archéologiques, touristiques , culturels ou sociaux , aux fins de sa globale réalisation .

Le projet " Sur les pas du Christ au Sud-  Liban" pourra contribuer, au mieux,  à l'illustration d'un Liban , considéré non seulement en tant que Message intercommunautaire de démocratie et de paix , mais aussi un message spirituel universel , en vue d' un retour aux sources du Message chrétien lui- même,  pour le bien de  la chrétienté et de l'humanité tout entière.