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lundi 6 février 2012

Table des matières de Guillaume de Tyr

Somme historiographique de Guillaume de Tyr:
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/guillaumedetyr/table.htm

Guillaume de Tyr ,identite et rapport avec la croisade

Guillaume de Tyr ,identite et rapport avec la croisade
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1. Marin, dans son Histoire de Saladin, et plusieurs autres auteurs ont prétendu que Guillaume, venu en Europe pour prêcher la croisade, n'était point celui qui a écrit l'histoire du royaume de Jérusalem. Cette assertion n'est fondée que sur un passage assez obscur du continuateur de cet historien. Voyez ce que nous en ayons dit dans l'extrait de Guillaume de Tyr (Bibliothèque des Croisades, t, I).
Le continuateur de Baronius disserte sur l'époque de la mort de Guillaume, et ne trouve rien de certain à cet égard. Cependant son commentateur Mansi croit que cette mort dut arriver avant 1193, puisqu'au commencement de cette année, Jocsius occupait le siège de Tyr, et qu'en qualité de chancelier royal, Il souscrivit une charte d'Henri de Troyes, comte palatin, en faveur de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem. L'auteur de l'Orient christianus n'a point éclairci les doutes des gens éclairés ; mais il parait porté à croire que Guillaume mourut en 1191.
2. Les pièces sont rapportées par Baronius à l'année 1188.
Sources : Joseph-François Michaud - Histoire des Croisades. Dezorby, E. Magdeleine et Cie Editeurs.1841
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http://www.templiers.net/croisades-michaud/index.php?
page=3_guillaume-de-tyr-preche-la-croisade-en-france
Guillaume, archevêque de Tyr (1), avait quitté l'Orient pour venir en Europe solliciter les secours des princes chrétiens ; il fut chargé par le pape de prêcher la guerre sainte. Guillaume était plus habile, plus éloquent qu'Héraclius, qui l'avait précédé dans cette mission, et surtout plus digne, par ses vertus, d'être l'interprète des chrétiens et de parler au nom de Jésus-Christ. Après avoir enflammé le zèle des peuples d'Italie, il se rendit en France, et se trouva dans une assemblée convoquée près de Gisors
par Henri II, roi d'Angleterre, et le roi de France, Philippe-Auguste. A l'arrivée de Guillaume de Tyr, ces deux rois, qui se faisaient la guerre pour le Vexin, avaient déposé les armes ; les plus braves guerriers de la France et de l'Angleterre, réunis par les périls de leurs frères d'Orient, s'étaient rendus à l'assemblée où l'on devait s'occuper de la délivrance des saints lieux. Guillaume y fut accueilli avec enthousiasme, et lut, à haute voix, devant les princes et les chevaliers, une relation des derniers désastres de Jérusalem. Après cette lecture, qui arracha des larmes à tous les assistants, le pieux envoyé exhorta les fidèles à prendre la croix.
« La montagne de Sion, leur dit-il, retentit encore de ces paroles d'Ezéchiel : O fils des hommes, ressouvenez-vous de ce jour ou le roi de Babylone a triomphé de Jérusalem ! Dans un seul jour est arrivé tout ce que les prophètes ont annoncé de malheur à la ville de Salomon et de David. Cette cité, naguère remplie de peuples chrétiens, est restée seule, ou plutôt elle n'est plus habitée que par un peuple sacrilège. La souveraine des nations, la capitale de tant de provinces a payé le tribut imposé aux esclaves. Ses portes ont été brisées et ses gardiens exposés avec les vils troupeaux dans les marchés des villes infidèles. Les états chrétiens d'Orient qui faisaient fleurir la religion de la croix en Asie et devaient défendre l'Occident de l'invasion des Sarrasins, sont réduits à la ville de Tyr, à celles d'Antioche et de Tripoli. Nous avons vu, selon l'expression d'Isaïe, le Seigneur étendant sa main et ses plaies depuis l'Euphrate jusqu'au torrent de l'Egypte. Les habitants de quarante cités ont été chassés de leurs demeures ; dépouillés de leurs biens, ils errent, avec leurs familles éplorées, parmi les peuplés de l'Asie, sans trouver une pierre où reposer leurs têtes. »
Après avoir retracé ainsi les malheurs des chrétiens d'Orient, Guillaume reprocha aux guerriers qui l'écoutaient de n'avoir point secouru leurs frères, d'avoir laissé ravir l'héritage de Jésus-Christ. II s'étonnait qu'on pût avoir une autre pensée, qu'on pût chercher une autre gloire que celle de délivrer les saints lieux ; et, s'adressant aux princes et aux chevaliers : « Pour arriver jusqu'à vous, leur dit-il, j'ai traversé les champs du carnage ; à la porte même de cette assemblée, j'ai vu se déployer l'appareil de la guerre. Quel sang allez-vous répandre ?
Pourquoi ces glaives dont vous êtes armés ?
Vous vous battez ici pour la rive d'un fleuve, pour les limites d'une province, pour une renommée passagère, tandis que les infidèles foulent les rives du Siloé, qu'ils envahissent le royaume de Dieu, et que la croix de Jésus-Christ est traînée ignominieusement dans les rues de Bagdad !
Vous versez des flots de sang pour de vains traités, tandis qu'on outrage l'évangile, ce traité solennel entre Dieu et les hommes !
Avez-vous oublié ce qu'ont fait vos pères ?
Un royaume chrétien a été fondé par eux au milieu des nations musulmanes. Une foule de héros, une foule de princes nés dans votre patrie, sont venus le défendre et le gouverner. Si vous avez laissé périr leur ouvrage, venez du moins délivrer leurs tombeaux qui sont au pouvoir des Sarrasins. Votre Europe ne produit-elle donc plus des guerriers comme Godefroy, Tancrède et leurs compagnons ?
Les prophètes et les saints ensevelis à Jérusalem, les églises changées en mosquées, les pierres même des sépulcres, tout vous crie de venger la gloire du Seigneur et la mort de vos frères. Eh quoi ! le sang de Naboth , le sang d'Abel, qui s'est élevé vers le ciel, a trouvé un vengeur, et le sang de Jésus-Christ s'élèverait en vain contre ses ennemis et ses bourreaux !
L'Orient a vu de lâches chrétiens que l'avarice et la crainte avaient rendus les alliés de Saladin : sans doute ils ne trouveront point d'imitateurs parmi vous ; mais rappelez-vous que Jésus-Christ a dit : Celui qui n'est pas pour moi est contre moi. Si vous ne servez point la cause de Dieu, quelle cause oserez-vous défendre ?
Si le roi du ciel et de la terre ne vous trouve point sous ses drapeaux, où sont les puissances dont vous suivrez les étendards ?
Pourquoi donc les ennemis de Dieu ne sont-ils plus les ennemis de tous les chrétiens ?
Quelle sera la joie des Sarrasins au milieu de leurs triomphes impies, lorsqu'on leur dira que l'Occident n'a plus de guerriers fidèles à Jésus-Christ et que les princes et les rois de l'Europe ont appris avec indifférence les désastres et la captivité de Jérusalem ! »
Ces reproches, faits au nom de la religion, touchèrent vivement le coeur des princes et des chevaliers. D'après le chroniqueur Benoît de Peterborough, Guillaume de Tyr prêcha d'une manière si admirable, qu'il les détermina tous à prendre la croix et que ceux qui étaient ennemis dévinrent amis. Henri II et Philippe-Auguste s'embrassèrent en pleurant et se présentèrent les premiers pour recevoir la croix. Richard, fils de Henri et duc de Guyenne ; Philippe, comte de Flandre ; Hugues, duc de Bourgogne ; Henri, comte de Champagne ; Thibaut, comte de Blois ; Rotrou, comte du Perche ; les comtes de Soissons, de Nevers, de Bar, de Vendôme ; les deux frères Josselin et Mathieu de Montmorenti, une foule de barons et de chevaliers, plusieurs évêques et archevêques de France et d'Angleterre, firent le serment de délivrer la terre sainte. L'assemblée entière répéta ces mots : la croix la croix ! Et ce cri de guerre retentit dans toutes les provinces.
Le lieu où les fidèles s'étaient réunis fut appelé le « Champ sacré. » On y fit bâtir une église pour conserver le souvenir du pieux dévouement des chevaliers chrétiens. Bientôt toute la France et tous les pays voisins furent animés du vif enthousiasme que l'éloquence de Guillaume de Tyr avait fait naître dans l'assemblée des barons et des princes. L'église ordonna des prières pour le succès de la croisade. Chaque jour de la semaine on récitait à l'office divin des psaumes qui rappelaient la gloire et les malheurs de Jérusalem. A la fin de l'office, les assistants répétaient en choeur ces paroles : « O Dieu tout-puissant ! Qui tiens dans tes mains le sort des empires, daigne jeter un regard de miséricorde sur les armées chrétiennes, afin que les nations infidèles qui se reposent dans leur orgueil et leur vaine gloire, soient abattues par la force de ton bras » (2). En priant ainsi, les guerriers chrétiens sentaient leur courage se ranimer, et juraient de prendre les armes contre les musulmans.
Sources : Joseph-François Michaud - Histoire des Croisades. Dezorby, E. Magdeleine et Cie Editeurs. 1841
Notes
1. Marin, dans son Histoire de Saladin, et plusieurs autres auteurs ont prétendu que Guillaume, venu en Europe pour prêcher la croisade, n'était point celui qui a écrit l'histoire du royaume de Jérusalem. Cette assertion n'est fondée que sur un passage assez obscur du continuateur de cet historien. Voyez ce que nous en ayons dit dans l'extrait de Guillaume de Tyr (Bibliothèque des Croisades, t, I).
Le continuateur de Baronius disserte sur l'époque de la mort de Guillaume, et ne trouve rien de certain à cet égard. Cependant son commentateur Mansi croit que cette mort dut arriver avant 1193, puisqu'au commencement de cette année, Jocsius occupait le siège de Tyr, et qu'en qualité de chancelier royal, Il souscrivit une charte d'Henri de Troyes, comte palatin, en faveur de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem. L'auteur de l'Orient christianus n'a point éclairci les doutes des gens éclairés ; mais il parait porté à croire que Guillaume mourut en 1191.







Guillaume de Tyr

Guilaume de Tyr

http://www.kobayat.org/data/documents/crusades/guillaume_de_tyr/notice.htm


NOTICE SUR Guillaume de Tyr ARCHEVÊQUE DE TYR

L'EUROPE toute entière a pris part aux Croisades ; mais c'est à l'histoire de France bien plus qu'à toute autre que se rattache celle de ces grandes expéditions. Un pèlerin français, Pierre l'ermite, a prêché la première Croisade; c'est en France, au concile de Clermont, qu'elle a été résolue; un prince dont le nom est demeuré français, Godefroi de Bouillon, l'a commandée; le royaume de Jérusalem a parlé la langue de nos pères; les Orientaux ont donné à tous les européens le nom de Francs; pendant deux siècles, la conquête ou la défense de la Terre-Sainte se lie étroitement à tous les sentiments, à toutes les idées, à toutes les vicissitudes de notre patrie; un roi de France, Saint-Louis, est le dernier qui ait rempli l'Orient de sa gloire. Enfin, parmi les historiens des Croisades, la plupart et les plus illustres, Jacques de Vitry, Albert d'Aix, Foulcher de Chartres, Guibert de Nogent, Raoul de Caen, Ville-Hardouin, Joinville et tant d'autres sont des Français.

Quelques savants ont soutenu que Guillaume de Tyr l'était également; d'autres ont revendiqué pour l'Allemagne l'honneur de lui avoir donné naissance. L'une et l'autre prétention paraissent mal fondées. En plusieurs endroits de son livre, notamment dans sa préface, Guillaume parle de la Terre Sainte comme de sa patrie; Hugues de Plagon[1], son continuateur, le fait naître à Jérusalem, et Etienne de Lusignan, dans son Histoire de Chypre, le dit parent des rois de Palestine. On s'est étonné à tort de ces incertitudes et du silence des chrétiens d'Orient sur l'origine et la vie du prince de leurs historiens. C'est à des temps de loisir et de paix qu'il appartient de recueillir avec soin de tels détails et de veiller à la mémoire d'un écrivain. Presque étrangers dans leur nouvelle patrie, assiégés dans leur royaume comme des bourgeois dans les murs de leur ville, sans cesse en proie aux plus cruelles souffrances et à des périls croissants, les chrétiens d'Orient ne pensèrent jamais qu'à se recruter et se défendre; la vie de ce peuple, la durée de cet Empire fut un long accès de dévotion et de gloire; l'accès passé, l'Empire tomba, le peuple lui-même périt; et tant qu'il vécut, toute sécurité dans le présent, toute confiance dans l'avenir lui fut inconnue. Une société ainsi violente et transitoire peut avoir ses historiens ; les grandes choses n'en manquent jamais; mais l'historien lui-même est sans importance aux yeux de ceux qui l'entourent, et nul ne songe à conserver des souvenirs qui n'intéressent que lui.

Aussi est-ce uniquement de Guillaume de Tyr lui-même que nous recevons quelques renseignements sur sa vie; il les a semés dans son ouvrage, sans dessein et par occasion, pour indiquer comment il a été informé des événements qu'il raconte. Nous y voyons qu'il était enfant, vers l'an 1140, et qu'en 1162, au moment du divorce du roi Amaury et d'Agnès d'Édesse, il étudiait les lettres en Occident, probablement à Paris. De retour à Jérusalem, il obtint la faveur d'Amaury, et dut à sa protection, en 1167, l'archidiaconat de la métropole de Tyr. Mais, en l'élevant aux dignités ecclésiastiques, le roi n'avait point l'intention de se priver de son secours dans les affaires civiles. Dans le cours de la même année, il l'envoya en ambassade à Constantinople, auprès de l'empereur Manuel Comnène, pour conclure avec ce prince l'alliance qu'il avait lui-même proposée à Amaury contre le sultan d'Égypte. Après s'être acquitté de cette mission, Guillaume, se livrant aux devoirs de son archidiaconat, eut quelques différends avec Frédéric, archevêque de Tyr, et se rendit à Rome, en 1169, pour les faire juger. Ce fut à son retour de Rome que le roi Amaury lui confia l'éducation de son fils Baudouin, alors âgé de neuf ans[2]. Ce prince étant monté sur le trône à la mort de son père, en 1173, le crédit de Guillaume devint plus grand encore; dans le cours de cette même année, il fut nommé chancelier du royaume, à la place de Rodolphe évêque de Bethléem, et au mois de mai 1174, les suffrages du clergé et du peuple l'élevèrent, avec l'assentiment du roi, a l'archevêché de Tyr[3].

On verra, dans son histoire même, quelle part importante il prit dès lors aux affaires publiques, et avec quelle fermeté il défendit le pouvoir du roi son élève contre d'ambitieux rivaux. En 1178, il s'éloigna de la Terre-Sainte pour aller à Rome assister au troisième concile de Latran: " Si quelqu'un, dit-il, veut connaître les statuts de ce concile, les noms, le nombre et les titres des évêques qui y ont assisté, qu'il lise l'écrit que nous en avons soigneusement rédigé, à la demande des Saints-Pères qui s'y trouvaient présents, et que nous avons fait déposer dans les archives de la sainte église de Tyr, parmi les autres livres que nous y avons apportés". Le concile fini, il se mit en route pour la Palestine, avec le comte Henri de Champagne qui s'y rendait suivi d'un nombreux cortège de chevaliers. Mais à Brindes, Guillaume s'en sépara et passa à Constantinople pour y traiter, avec l'empereur Manuel, les affaires, soit du royaume de Jérusalem, soit de sa propre église. Il y demeura sept mois et son séjour fut grandement utile, dit-il, aux intérêts dont il était chargé. De retour en Syrie, il s'acquitta, tant auprès du roi que du patriarche de Jérusalem, de diverses missions qu'il avait reçues de l'empereur, et rentra à Tyr après vingt-deux mois d'absence.

Ici Guillaume cesse de nous fournir aucun renseignement sur sa vie; son histoire s'arrête en 1183, et, à partir de cette époque, les faits épars que nous recueillons d'ailleurs sur ce qui le concerne sont pleins de contradictions et d'incertitudes. D'après l'un de ses continuateurs dont nous publierons l'ouvrage à la suite du sien, il eut de violents débats avec le patriarche de Jérusalem, Héraclius, dont il avait combattu l'élection et refusait de reconnaître l'autorité. Guillaume se rendit à Rome pour faire juger sa querelle, et il y fut si bien accueilli du pape et des cardinaux qu'Héraclius, craignant que son rival n'obtint sa déposition, envoya secrètement à Rome un de ses médecins avec ordre de l'empoisonner, ce qu'il exécuta. Ce fait, s'il était vrai, ne pourrait guère être placé plus tard que vers l'an 1184; or, on trouve, en 1188, Guillaume, archevêque de Tyr, prêchant la Croisade aux rois de France et d'Angleterre, Philippe-Auguste et Richard Cœur-­de-Lion, sous le fameux ormeau dit de la conférence, entre Gisors et Trie. Tout porte à croire que ce Guillaume est le même que notre historien, et qu'après la prise de Jérusalem par Saladin, il avait passé les mers pour solliciter les secours des princes d'Occident. C'est là, du reste, la dernière trace qu'on rencontre de son existence. Quelques savants ont prétendu qu'il mourut octogénaire à Tyr, en 1219. Mais leur opinion est victorieusement repoussée par une charte de l'an 1193 qui nous apprend qu'un autre prélat occupait alors le siège de Tyr. Guillaume était donc mort à cette époque. Nous n'avons aucune autre donnée qui détermine avec plus de précision le terme de sa vie et nous fasse connaître ses derniers travaux.

Il avait écrit, nous dit-il lui-même, deux grands ouvrages, entrepris l'un et l'autre à la sollicitation du roi Amaury qui avait fourni à l'historien tous les secours dont il avait pu disposer. Le premier comprenait l'histoire des Arabes, depuis la venue de Mahomet jusqu'en 1184[4]; livre précieux sans doute, puisque Guillaume avait eu connaissance d'un grand nombre de manuscrits arabes qu'il ne nomme point, mais où il avait dû puiser des renseignements importants. Soit que cet ouvrage ait été perdu, soit qu'il existe encore ignoré dans la poussière de quelque grande bibliothèque, il n'a jamais été publié. Le second est l'histoire des Croisades depuis le temps des successeurs de Mahomet jusqu'à l'an 1183, dont nous donnons ici la traduction. Il est divisé en 23 livres. Dans les quinze premiers qui vont jusqu'en 1142, l'historien raconte des événements qu'il n'avait point vus, mais sur lesquels il avait recueilli les traditions les plus circonstanciées et les plus exactes. Les huit derniers renferment l'histoire de son propre temps.

Il est difficile de déterminer avec précision à quelle époque Guillaume entreprit ce grand travail. On peut conjecturer cependant que ce fut vers l'an 1169, au moment où le roi Amaury lui confia l'éducation de son fils. Il suspendit et reprit deux fois son ouvrage, interrompu sans doute par les missions dont il fut chargé, soit à Constantinople, soit en Occident. Arrivé à l'époque ou le royaume de Jérusalem penchait vers sa ruine, où chaque événement lui portait un coup qui semblait et qui présageait en effet le coup mortel, une profonde tristesse s'empara de l'historien, et il l'exprime, en commençant son vingt-troisième livre, avec un amer pressentiment de maux plus grands encore que ceux dont il se prépare à parler. Soit que cette tristesse ou des circonstances extérieures l'aient empêché de continuer, le vingt-troisième livre s'arrête au premier chapitre, et l'archevêque de Tyr, qui eut la douleur de voir Jérusalem retomber aux mains des infidèles, s'épargna du moins celle de le raconter.

C'est avec raison qu'on s'est accordé à lui donner le titre de Prince des historiens des Croisades. Nul n'a décrit avec plus de détails et de vérité, d'une façon à la fois plus simple, plus grave et plus sensée, ces brillantes expéditions, les mœurs des Croisés, les vicissitudes de leur sort, tous les incidents de cette grande aventure. Chrétien sincère et partageant du fond du cœur les croyances et les sentiments qui avaient poussé les Chrétiens à la conquête de la Terre-Sainte, Guillaume raconte leurs triomphes ou leurs revers avec une joie ou une tristesse patriotique; et assez éclairé cependant pour ne point s'abuser sur la marche des événements, il ne dissimule ni les vices ni les fautes des hommes, et les expose avec sincérité, sans jamais croire que la sainteté de la cause chrétienne en soit altérée, en sorte qu'on trouve à la fois dans son livre une conviction ferme et un jugement qui ne manque ni d'impartialité ni de droiture. Son érudition historique et géographique, quoique fort défectueuse, est supérieure a celle des autres écrivains de la même époque; sa crédulité est moins absolue; on reconnaît aisément qu'il n'a pas, comme tant d'autres, passé en pèlerin sur les lieux où les événements se sont accomplis, qu'il a recueilli des récits divers, et juge les faits après avoir assisté à leurs conséquences. On peut dire enfin de lui que, de son temps, nul n'a fait aussi bien, et que son livre est encore, pour nous, celui où l'histoire des Croisades se fait lire avec le plus d'intérêt et de fruit.

Il fut publié, pour la première fois, à Bâle, en 1549, in-folio, par Philibert Poyssenot de Dôle. Henri Pantaléon en donna une nouvelle édition dans la même ville en 1564, et y joignit l'un des continuateurs de Guillaume, Hérold, dont nous parlerons ailleurs. Enfin, Bongars, après en avoir revu le texte sur plusieurs manuscrits, l'inséra dans le tome 2 de ses gesta Dei per Francos. C'est sur cette édition qu'a été faite la traduction que nous publions aujourd'hui.

En 1573, Gabriel Dupréau en donna à Paris une version française, sous le titre de Franciade orientale; mais cette version, pleine, de fautes et maintenant illisible, n'a jamais obtenu ni mérité aucune estime. Nous avons joint à la notre un assez grand nombre de notes, géographiques surtout, pour faire connaître la position et le nom actuel des principaux lieux dont Guillaume de Tyr fait mention. C'est la partie la plus obscure de l'histoire des Croisades, et malgré nos recherches, nous regrettons de n'avoir pu résoudre toutes les difficultés.

Nous avons laissé subsister dans le texte les noms orientaux tels que les a écrits l'historien, mais en ayant soin d'indiquer dans de courtes notes, autant du moins que nous l'avons pu et que le permet l'incertitude de l'orthographe, les noms véritables. Nous avons également relevé les principales erreurs de chronologie et d'histoire, non dans le dessein de rectifier pleinement les inexactitudes du récit de Guillaume de Tyr, mail pour faire disparaître les lacunes et les méprises qui en rendraient l'intelligence difficile au lecteur.

La bibliothèque du roi possède un beau manuscrit de Guillaume de Tyr, et dix-huit exemplaires d'une version française qui mérite d'être consultée. Il en existe également deux traductions italiennes, l'une de Joseph Horologgi, publiée à Venise, in-4°., en 1562; l'autre de Thomas Baglioni, publiée aussi à Venise, in-4°., en 1610, et inférieure, dit-on, à la précédente. Nous regrettons de n'avoir pu nous les procurer.

F. G.

[1] C'est le nom que lui donne Meusel dans sa Bibliotheca historica, tom. 2, part. 2, pag. 294. Selon d'autres, c'est Bernard le trésorier. Nous en parlerons en publiant son ouvrage, ainsi que de Jean Hérold, autre continuateur de Guillaume de Tyr.
[2] Dans la Biographie universelle, à l'article Guillaume de Tyr, article rédigé d'ailleurs avec beaucoup d'exactitude et de soin, M. Michaud rapporte à l'an 1167 l'élévation de Guillaume aux fonctions de gouverneur du prince Baudouin. Il ne peut les avoir reçues qu'en 1169, car Baudouin était né en 1160, et Guillaume dit lui-même (liv. 21 ) qu'il avait neuf ans lorsqu'il lui fut confié. On voit d'ailleurs que, de 1167 à 1169, Guillaume fit plusieurs voyages à Constantinople et à Rome, voyages qu'il n'eut guère pu concilier avec l'éducation du jeune prince.

Guillaume de Tyr, histoire

GUILLAUME DE TYR, Histoire des CROISADES
source:kobayat website
http://www.kobayat.org/data/documents/crusades/guillaume_de_tyr/notice.htm

COLLECTION DES MÉMOIRES RELATIVES A L'HISTOIRE DE FRANCE Depuis la fondation de la Monarchie Française jusqu'au 13e siècle; avec une introduction, des suppléments, des notices et des notes;
PAR M. GUIZOT,
Professeur d'HISTOIRE MODERNE à l'Académie de PARIS.

A PARIS,
CHEZ J.-L.-J. BRIERE, LIBRAIRE,
RUE SAINT-ANDRE-DES-ARTS, No. 68.
IMPRIMERIE DE A. BELIN 1824

HISTOIRE DES FAITS ET GESTES

DANS LES REGIONS D'OUTRE-MER,
DEPUIS LE TEMPS DES SUCCESSEURS DE MAHOMET
JUSQU'A L'AN 1184 DE JÉSUS-CHRIST

Par GUILLAUME DE TYR

الحروب الصليبية
بقلم اسقف صور
المؤرخ غليوم الصوري
طبعة 1824 باريس

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TABLE DES MATIERES

Tome I
Notice sur Guillaume de Tyr

Préface de Guillaume de Tyr

LIVRE 1 Années 1095-1096
Etat de la Terre Sainte sous le joug des Infidèles. - Traitements que subissaient les pèlerins. - Séjour de Pierre l'ermite à Jérusalem. - Prédication de la Croisade. - Concile de Clermont. - Départ des premiers Croisés. - Expédition de Gautier sans avoir, - de Pierre l'ermite, - de Gottschalk. - Leurs désastres en Hongrie et dans l'Asie mineure.

LIVRE 2 Année 1096
Départ des Croisés sous les ordres de Godefroi, duc de Lorraine. - Arrivée Successive des divers corps à Constantinople. - Leurs débats avec l'empereur Alexis Comnène. - Les Croisés passent l'Hellespont et entrent dans l'Asie mineure.

LIVRE 3
Siège et prise de Nicée. - Bataille de Dorylée. - Marche des Croisés dans l'Asie mineure. - Querelles de Tancrède et de Baudouin.

LIVRE 4
Occupation d'Édesse par Baudouin. - Arrivée de la grande armée des Croisés devant Antioche. - Siège d'Antioche. - Famine et souffrances des Croisés.

LIVRE 5
Combats autour d'Antioche. - Intelligences de Bohémond dans l'intérieur de la ville. - Prise d'Antioche.

LIVRE 6 Année 1098
Arrivée de l'armée turque au secours d'Antioche. - Les Croisés sont assiégés à leur tour. - Famine dans l'intérieur de la place. - Abattement des Croisés. - Découverte de la lance merveilleuse. - Sortie des Croisés. - Défaite et déroute des assiégeants.

LIVRE 7 Année 1099
Expéditions des Croisés aux environs d'Antioche. - Voyage de Godefroi de Bouillon à Édesse chez son frère Baudouin. - Querelles de Bohémond et de Raimond, comte de Toulouse. - Marche des Croisés en Palestine. - Prise de plusieurs villes. - Arrivée des Croisés devant Jérusalem.

LIVRE 8 Années 1098 -1099
Description de Jérusalem. - Les Croisés assiège la ville. - Leurs souffrances. - Progrès du siège. - Assauts successifs. - Prise de Jérusalem. - Massacre des Infidèles.

Tome II
LIVRE 9 Années 1099 -1100
Godefroi de Bouillon est élu roi de Jérusalem. - Détails sur son origine et son histoire avant la croisade. - Attaque du calife d'Égypte contre le nouveau royaume. - Victoire des Chrétiens. - Départ de quelques-uns des princes croisés pour l'Europe. - Élection du patriarche de Jérusalem. - Querelles entre le patriarche et le roi. - Mort de Godefroi.

LIVRE 10 Années 1100 -1104
Élévation de Baudouin, comte d'Édesse, au trône de Jérusalem. - Arrivée de nouveaux Croisés. - Prise d'Antipatris, Césarée et autres villes. - Nouvelle guerre avec les Égyptiens. - Défaite des Chrétiens. - Querelles de Baudouin et du patriarche Daimbert. - Conquêtes et échecs des Chrétiens en Mésopotamie.

LIVRE 11 Année 1104 -1117
Voyage de Bohémond en Europe; il confie le gouvernement d'Antioche à Tancrède. - Mort de Raimond, comte do Toulouse. - Nouvelle guerre avec les Égyptiens. - Mort do Bohémond dans la Pouille. - Prise de Tripoli et de Béryte. - Mort de Tancrède. - Construction des forts de Toron et do Mont-Réal. - Expédition de Baudouin en Égypte. - Sa mort.

LIVRE 12 Années 1118 -1124
Baudouin du Bourg est élu roi. - Mort d'Alexis Comnène. - Institution de l'ordre des Chevaliers du Temple. - Guerre des Chrétiens contre les divers soudans turcs dont ils sont environnés. - Le roi Baudouin est fait prisonnier. - Arrivée d'une flotte de Vénitiens en Palestine.

LIVRE 13 Années 1125 -1131
Description et siège de Tyr. - Tentatives des habitants d'Ascalon contre Jérusalem. - Prise de Tyr. - Baudouin 2 recouvre sa liberté. - Foulques, comte d'Anjou, arrive en Palestine. Baudouin lui donne en mariage sa file Mélisende. - Histoire de la principauté d'Antioche. - Mort de Baudouin 2.

LIVRE 14 Années 1131 -1137
Foulques d'Anjou monte sur le trône. - Son intervention dans les affaires de la principauté d'Antioche. - Querelles intérieures des Chrétiens. - Leurs guerres avec Sanguin (Zenghi), sultan d'Alep. - Raimond de Poitou arrive à Antioche et épouse Constance, fille de Bohémond 1. - Expédition de l'empereur Jean Comnène en Syrie. - Il assiège Antioche. - Pacification.

LIVRE 15 Années 1138 -1141
Histoire de la principauté d'Antioche. - Querelles du prince Raimond avec le patriarche de cette ville. - Élévation de Manuel Comnène à l'empire d'Orient. - Mort du roi Foulques.

LIVRE 16 Années 1144 -1148
Avènement de Baudouin 3. - Mort de Sanguin; son fils Noradin lui succède. - Expédition des Chrétiens pour s'emparer de Bosra. - Croisade de l'empereur Conrad et de Louis-le-Jeune. - Son mauvais succès. - Arrivée des deux rois en Palestine.

Tome III

LIVRE 17 Années 1146 -1153
Assemblée d'Accon (S. Jean d'Acre). - Siège de Damas par Baudouin 3, Conrad et Louis-Ie-Jeune réunis. - Mauvais succès de cette expédition. - Départ de Conrad. - Brouillerie du roi Baudouin avec sa mère Mélisende. - Guerres continuelles des Chrétiens contre Noradin. - Cession du comté d'Édesse à l'empereur Manuel Comnène. - Siège et prise d'Ascalon par les Chrétiens.

LIVRE 18 Années 1154 -1162
Querelles de Renaud de Châtillon, prince d'Antioche, avec le patriarche de cette ville. - Origine et ambition des chevaliers de l'Hôpital. - Troubles civils de l'Égypte. - Continuation des guerres contre Noradin. - Mort de Baudouin 3 à Béryte.

LIVRE 19 Années 1163 -1166
Élévation d'Amaury, frère de Baudouin 3, au trône de Jérusalem. - Caractère de ce prince. - Ses conversations avec Guillaume de Tyr. - Expéditions d'Amaury en Égypte. Histoire de Syracon (Chyrkouh), lieutenant de Noradin et oncle de Saladin. - Ambassade des Chrétiens au calife d'Égypte. - Description du palais du Caire. - Nouvelle expédition des Chrétiens en Égypte. - Siège et prise d'Alexandrie.

LIVRE 20 Années 1167 -1173
Nouvelle expédition en Égypte. - Élévation de Saladin. - Tremblement de terre en Syrie. - Les Assissins ou Ismaéliens; Leur origine et leurs moeurs. - Mort de Noradin. - Mort du roi Amaury.

LIVRE 21 Années 1173 -1179
Avènement de Baudouin 4, ou Le Lépreux. - Il avait été élevé par Guillaume de Tyr. - Histoire du comte de Tripoli. - Conquêtes progressives de Saladin sur les Chrétiens. - Alliance des Grecs et des Chrétiens de Jérusalem pour envahir l'Égypte. - Elle demeure sans résultat.

LIVRE 22 Années 1179 - 1183
Fâcheux état du royaume de Jérusalem. - Guillaume de Tyr revient de Constantinople où il avait été envoyé en ambassade. - Troubles de l'empire grec. - Brillante expédition de Saladin en Mésopotamie. - Imposition extraordinaire établie pour la défense du royaume. - La maladie du Roi croissant toujours, Gui de Lusignan est nommé régent. - La régence lui est retirée. - Couronnement de Baudouin 5 encore enfant.

LIVRE 23
Douleur de l'historien à la vue des désastres de son pays. - Animosité du roi Baudouin 4 contre le comte de Joppé. - La régence du royaume est donnée au comte de Tripoli. - Fin de l'ouvrage de Guillaume de Tyr.

Continuation de l'Histoire des Croisades de Guillaume de Tyr, par Bernard Le Trésorier.

dimanche 5 février 2012

Guillaume de Tyr : Histoire des Croisades : livre XVIII (bilingue)

http://remacle.org/bloodwolf/historiens/guillaumedetyr/table.htm


http://remacle.org/bloodwolf/historiens/guillaumedetyr/croisade19a.htm

Guillaume de Tyr : Histoire des Croisades : livre XI (bilingue)

http://remacle.org/bloodwolf/historiens/guillaumedetyr/croisade11.htm

Tyr,hippodrome romain, bains,basilique des croises

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L'un des plus grands hippodromes de l'époque romaine a été mis au jour à Tyr.Construit au cours du 2e siècle de notre ère, il fut recouvert avec le temps, par six mètres de sable apporté par les vents.Cet hippodrome, conçu pour les courses de chars, en forme de U ou d'épingle à cheveux, pouvait contenir plus de vingt mille spectateurs.

Un axe spinal, marqué à ses extrémités par des bornes de pierre (metae) , divisait le parcours en deux voies.La course consistait à accomplir sept fois le parcours.Le moment le plus dangereux était celui où les chars couraient à toute vitesse autour des metae pour repartir en sens inverse : c'est là que des accidents spectaculaires avaient souvent lieu.
La Tyr romaine est ainsi préservée pour que les générations actuelles et futures puissent la voir et l'admirer.