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mercredi 8 février 2012
La grotte Asi-l-Hadath : plongée dans les vestiges maronites du Moyen Âge.
La grotte Asi-l-Hadath : plongée dans les vestiges maronites du Moyen Âge.
lundi 6 février 2012
Table des matières de Guillaume de Tyr
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/guillaumedetyr/table.htm
Chateau de Saida - Sajette:
http://www.templiers.net/orient-latin/index.php?page=Rey-Chateau-de-Sajette
Durant la dernière période des croisades, plusieurs châteaux furent élevés dans des positions qui leur permettaient de commander des mouillages et de fournir des points de débarquement assurés aux secours qu'on attendait d'Europe. Leur assiette fut généralement choisie, soit sur des îlots voisins du rivage, soit sur des promontoires qu'une coupure remplie par la mer isolait facilement de la terre ferme; de telle sorte que ces forteresses, n'ayant rien à craindre de la mine et peu de l'escalade, étaient, pour ce temps, presque inexpugnables. En outre, il était toujours possible de secourir ou de ravitailler par mer la garnison de ces châteaux.
Pendant toute la durée de l'existence des colonies chrétiennes en Syrie, nous trouvons l'ancienne Sidon désignée sous le nom de Sajette. Malheureusement il reste bien peu de chose des édifices élevés par les Francs durant les deux siècles qu'ils tinrent cette ville en leur pouvoir.
La partie des fortifications de Saïda, nommée le Kakat-el-Bahar, ou château de la Mer, est le seul ouvrage que nous puissions considérer avec certitude comme un monument contemporain de la Sajette des croisades ; encore ce château ne date-t-il que du commencement du XIIIe siècle. Il fut construit dans le cours de l'hiver de 1227 à 1228, sur un rocher isolé dans la mer, que l'on munit d'un revêtement de maçonnerie. Une muraille reliant deux tours en constituait le principal ouvrage.
Un grand nombre de croisés venus des divers pays de la chrétienté, et parmi lesquels on comptait beaucoup d'Anglais, se trouvaient alors à Acre.
A la nouvelle de l'arrivée en Terre Sainte de Frédéric II, ils résolurent de tenter de reprendre aux musulmans quelques points du littoral en attendant l'empereur d'Allemagne, et sortirent aussitôt d'Acre. Ils s'acheminèrent vers les ruines de Sidon. Là se trouvait formé de deux lignes de récifs, complétées par des tronçons de jetées, l'antique port phénicien, l'un des plus vastes et des mieux conservés de la côte; il présentait alors une assez grande profondeur d'eau pour offrir un refuge aux navires chrétiens (1). Il fallait donc promptement le mettre en état de défense. Mais il vaut mieux laisser parler les auteurs contemporains : « Ils (les croisés) vinrent à une ille devant le port en la mer, si connurent que la poeent il faire meilleur ovre et plus segure et en po de tems (2). Lors mirent main à laborer et firent deux tors, l'une grant et l'autre moienne, et un pan de mur entre les deux tors. Ils commencèrent à la Saint-Martin et finirent vers la mi-caresme. »
Nous empruntons au continuateur de Guillaume de Tyr les détails suivants, également relatifs aux mêmes faite : « Et firent la chaucié et au pied de la chaucié firent une porte et une tor bien deffensiable. »
Je vais commencer l'examen de ce qui subsiste de la forteresse par l'étude de cette chaussée. Le massif sur lequel s'élevaient la porte et la tour est encore bien conservé. Eloigné de 35 mètres du château, il s'y trouvait relié par un pont de quatre arches dont les trois piles restent debout. Elles sont munies de becs destinés, selon toute apparence, à briser les lames. (Plan XVI)
Le massif « a », placé en tête du pont dont je viens de parler, est à 42 mètres du rivage actuel. Les arches qui le rattachent sont complètement modernes. La mer a-t-elle de ce côté gagné sur la terre, ou bien, au temps de la construction du château, y avait-il une première partie du pont en charpente ? Telle est la question qui vient d'elle-même se poser ici; mais, bien que je penche vers cette dernière conjecture, il me paraîtrait téméraire d'y répondre d'une manière catégorique.
Si je m'étends trop longuement, peut-être, au gré du lecteur, sur l'étude de cette partie du château, c'est qu'elle est le seul spécimen de pont fortifié du moyen âge subsistant encore, à ma connaissance, en Syrie.
Une observation me semble encore devoir ici trouver sa place : elle est relative au peu de largeur du pont, remarque que nous faisons également dans tous les ouvrages analogues élevés en France par les hospitaliers pontifes (3) durant le XIIIe siècle. Le but de ce mode de construction était sans doute de rendre plus facile la défense du passage ou la rupture d'une arche pendant cette époque de guerres continuelles. J'ai pu cependant constater, par les arrachements de voûtes qui se voient encore, que le tablier du pont de Sajette présentait plus de largeur que la passerelle moderne.
Mais il est temps de nous occuper du château. L'îlot dans lequel il s'élève était revêtu sur tout son pourtour d'une escarpe en maçonnerie. Une porte, dont il ne reste plus rien, devait se trouver à l'extrémité du pont. Bien que sur plusieurs points ce mur ait été refait depuis les croisades, la plus grande partie peut être considérée comme remontant au XIIIe siècle. Un saillant arrondi « A », qui se voit sur la face nord, n'a pas été englobé dans les réparations faites par les Turcs, ce qui nous permet d'étudier le système employé dans cette construction pour augmenter l'adhérence des pierres : elles étaient d'assez grand appareil et reliées entre elles par des queues d'aronde probablement en bois, ce que le croquis ci-dessous fera mieux comprendre qu'une plus longue description; il indique aussi la manière dont les pierres des deux extrémités de ce saillant étaient adaptées à la muraille.
Château de Sajette Figure 41 - Sources : Fortifications d'Orient, M. Rey
Dans une construction maritime, ce mode de chaînage était préférable à des crampons de métal qui, s'oxydant à l'humidité et prenant, par suite de cette décomposition, un plus fort volume, auraient eu pour résultat de faire fendre les pierres des assises qu'ils étaient destinés à réunir.
En avant de cette face du château s'étend en « b » un vaste amas de pierres coulées, formant au nord du pont que je viens de décrire un épi destiné à briser les lames quand la mer était agitée.
Vers le sud-ouest, à l'intérieur du port et au pied de ce retranchement, en « G », le rocher a été taillé et a reçu un enrochement de béton, de manière à former un quai de 4 mètres de large, dallé en longues pierres, qui, pour la plupart, sont encore en place et reliées entre elles par des crampons de fer scellés avec du plomb. L'extrémité de ce quai vers la tour « C » a été fort endommagée, ce qui permet de reconnaître que les liens des assises de pierres établies de ce côté, sur le rocher, et que recouvrait jadis le dallage, étaient en bois comme ceux du saillant « A ».
Nous avons donc ici sous les yeux une portion de quai bâtie par les croisés et qui nous est parvenue à peu près intacte.
D'après son mode de construction, il est facile de voir que les Francs de Syrie prirent pour modèle les quais antiques, dont ils durent trouver de nombreux restes dans les villes maritimes de la Terre Sainte.
On reconnaît dans les tours « B » et « C » les ouvrages cités par les textes que j'ai transcrits, et la ligne de bâtiments « D », qui a remplacé la muraille, nous en indique le tracé, tel qu'on peut le suivre par le pointillé dans le plan. Les deux tours sont encore d'une assez grande élévation, bien que celle qui porte la lettre « B » du plan, et qui parait avoir servi de donjon, soit dérasée jusqu'à 8 ou 9 mètres du sol. (Plan XVI)
En « E » se voit l'entrée du réduit, placée sous le commandement de la tour « B » : elle consiste, comme les portes de la ville de Carcassonne, en un passage formant vestibule, muni d'une herse à chacune de ses extrémités. Dans la voûte paraît avoir existé un grand mâchicoulis carré, semblable à celui que nous trouvons au-dessus de la porte de la seconde enceinte du Kalaat-el-Hosn. La porte qui donne accès dans la cour intérieure était surmontée d'un écusson, malheureusement brisé par les soldats turcs peu de jours avant ma visite; il m'a donc été impossible, à mon grand regret, de savoir à quelles armes il était.
La tour « B » est barlongue; elle mesure 27 mètres de long sur 21 de large et est construite en pierres de grand appareil. De nombreux fûts de colonnes antiques sont engagés dans la maçonnerie. La partie inférieure de cet édifice est occupée par deux citernes carrées et établies au-dessus du niveau de la mer. L'entrée de cette tour devait être à une assez grande élévation; car le massif dans lequel avaient été ménagées les citernes a encore, comme je l'ai dit, 8 ou 9 mètres de haut et il formait seulement le soubassement des salles qui durent occuper la partie supérieure de cette défense. (Plan XVI)
En « F » se trouve la base d'un autre ouvrage renfermant également une citerne. Une ligne de constructions modernes s'élève sur l'emplacement de la muraille destinée à relier les deux tours. On en trouve cependant l'annonce à la tour « C », qui défendait le mouillage. Elle est assez bien conservée; mais, comme elle sert de poudrière, il m'a été impossible d'y pénétrer. A son sommet on voit quelques restes des corbeaux qui supportaient autrefois le crénelage et entre lesquels s'ouvraient les mâchicoulis. Plusieurs étaient encore intacts, il y a vingt-huit ans, mais ils furent brisés par les boulets anglais lors du bombardement de Saïda en 1840.
Joinville (4), dans ses mémoires, raconte en ces termes la tentative des Sarrasins sur Sajette en 1253, pendant que les Francs étaient occupés à réparer les murs de cette ville : « Quant monseigneur Symon de Montcéliart, qui estoit mestres des arbalestriers le roy et chevetain de la gent le roy à Saiete, oy dire que ceste gent venoient, se retrait ou chastel de Saiete, qui est moult fort et enclos est de la mer en touz senz, et ce fist il pour ce il veoit bien que il n'avoit pooir de résister) à eulz. Avec li recèta ce qu'il pot de gent, mais pou en y ot, car le chastel estoit trop estroit. Les Sarrasins se ferirent en la ville, là où ils ne trouvèrent nulle deffense, car elle n'estoit pas toute close. Plus de deux mille personnes occirent de nostre gent; à tout le gaing qu'ils firent là, s'en alerent à Damas. » Le château de Sajette fut évacué par les Francs en 1291, à la suite de la prise d'Acre, en même temps qu'Athlit et Tortose.
1. Ce ne fut qu'au XVIIe siècle que ce port fut en grande partie comblé par l'émir Fakar-ed-din, qui craignait alors de le voir devenir un point de station pour la flotte turque.
2. Guillaume de Tyr, livre I, tome XXXII, chapitre XXV.
3. Cette congrégation des hospitaliers pontifes ou pontifices (faiseurs de ponts) était originaire d'Italie, où elle s'était fondée sur les bords de l'Arno. Elle fut établie en France à Maupas, diocèse de Cavaillon, vers l'année 1164, et, d'après les Recherches historiques de l'abbé Grégoire, elle eut alors pour chef Petit-Benoît ou saint Benazet. Cette institution ne subsista guère qu'un siècle sur les bords du Rhône, où elle éleva le pont d'Avignon en 1177, puis celui de Saint-Esprit, commencé en 1265 et terminé en 1309. Ces religieux furent sécularisés en l'année 1519.
4. Histoire de Saint-Louis, par Jean, sire de Joinville. Edition in-folio. Paris, 1761. Imprimerie royale.
Sources : Rey (Emmanuel Guillaume), Etude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'Ile de Chypre. Paris, Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXI.
Chateau de Tibnine - Toron
source:
http://www.templiers.net/orient-latin/index.php?page=Rey-Chateau-le-Toron
Ce château fut fondé par Hugues de Saint-Omer, prince de Tabarie, vers l'année 1104, au lieu dit l'ancien Tebnin, et c'est encore sous ce nom que les Arabes désignent le château élevé au XVIIe siècle sur les fondations de la vieille forteresse des sires du Toron.
L'assiette de cette place a été choisie au sommet d'une colline arrondie, d'où lui est venu son appellation du vieux mot français touron, ou toron, signifiant éminence ou colline isolée.
Ce sommet domine les hauteurs qui séparent la vallée du Nahar-el-Kasmieh de celle de l'Ouad-Aïoun.
La forme arrondie du plateau détermine celle de la forteresse, dont le plan paraît avoir été à peu près identique à celui du Krak de Mont-Réal, nommé aujourd'hui Schaubek et relevé par M, Mauss durant l'expédition scientifique de M. le duc de Luynes. Ce château est également de forme arrondie, avec des saillants carrés et des tours barlongues.
Au Toron il ne reste plus aujourd'hui que les substructions et quelques assises de gros blocs taillés à bossages encore en place sur presque tout le pourtour, ce qui a conservé la configuration extérieure de l'ancienne forteresse au château bâti par Daher-l'Omar, lorsqu'il se révolta, il y a deux cents ans, contre l'autorité de la Sublime Porte.
A en juger par ce qui se voit de l'édifice du moyen âge, il devait présenter à l'oeil un aspect assez semblable à celui des châteaux arabes d'Alep, de Hamah, de Schoumaimis, de Szalkhad, etc., étant comme eux élevé sur un tertre conique et flanqué de tours carrées.
En France nous trouvons peu d'exemples de forteresses de cette forme (1), si ce n'est, toutefois, en Guyenne, dans les châteaux de Podensac et de Blanquefort, élevés dans le cours du XIIIe siècle, et dans ceux de la Brède et de Savignac.
La position du Toron en faisait une place de guerre importante, dont la possession assurait aux Francs tout le pays compris entre Tyr et Safed.
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Après Hugues de Saint-Omer (2), mort sans postérité, le Toron fui donné à une famille qui en prit le nom et a fourni un chapitre aux Lignages d'Outre-Mer.
Le château fut deux fois pris par les musulmans : d'abord en 1187 par Saladin, puis en 1219 par le sultan Malek-Mohadam, qui le fit détruire. Relevé en 1229, il devint l'objet d'une contestation entre les chevaliers Teutoniques et les héritiers de Philippe de Montfort, qui, par son mariage, avait acquis des droits sur cette seigneurie.
L'empereur Frédéric II (3) attribua Toron, que nous trouvons alors désigné dans les chartes contemporaines sous la dénomination de Turo-Militum, à Eléonore de Montfort, et donna aux Teutoniques, à titre de compensation, une rente annuelle de 7,000 besants, à percevoir sur les entrées du port d'Acre.
Nous devons donc conclure de là que le peu qui subsiste de cette forteresse doit être considéré comme datant de la première moitié du XIIIe siècle.
1. Léo Drouyn, La Guyenne militaire tome II, pages 56, 346-354.
2. Familles d'Outre-Mer, page 468.
3. Huillard-Bréholles, Histoire diplomatique de Frederici secundi, tome II.
Sources : Rey (Emmanuel Guillaume), Etude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'Ile de Chypre. Paris, Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXI.
Guillaume de Tyr ,identite et rapport avec la croisade
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1. Marin, dans son Histoire de Saladin, et plusieurs autres auteurs ont prétendu que Guillaume, venu en Europe pour prêcher la croisade, n'était point celui qui a écrit l'histoire du royaume de Jérusalem. Cette assertion n'est fondée que sur un passage assez obscur du continuateur de cet historien. Voyez ce que nous en ayons dit dans l'extrait de Guillaume de Tyr (Bibliothèque des Croisades, t, I).
Le continuateur de Baronius disserte sur l'époque de la mort de Guillaume, et ne trouve rien de certain à cet égard. Cependant son commentateur Mansi croit que cette mort dut arriver avant 1193, puisqu'au commencement de cette année, Jocsius occupait le siège de Tyr, et qu'en qualité de chancelier royal, Il souscrivit une charte d'Henri de Troyes, comte palatin, en faveur de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem. L'auteur de l'Orient christianus n'a point éclairci les doutes des gens éclairés ; mais il parait porté à croire que Guillaume mourut en 1191.
2. Les pièces sont rapportées par Baronius à l'année 1188.
Sources : Joseph-François Michaud - Histoire des Croisades. Dezorby, E. Magdeleine et Cie Editeurs.1841
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http://www.templiers.net/croisades-michaud/index.php?
page=3_guillaume-de-tyr-preche-la-croisade-en-france
Guillaume, archevêque de Tyr (1), avait quitté l'Orient pour venir en Europe solliciter les secours des princes chrétiens ; il fut chargé par le pape de prêcher la guerre sainte. Guillaume était plus habile, plus éloquent qu'Héraclius, qui l'avait précédé dans cette mission, et surtout plus digne, par ses vertus, d'être l'interprète des chrétiens et de parler au nom de Jésus-Christ. Après avoir enflammé le zèle des peuples d'Italie, il se rendit en France, et se trouva dans une assemblée convoquée près de Gisors
par Henri II, roi d'Angleterre, et le roi de France, Philippe-Auguste. A l'arrivée de Guillaume de Tyr, ces deux rois, qui se faisaient la guerre pour le Vexin, avaient déposé les armes ; les plus braves guerriers de la France et de l'Angleterre, réunis par les périls de leurs frères d'Orient, s'étaient rendus à l'assemblée où l'on devait s'occuper de la délivrance des saints lieux. Guillaume y fut accueilli avec enthousiasme, et lut, à haute voix, devant les princes et les chevaliers, une relation des derniers désastres de Jérusalem. Après cette lecture, qui arracha des larmes à tous les assistants, le pieux envoyé exhorta les fidèles à prendre la croix.
« La montagne de Sion, leur dit-il, retentit encore de ces paroles d'Ezéchiel : O fils des hommes, ressouvenez-vous de ce jour ou le roi de Babylone a triomphé de Jérusalem ! Dans un seul jour est arrivé tout ce que les prophètes ont annoncé de malheur à la ville de Salomon et de David. Cette cité, naguère remplie de peuples chrétiens, est restée seule, ou plutôt elle n'est plus habitée que par un peuple sacrilège. La souveraine des nations, la capitale de tant de provinces a payé le tribut imposé aux esclaves. Ses portes ont été brisées et ses gardiens exposés avec les vils troupeaux dans les marchés des villes infidèles. Les états chrétiens d'Orient qui faisaient fleurir la religion de la croix en Asie et devaient défendre l'Occident de l'invasion des Sarrasins, sont réduits à la ville de Tyr, à celles d'Antioche et de Tripoli. Nous avons vu, selon l'expression d'Isaïe, le Seigneur étendant sa main et ses plaies depuis l'Euphrate jusqu'au torrent de l'Egypte. Les habitants de quarante cités ont été chassés de leurs demeures ; dépouillés de leurs biens, ils errent, avec leurs familles éplorées, parmi les peuplés de l'Asie, sans trouver une pierre où reposer leurs têtes. »
Après avoir retracé ainsi les malheurs des chrétiens d'Orient, Guillaume reprocha aux guerriers qui l'écoutaient de n'avoir point secouru leurs frères, d'avoir laissé ravir l'héritage de Jésus-Christ. II s'étonnait qu'on pût avoir une autre pensée, qu'on pût chercher une autre gloire que celle de délivrer les saints lieux ; et, s'adressant aux princes et aux chevaliers : « Pour arriver jusqu'à vous, leur dit-il, j'ai traversé les champs du carnage ; à la porte même de cette assemblée, j'ai vu se déployer l'appareil de la guerre. Quel sang allez-vous répandre ?
Pourquoi ces glaives dont vous êtes armés ?
Vous vous battez ici pour la rive d'un fleuve, pour les limites d'une province, pour une renommée passagère, tandis que les infidèles foulent les rives du Siloé, qu'ils envahissent le royaume de Dieu, et que la croix de Jésus-Christ est traînée ignominieusement dans les rues de Bagdad !
Vous versez des flots de sang pour de vains traités, tandis qu'on outrage l'évangile, ce traité solennel entre Dieu et les hommes !
Avez-vous oublié ce qu'ont fait vos pères ?
Un royaume chrétien a été fondé par eux au milieu des nations musulmanes. Une foule de héros, une foule de princes nés dans votre patrie, sont venus le défendre et le gouverner. Si vous avez laissé périr leur ouvrage, venez du moins délivrer leurs tombeaux qui sont au pouvoir des Sarrasins. Votre Europe ne produit-elle donc plus des guerriers comme Godefroy, Tancrède et leurs compagnons ?
Les prophètes et les saints ensevelis à Jérusalem, les églises changées en mosquées, les pierres même des sépulcres, tout vous crie de venger la gloire du Seigneur et la mort de vos frères. Eh quoi ! le sang de Naboth , le sang d'Abel, qui s'est élevé vers le ciel, a trouvé un vengeur, et le sang de Jésus-Christ s'élèverait en vain contre ses ennemis et ses bourreaux !
L'Orient a vu de lâches chrétiens que l'avarice et la crainte avaient rendus les alliés de Saladin : sans doute ils ne trouveront point d'imitateurs parmi vous ; mais rappelez-vous que Jésus-Christ a dit : Celui qui n'est pas pour moi est contre moi. Si vous ne servez point la cause de Dieu, quelle cause oserez-vous défendre ?
Si le roi du ciel et de la terre ne vous trouve point sous ses drapeaux, où sont les puissances dont vous suivrez les étendards ?
Pourquoi donc les ennemis de Dieu ne sont-ils plus les ennemis de tous les chrétiens ?
Quelle sera la joie des Sarrasins au milieu de leurs triomphes impies, lorsqu'on leur dira que l'Occident n'a plus de guerriers fidèles à Jésus-Christ et que les princes et les rois de l'Europe ont appris avec indifférence les désastres et la captivité de Jérusalem ! »
Ces reproches, faits au nom de la religion, touchèrent vivement le coeur des princes et des chevaliers. D'après le chroniqueur Benoît de Peterborough, Guillaume de Tyr prêcha d'une manière si admirable, qu'il les détermina tous à prendre la croix et que ceux qui étaient ennemis dévinrent amis. Henri II et Philippe-Auguste s'embrassèrent en pleurant et se présentèrent les premiers pour recevoir la croix. Richard, fils de Henri et duc de Guyenne ; Philippe, comte de Flandre ; Hugues, duc de Bourgogne ; Henri, comte de Champagne ; Thibaut, comte de Blois ; Rotrou, comte du Perche ; les comtes de Soissons, de Nevers, de Bar, de Vendôme ; les deux frères Josselin et Mathieu de Montmorenti, une foule de barons et de chevaliers, plusieurs évêques et archevêques de France et d'Angleterre, firent le serment de délivrer la terre sainte. L'assemblée entière répéta ces mots : la croix la croix ! Et ce cri de guerre retentit dans toutes les provinces.
Le lieu où les fidèles s'étaient réunis fut appelé le « Champ sacré. » On y fit bâtir une église pour conserver le souvenir du pieux dévouement des chevaliers chrétiens. Bientôt toute la France et tous les pays voisins furent animés du vif enthousiasme que l'éloquence de Guillaume de Tyr avait fait naître dans l'assemblée des barons et des princes. L'église ordonna des prières pour le succès de la croisade. Chaque jour de la semaine on récitait à l'office divin des psaumes qui rappelaient la gloire et les malheurs de Jérusalem. A la fin de l'office, les assistants répétaient en choeur ces paroles : « O Dieu tout-puissant ! Qui tiens dans tes mains le sort des empires, daigne jeter un regard de miséricorde sur les armées chrétiennes, afin que les nations infidèles qui se reposent dans leur orgueil et leur vaine gloire, soient abattues par la force de ton bras » (2). En priant ainsi, les guerriers chrétiens sentaient leur courage se ranimer, et juraient de prendre les armes contre les musulmans.
Sources : Joseph-François Michaud - Histoire des Croisades. Dezorby, E. Magdeleine et Cie Editeurs. 1841
Notes
1. Marin, dans son Histoire de Saladin, et plusieurs autres auteurs ont prétendu que Guillaume, venu en Europe pour prêcher la croisade, n'était point celui qui a écrit l'histoire du royaume de Jérusalem. Cette assertion n'est fondée que sur un passage assez obscur du continuateur de cet historien. Voyez ce que nous en ayons dit dans l'extrait de Guillaume de Tyr (Bibliothèque des Croisades, t, I).
Le continuateur de Baronius disserte sur l'époque de la mort de Guillaume, et ne trouve rien de certain à cet égard. Cependant son commentateur Mansi croit que cette mort dut arriver avant 1193, puisqu'au commencement de cette année, Jocsius occupait le siège de Tyr, et qu'en qualité de chancelier royal, Il souscrivit une charte d'Henri de Troyes, comte palatin, en faveur de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem. L'auteur de l'Orient christianus n'a point éclairci les doutes des gens éclairés ; mais il parait porté à croire que Guillaume mourut en 1191.
Guillaume de Tyr
http://www.kobayat.org/data/documents/crusades/guillaume_de_tyr/notice.htm
NOTICE SUR Guillaume de Tyr ARCHEVÊQUE DE TYR
L'EUROPE toute entière a pris part aux Croisades ; mais c'est à l'histoire de France bien plus qu'à toute autre que se rattache celle de ces grandes expéditions. Un pèlerin français, Pierre l'ermite, a prêché la première Croisade; c'est en France, au concile de Clermont, qu'elle a été résolue; un prince dont le nom est demeuré français, Godefroi de Bouillon, l'a commandée; le royaume de Jérusalem a parlé la langue de nos pères; les Orientaux ont donné à tous les européens le nom de Francs; pendant deux siècles, la conquête ou la défense de la Terre-Sainte se lie étroitement à tous les sentiments, à toutes les idées, à toutes les vicissitudes de notre patrie; un roi de France, Saint-Louis, est le dernier qui ait rempli l'Orient de sa gloire. Enfin, parmi les historiens des Croisades, la plupart et les plus illustres, Jacques de Vitry, Albert d'Aix, Foulcher de Chartres, Guibert de Nogent, Raoul de Caen, Ville-Hardouin, Joinville et tant d'autres sont des Français.
Quelques savants ont soutenu que Guillaume de Tyr l'était également; d'autres ont revendiqué pour l'Allemagne l'honneur de lui avoir donné naissance. L'une et l'autre prétention paraissent mal fondées. En plusieurs endroits de son livre, notamment dans sa préface, Guillaume parle de la Terre Sainte comme de sa patrie; Hugues de Plagon[1], son continuateur, le fait naître à Jérusalem, et Etienne de Lusignan, dans son Histoire de Chypre, le dit parent des rois de Palestine. On s'est étonné à tort de ces incertitudes et du silence des chrétiens d'Orient sur l'origine et la vie du prince de leurs historiens. C'est à des temps de loisir et de paix qu'il appartient de recueillir avec soin de tels détails et de veiller à la mémoire d'un écrivain. Presque étrangers dans leur nouvelle patrie, assiégés dans leur royaume comme des bourgeois dans les murs de leur ville, sans cesse en proie aux plus cruelles souffrances et à des périls croissants, les chrétiens d'Orient ne pensèrent jamais qu'à se recruter et se défendre; la vie de ce peuple, la durée de cet Empire fut un long accès de dévotion et de gloire; l'accès passé, l'Empire tomba, le peuple lui-même périt; et tant qu'il vécut, toute sécurité dans le présent, toute confiance dans l'avenir lui fut inconnue. Une société ainsi violente et transitoire peut avoir ses historiens ; les grandes choses n'en manquent jamais; mais l'historien lui-même est sans importance aux yeux de ceux qui l'entourent, et nul ne songe à conserver des souvenirs qui n'intéressent que lui.
Aussi est-ce uniquement de Guillaume de Tyr lui-même que nous recevons quelques renseignements sur sa vie; il les a semés dans son ouvrage, sans dessein et par occasion, pour indiquer comment il a été informé des événements qu'il raconte. Nous y voyons qu'il était enfant, vers l'an 1140, et qu'en 1162, au moment du divorce du roi Amaury et d'Agnès d'Édesse, il étudiait les lettres en Occident, probablement à Paris. De retour à Jérusalem, il obtint la faveur d'Amaury, et dut à sa protection, en 1167, l'archidiaconat de la métropole de Tyr. Mais, en l'élevant aux dignités ecclésiastiques, le roi n'avait point l'intention de se priver de son secours dans les affaires civiles. Dans le cours de la même année, il l'envoya en ambassade à Constantinople, auprès de l'empereur Manuel Comnène, pour conclure avec ce prince l'alliance qu'il avait lui-même proposée à Amaury contre le sultan d'Égypte. Après s'être acquitté de cette mission, Guillaume, se livrant aux devoirs de son archidiaconat, eut quelques différends avec Frédéric, archevêque de Tyr, et se rendit à Rome, en 1169, pour les faire juger. Ce fut à son retour de Rome que le roi Amaury lui confia l'éducation de son fils Baudouin, alors âgé de neuf ans[2]. Ce prince étant monté sur le trône à la mort de son père, en 1173, le crédit de Guillaume devint plus grand encore; dans le cours de cette même année, il fut nommé chancelier du royaume, à la place de Rodolphe évêque de Bethléem, et au mois de mai 1174, les suffrages du clergé et du peuple l'élevèrent, avec l'assentiment du roi, a l'archevêché de Tyr[3].
On verra, dans son histoire même, quelle part importante il prit dès lors aux affaires publiques, et avec quelle fermeté il défendit le pouvoir du roi son élève contre d'ambitieux rivaux. En 1178, il s'éloigna de la Terre-Sainte pour aller à Rome assister au troisième concile de Latran: " Si quelqu'un, dit-il, veut connaître les statuts de ce concile, les noms, le nombre et les titres des évêques qui y ont assisté, qu'il lise l'écrit que nous en avons soigneusement rédigé, à la demande des Saints-Pères qui s'y trouvaient présents, et que nous avons fait déposer dans les archives de la sainte église de Tyr, parmi les autres livres que nous y avons apportés". Le concile fini, il se mit en route pour la Palestine, avec le comte Henri de Champagne qui s'y rendait suivi d'un nombreux cortège de chevaliers. Mais à Brindes, Guillaume s'en sépara et passa à Constantinople pour y traiter, avec l'empereur Manuel, les affaires, soit du royaume de Jérusalem, soit de sa propre église. Il y demeura sept mois et son séjour fut grandement utile, dit-il, aux intérêts dont il était chargé. De retour en Syrie, il s'acquitta, tant auprès du roi que du patriarche de Jérusalem, de diverses missions qu'il avait reçues de l'empereur, et rentra à Tyr après vingt-deux mois d'absence.
Ici Guillaume cesse de nous fournir aucun renseignement sur sa vie; son histoire s'arrête en 1183, et, à partir de cette époque, les faits épars que nous recueillons d'ailleurs sur ce qui le concerne sont pleins de contradictions et d'incertitudes. D'après l'un de ses continuateurs dont nous publierons l'ouvrage à la suite du sien, il eut de violents débats avec le patriarche de Jérusalem, Héraclius, dont il avait combattu l'élection et refusait de reconnaître l'autorité. Guillaume se rendit à Rome pour faire juger sa querelle, et il y fut si bien accueilli du pape et des cardinaux qu'Héraclius, craignant que son rival n'obtint sa déposition, envoya secrètement à Rome un de ses médecins avec ordre de l'empoisonner, ce qu'il exécuta. Ce fait, s'il était vrai, ne pourrait guère être placé plus tard que vers l'an 1184; or, on trouve, en 1188, Guillaume, archevêque de Tyr, prêchant la Croisade aux rois de France et d'Angleterre, Philippe-Auguste et Richard Cœur-de-Lion, sous le fameux ormeau dit de la conférence, entre Gisors et Trie. Tout porte à croire que ce Guillaume est le même que notre historien, et qu'après la prise de Jérusalem par Saladin, il avait passé les mers pour solliciter les secours des princes d'Occident. C'est là, du reste, la dernière trace qu'on rencontre de son existence. Quelques savants ont prétendu qu'il mourut octogénaire à Tyr, en 1219. Mais leur opinion est victorieusement repoussée par une charte de l'an 1193 qui nous apprend qu'un autre prélat occupait alors le siège de Tyr. Guillaume était donc mort à cette époque. Nous n'avons aucune autre donnée qui détermine avec plus de précision le terme de sa vie et nous fasse connaître ses derniers travaux.
Il avait écrit, nous dit-il lui-même, deux grands ouvrages, entrepris l'un et l'autre à la sollicitation du roi Amaury qui avait fourni à l'historien tous les secours dont il avait pu disposer. Le premier comprenait l'histoire des Arabes, depuis la venue de Mahomet jusqu'en 1184[4]; livre précieux sans doute, puisque Guillaume avait eu connaissance d'un grand nombre de manuscrits arabes qu'il ne nomme point, mais où il avait dû puiser des renseignements importants. Soit que cet ouvrage ait été perdu, soit qu'il existe encore ignoré dans la poussière de quelque grande bibliothèque, il n'a jamais été publié. Le second est l'histoire des Croisades depuis le temps des successeurs de Mahomet jusqu'à l'an 1183, dont nous donnons ici la traduction. Il est divisé en 23 livres. Dans les quinze premiers qui vont jusqu'en 1142, l'historien raconte des événements qu'il n'avait point vus, mais sur lesquels il avait recueilli les traditions les plus circonstanciées et les plus exactes. Les huit derniers renferment l'histoire de son propre temps.
Il est difficile de déterminer avec précision à quelle époque Guillaume entreprit ce grand travail. On peut conjecturer cependant que ce fut vers l'an 1169, au moment où le roi Amaury lui confia l'éducation de son fils. Il suspendit et reprit deux fois son ouvrage, interrompu sans doute par les missions dont il fut chargé, soit à Constantinople, soit en Occident. Arrivé à l'époque ou le royaume de Jérusalem penchait vers sa ruine, où chaque événement lui portait un coup qui semblait et qui présageait en effet le coup mortel, une profonde tristesse s'empara de l'historien, et il l'exprime, en commençant son vingt-troisième livre, avec un amer pressentiment de maux plus grands encore que ceux dont il se prépare à parler. Soit que cette tristesse ou des circonstances extérieures l'aient empêché de continuer, le vingt-troisième livre s'arrête au premier chapitre, et l'archevêque de Tyr, qui eut la douleur de voir Jérusalem retomber aux mains des infidèles, s'épargna du moins celle de le raconter.
C'est avec raison qu'on s'est accordé à lui donner le titre de Prince des historiens des Croisades. Nul n'a décrit avec plus de détails et de vérité, d'une façon à la fois plus simple, plus grave et plus sensée, ces brillantes expéditions, les mœurs des Croisés, les vicissitudes de leur sort, tous les incidents de cette grande aventure. Chrétien sincère et partageant du fond du cœur les croyances et les sentiments qui avaient poussé les Chrétiens à la conquête de la Terre-Sainte, Guillaume raconte leurs triomphes ou leurs revers avec une joie ou une tristesse patriotique; et assez éclairé cependant pour ne point s'abuser sur la marche des événements, il ne dissimule ni les vices ni les fautes des hommes, et les expose avec sincérité, sans jamais croire que la sainteté de la cause chrétienne en soit altérée, en sorte qu'on trouve à la fois dans son livre une conviction ferme et un jugement qui ne manque ni d'impartialité ni de droiture. Son érudition historique et géographique, quoique fort défectueuse, est supérieure a celle des autres écrivains de la même époque; sa crédulité est moins absolue; on reconnaît aisément qu'il n'a pas, comme tant d'autres, passé en pèlerin sur les lieux où les événements se sont accomplis, qu'il a recueilli des récits divers, et juge les faits après avoir assisté à leurs conséquences. On peut dire enfin de lui que, de son temps, nul n'a fait aussi bien, et que son livre est encore, pour nous, celui où l'histoire des Croisades se fait lire avec le plus d'intérêt et de fruit.
Il fut publié, pour la première fois, à Bâle, en 1549, in-folio, par Philibert Poyssenot de Dôle. Henri Pantaléon en donna une nouvelle édition dans la même ville en 1564, et y joignit l'un des continuateurs de Guillaume, Hérold, dont nous parlerons ailleurs. Enfin, Bongars, après en avoir revu le texte sur plusieurs manuscrits, l'inséra dans le tome 2 de ses gesta Dei per Francos. C'est sur cette édition qu'a été faite la traduction que nous publions aujourd'hui.
En 1573, Gabriel Dupréau en donna à Paris une version française, sous le titre de Franciade orientale; mais cette version, pleine, de fautes et maintenant illisible, n'a jamais obtenu ni mérité aucune estime. Nous avons joint à la notre un assez grand nombre de notes, géographiques surtout, pour faire connaître la position et le nom actuel des principaux lieux dont Guillaume de Tyr fait mention. C'est la partie la plus obscure de l'histoire des Croisades, et malgré nos recherches, nous regrettons de n'avoir pu résoudre toutes les difficultés.
Nous avons laissé subsister dans le texte les noms orientaux tels que les a écrits l'historien, mais en ayant soin d'indiquer dans de courtes notes, autant du moins que nous l'avons pu et que le permet l'incertitude de l'orthographe, les noms véritables. Nous avons également relevé les principales erreurs de chronologie et d'histoire, non dans le dessein de rectifier pleinement les inexactitudes du récit de Guillaume de Tyr, mail pour faire disparaître les lacunes et les méprises qui en rendraient l'intelligence difficile au lecteur.
La bibliothèque du roi possède un beau manuscrit de Guillaume de Tyr, et dix-huit exemplaires d'une version française qui mérite d'être consultée. Il en existe également deux traductions italiennes, l'une de Joseph Horologgi, publiée à Venise, in-4°., en 1562; l'autre de Thomas Baglioni, publiée aussi à Venise, in-4°., en 1610, et inférieure, dit-on, à la précédente. Nous regrettons de n'avoir pu nous les procurer.
F. G.
[1] C'est le nom que lui donne Meusel dans sa Bibliotheca historica, tom. 2, part. 2, pag. 294. Selon d'autres, c'est Bernard le trésorier. Nous en parlerons en publiant son ouvrage, ainsi que de Jean Hérold, autre continuateur de Guillaume de Tyr.
[2] Dans la Biographie universelle, à l'article Guillaume de Tyr, article rédigé d'ailleurs avec beaucoup d'exactitude et de soin, M. Michaud rapporte à l'an 1167 l'élévation de Guillaume aux fonctions de gouverneur du prince Baudouin. Il ne peut les avoir reçues qu'en 1169, car Baudouin était né en 1160, et Guillaume dit lui-même (liv. 21 ) qu'il avait neuf ans lorsqu'il lui fut confié. On voit d'ailleurs que, de 1167 à 1169, Guillaume fit plusieurs voyages à Constantinople et à Rome, voyages qu'il n'eut guère pu concilier avec l'éducation du jeune prince.
Guillaume de Tyr, histoire
source:kobayat website
http://www.kobayat.org/data/documents/crusades/guillaume_de_tyr/notice.htm
COLLECTION DES MÉMOIRES RELATIVES A L'HISTOIRE DE FRANCE Depuis la fondation de la Monarchie Française jusqu'au 13e siècle; avec une introduction, des suppléments, des notices et des notes;
PAR M. GUIZOT,
Professeur d'HISTOIRE MODERNE à l'Académie de PARIS.
A PARIS,
CHEZ J.-L.-J. BRIERE, LIBRAIRE,
RUE SAINT-ANDRE-DES-ARTS, No. 68.
IMPRIMERIE DE A. BELIN 1824
HISTOIRE DES FAITS ET GESTES
DANS LES REGIONS D'OUTRE-MER,
DEPUIS LE TEMPS DES SUCCESSEURS DE MAHOMET
JUSQU'A L'AN 1184 DE JÉSUS-CHRIST
Par GUILLAUME DE TYR
الحروب الصليبية
بقلم اسقف صور
المؤرخ غليوم الصوري
طبعة 1824 باريس
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TABLE DES MATIERES
Tome I
Notice sur Guillaume de Tyr
Préface de Guillaume de Tyr
LIVRE 1 Années 1095-1096
Etat de la Terre Sainte sous le joug des Infidèles. - Traitements que subissaient les pèlerins. - Séjour de Pierre l'ermite à Jérusalem. - Prédication de la Croisade. - Concile de Clermont. - Départ des premiers Croisés. - Expédition de Gautier sans avoir, - de Pierre l'ermite, - de Gottschalk. - Leurs désastres en Hongrie et dans l'Asie mineure.
LIVRE 2 Année 1096
Départ des Croisés sous les ordres de Godefroi, duc de Lorraine. - Arrivée Successive des divers corps à Constantinople. - Leurs débats avec l'empereur Alexis Comnène. - Les Croisés passent l'Hellespont et entrent dans l'Asie mineure.
LIVRE 3
Siège et prise de Nicée. - Bataille de Dorylée. - Marche des Croisés dans l'Asie mineure. - Querelles de Tancrède et de Baudouin.
LIVRE 4
Occupation d'Édesse par Baudouin. - Arrivée de la grande armée des Croisés devant Antioche. - Siège d'Antioche. - Famine et souffrances des Croisés.
LIVRE 5
Combats autour d'Antioche. - Intelligences de Bohémond dans l'intérieur de la ville. - Prise d'Antioche.
LIVRE 6 Année 1098
Arrivée de l'armée turque au secours d'Antioche. - Les Croisés sont assiégés à leur tour. - Famine dans l'intérieur de la place. - Abattement des Croisés. - Découverte de la lance merveilleuse. - Sortie des Croisés. - Défaite et déroute des assiégeants.
LIVRE 7 Année 1099
Expéditions des Croisés aux environs d'Antioche. - Voyage de Godefroi de Bouillon à Édesse chez son frère Baudouin. - Querelles de Bohémond et de Raimond, comte de Toulouse. - Marche des Croisés en Palestine. - Prise de plusieurs villes. - Arrivée des Croisés devant Jérusalem.
LIVRE 8 Années 1098 -1099
Description de Jérusalem. - Les Croisés assiège la ville. - Leurs souffrances. - Progrès du siège. - Assauts successifs. - Prise de Jérusalem. - Massacre des Infidèles.
Tome II
LIVRE 9 Années 1099 -1100
Godefroi de Bouillon est élu roi de Jérusalem. - Détails sur son origine et son histoire avant la croisade. - Attaque du calife d'Égypte contre le nouveau royaume. - Victoire des Chrétiens. - Départ de quelques-uns des princes croisés pour l'Europe. - Élection du patriarche de Jérusalem. - Querelles entre le patriarche et le roi. - Mort de Godefroi.
LIVRE 10 Années 1100 -1104
Élévation de Baudouin, comte d'Édesse, au trône de Jérusalem. - Arrivée de nouveaux Croisés. - Prise d'Antipatris, Césarée et autres villes. - Nouvelle guerre avec les Égyptiens. - Défaite des Chrétiens. - Querelles de Baudouin et du patriarche Daimbert. - Conquêtes et échecs des Chrétiens en Mésopotamie.
LIVRE 11 Année 1104 -1117
Voyage de Bohémond en Europe; il confie le gouvernement d'Antioche à Tancrède. - Mort de Raimond, comte do Toulouse. - Nouvelle guerre avec les Égyptiens. - Mort do Bohémond dans la Pouille. - Prise de Tripoli et de Béryte. - Mort de Tancrède. - Construction des forts de Toron et do Mont-Réal. - Expédition de Baudouin en Égypte. - Sa mort.
LIVRE 12 Années 1118 -1124
Baudouin du Bourg est élu roi. - Mort d'Alexis Comnène. - Institution de l'ordre des Chevaliers du Temple. - Guerre des Chrétiens contre les divers soudans turcs dont ils sont environnés. - Le roi Baudouin est fait prisonnier. - Arrivée d'une flotte de Vénitiens en Palestine.
LIVRE 13 Années 1125 -1131
Description et siège de Tyr. - Tentatives des habitants d'Ascalon contre Jérusalem. - Prise de Tyr. - Baudouin 2 recouvre sa liberté. - Foulques, comte d'Anjou, arrive en Palestine. Baudouin lui donne en mariage sa file Mélisende. - Histoire de la principauté d'Antioche. - Mort de Baudouin 2.
LIVRE 14 Années 1131 -1137
Foulques d'Anjou monte sur le trône. - Son intervention dans les affaires de la principauté d'Antioche. - Querelles intérieures des Chrétiens. - Leurs guerres avec Sanguin (Zenghi), sultan d'Alep. - Raimond de Poitou arrive à Antioche et épouse Constance, fille de Bohémond 1. - Expédition de l'empereur Jean Comnène en Syrie. - Il assiège Antioche. - Pacification.
LIVRE 15 Années 1138 -1141
Histoire de la principauté d'Antioche. - Querelles du prince Raimond avec le patriarche de cette ville. - Élévation de Manuel Comnène à l'empire d'Orient. - Mort du roi Foulques.
LIVRE 16 Années 1144 -1148
Avènement de Baudouin 3. - Mort de Sanguin; son fils Noradin lui succède. - Expédition des Chrétiens pour s'emparer de Bosra. - Croisade de l'empereur Conrad et de Louis-le-Jeune. - Son mauvais succès. - Arrivée des deux rois en Palestine.
Tome III
LIVRE 17 Années 1146 -1153
Assemblée d'Accon (S. Jean d'Acre). - Siège de Damas par Baudouin 3, Conrad et Louis-Ie-Jeune réunis. - Mauvais succès de cette expédition. - Départ de Conrad. - Brouillerie du roi Baudouin avec sa mère Mélisende. - Guerres continuelles des Chrétiens contre Noradin. - Cession du comté d'Édesse à l'empereur Manuel Comnène. - Siège et prise d'Ascalon par les Chrétiens.
LIVRE 18 Années 1154 -1162
Querelles de Renaud de Châtillon, prince d'Antioche, avec le patriarche de cette ville. - Origine et ambition des chevaliers de l'Hôpital. - Troubles civils de l'Égypte. - Continuation des guerres contre Noradin. - Mort de Baudouin 3 à Béryte.
LIVRE 19 Années 1163 -1166
Élévation d'Amaury, frère de Baudouin 3, au trône de Jérusalem. - Caractère de ce prince. - Ses conversations avec Guillaume de Tyr. - Expéditions d'Amaury en Égypte. Histoire de Syracon (Chyrkouh), lieutenant de Noradin et oncle de Saladin. - Ambassade des Chrétiens au calife d'Égypte. - Description du palais du Caire. - Nouvelle expédition des Chrétiens en Égypte. - Siège et prise d'Alexandrie.
LIVRE 20 Années 1167 -1173
Nouvelle expédition en Égypte. - Élévation de Saladin. - Tremblement de terre en Syrie. - Les Assissins ou Ismaéliens; Leur origine et leurs moeurs. - Mort de Noradin. - Mort du roi Amaury.
LIVRE 21 Années 1173 -1179
Avènement de Baudouin 4, ou Le Lépreux. - Il avait été élevé par Guillaume de Tyr. - Histoire du comte de Tripoli. - Conquêtes progressives de Saladin sur les Chrétiens. - Alliance des Grecs et des Chrétiens de Jérusalem pour envahir l'Égypte. - Elle demeure sans résultat.
LIVRE 22 Années 1179 - 1183
Fâcheux état du royaume de Jérusalem. - Guillaume de Tyr revient de Constantinople où il avait été envoyé en ambassade. - Troubles de l'empire grec. - Brillante expédition de Saladin en Mésopotamie. - Imposition extraordinaire établie pour la défense du royaume. - La maladie du Roi croissant toujours, Gui de Lusignan est nommé régent. - La régence lui est retirée. - Couronnement de Baudouin 5 encore enfant.
LIVRE 23
Douleur de l'historien à la vue des désastres de son pays. - Animosité du roi Baudouin 4 contre le comte de Joppé. - La régence du royaume est donnée au comte de Tripoli. - Fin de l'ouvrage de Guillaume de Tyr.
Continuation de l'Histoire des Croisades de Guillaume de Tyr, par Bernard Le Trésorier.
dimanche 5 février 2012
Guillaume de Tyr : Histoire des Croisades : livre XVIII (bilingue)
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/guillaumedetyr/croisade19a.htm
Tyr,hippodrome romain, bains,basilique des croises
L'un des plus grands hippodromes de l'époque romaine a été mis au jour à Tyr.Construit au cours du 2e siècle de notre ère, il fut recouvert avec le temps, par six mètres de sable apporté par les vents.Cet hippodrome, conçu pour les courses de chars, en forme de U ou d'épingle à cheveux, pouvait contenir plus de vingt mille spectateurs.
Un axe spinal, marqué à ses extrémités par des bornes de pierre (metae) , divisait le parcours en deux voies.La course consistait à accomplir sept fois le parcours.Le moment le plus dangereux était celui où les chars couraient à toute vitesse autour des metae pour repartir en sens inverse : c'est là que des accidents spectaculaires avaient souvent lieu.
La Tyr romaine est ainsi préservée pour que les générations actuelles et futures puissent la voir et l'admirer.
EUROPE,mythologie
Objet: EUROPE.http://mythologica.fr/grec/europe.htm
EUROPE.http://mythologica.fr/grec/europe.htmFille de Téléphassa et d'Agénor, roi de Phénicie, Europe fut aimée de Zeus qui lui donna trois fils Minos, Rhadamanthe, et Sarpédon
LEGENDES
Enlèvement d'Europe d'après Véronèse © Palais des DogesLa jeune princesse fit un jour un rêve étonnant où deux continents personnifiés tentaient de la séduire. Le matin venu, pour chasser ce rêve étrange, elle alla avec ses suivantes cueillir des fleurs dans une prairie voisine.C'est là que Zeus aperçut la jeune fille jouant avec ses compagnes et il en tomba immédiatement amoureux. Il jugea plus prudent de se changer en taureau pour échapper à la surveillance de sa femme Héra et pour mieux approcher les jeunes filles sans les effaroucher. Il prit la forme d'un beau taureau blanc au front orné d'un disque d'argent et surmonté de cornes en croissant de lune. Il se mêla paisiblement aux jeux des jeunes filles; il se laissa même caresser par Europe qui tomba sous son charme et s'assit sur son dos.
Mais dès qu'elle fut sur son dos, il se précipita vers le rivage proche. Accompagné par toute une cohorte de divinités marines, de Néréides chevauchant des dauphins et de Tritons soufflant dans des conques, il l'amena en Crête.
Enlèvement d'Europe d'après Guido Reni© Musée des Beaux-Arts du CanadaLà sous un platane toujours vert (mais d'autres auteurs penchent pour la grotte du mont Dicté où Zeus fut caché pendant sa prime enfance pour échapper à Cronos) ils s'unirent.Minos, Sarpédon et Rhadamanthe furent les fruits de cette union.
Zeus lui fit trois présents :• Une lance qui ne manquait jamais sa cible;• Un chien, Laelaps, qui ne laissait jamais échapper sa proie;• Un homme de bronze, Talos, dont la seule veine qui irriguait son corps de métal, était obturée par une cheville de métal.Il faisait chaque jour le tour de la crête et tuait tous les étrangers qui tentaient de débarquer.Pendant ce temps, son père, Agénor, cherchait partout sa fille. Il décida d'envoyer ses trois enfants Cadmos, Phénix et Cilix ainsi que sa femme à sa recherche. Il leur donna l'ordre de ne pas revenir sans Europe et il ne les revit jamais.Europe donna son nom au continent européen et la constellation du taureau rappelle cette transformation divine.Quand Zeus l'abandonna, Europe fut épousée par le roi de Crète, Astérios, qui reconnut ses enfants et fit de Minos son successeur. Europe donna à son mari une fille, Crété.Crété serait devenue l'épouse de Minos ou selon d'autres auteurs une amante d'Hélios et la mère de Pasiphaé.
Europe princesse de tyr - liban ,legende
Objet: 1- La princesse Europe
1- La princesse EuropeDeux terres se disputaient la jeune princesse, l'asie ,et la terre de la rive oppsee
Le nom "Europe" tire son origine d'un personnage de la mythologie grecque. Fille d'Agénor, roi de Phénicie, la princesse Europe vivait à Tyr, sur le bord asiatique de la Méditerranée (aujourd'hui le Liban).
Se passionnant pour les voyages en mer, la jeune princesse rêvait des terres lointaines. Elle avait ainsi pour habitude de se promener, presque chaque jour, au bord de la mer, en regardant vers l'horizon infini.
Zeus, le Dieu des Dieux qui vivait au sommet de l'Olympe, caché par une couche de nuages, avait remarqué depuis quelques temps déjà, la grande beauté de la princesse et son goût pour les aventures et les découvertes. Il tomba amoureux d'elle et décida de l'emmener loin de chez elle, sur de nouvelles terres.
Dans la nuit qui suivit, la princesse fit un rêve étrange : deux terres, ayant l'aspect de femmes, se disputaient la jeune princesse. L'une, la "terre d'Asie", voulait la garder; l'autre, la "terre de la rive opposée", voulait l'emmener en mer sur ordre du roi des Dieux, Zeus.Se réveillant, la princesse alla au bord de la mer. Subitement, un taureau, puissant mais docile émergea de la mer et persuada la belle princesse de monter sur son dos. Puis il s'envola et emmena la jeune princesse sur l'île de Crète, en Grèce. Là, il prit une forme humaine : ce n'était autre que Zeus (transformé en taureau). Europe tomba, elle aussi, amoureuse de lui. De leur amour naîtront trois enfants et grâce à la princesse, le continent gagna un nom : Europe.
Le mythe de la princesse Europe est aujourd'hui illustré sur la pièce de 2 € grecque, par la représentation d'un taureau portant une jeune femme sur son dos.---------------------------2-La légende d'Europe.http://www.pheniciens.com/persos/europe.htm
Image après traitement informatiqueL'enlèvement d'EuropeMosaïque trouvée à Byblos, époque romaine, fin II° - début III° siècle ap. J.C.
Depuis quelques années, nous assistons sur la scène de l'échiquier mondial, à l'émergence d'une nouvelle identité commune, la Communauté Européenne, plus communément appelée l'Europe.
Avec le lancement de la monnaie européenne, la Grèce a choisi de marquer l'historicité de l'événement en frappant la pièce de 2 € à l'effigie de la princesse Europe enlevée par Zeus métamorphosé en taureau. Mais qui était Europe ? Quel est son rapport avec la Grèce ?
La légende raconte qu'Europe, princesse phénicienne, fille d'Agénor(1) roi de Tyr, se promenant un jour au bord de la mer avec ses compagnes, fut remarquée par Zeus. Enflammé par sa beauté, il se métamorphosa en taureau aux cornes semblables à un croissant de lune et vint se coucher aux pieds de la jeune fille. Celle-ci d'abord effrayée, s'enhardit, caressa l'animal et s'assit sur son dos. Aussitôt le taureau se releva et s'élança vers la mer. Malgré les cris d'Europe, qui se cramponne à ses cornes, le taureau pénétra dans les flots et s'éloigne du rivage. Tous deux parvinrent ainsi jusqu'en Crète où Zeus s'unit à la jeune fille. De ces amours naîtront trois fils : Minos, Sarpédon et Rhadamante.
La suite de cette légende fut la recherche entreprise par les frères d'Europe. Agénor ordonna alors à son fils Cadmos de partir à la recherche de sa sœur, avec défense formelle de revenir tant qu'il ne l'a pas retrouvée. La mère de Cadmos, Téléphassa, et ses deux frères, Thassos et Cilix, l'accompagnèrent ; seul Phœnix resta au pays auprès de son père. Les recherches de Téléphassa et de ses fils furent vaines. Téléphassa mourut de chagrin et ses trois fils, en raison du serment prêté à leur père, n'osèrent pas retourner à Tyr : Thassos s'installa alors dans les îles de Thrace, auxquelles il s'identifia ; Cilix se fixa en Cilicie, dont il fut le fondateur légendaire quant à Cadmos, il débarqua en Grèce où il interrogea l'oracle de Delphes. L'oracle lui conseilla de se laisser guider par une génisse errante, qu'il croiserait à sa sortie du temple, et de fonder une ville à l'endroit même où elle se coucherait épuisée. L'animal conduisit Cadmos au site de Thèbes, où il éleva la citadelle de Cadmée. Toujours dans l'espoir de retrouver sa soeur, Cadmos offrit aux Grecs l'alphabet inventé par les Phéniciens. Hérodote raconte le récit en ces termes :
"Pendant le séjour que firent en ce pays les Phéniciens qui avaient accompagné Cadmos, et au nombre desquels étaient les Géphyriens, ils introduirent en Grèce plusieurs connaissances et entre autres des lettres, qui étaient, à mon avis, inconnues auparavant dans ce pays. Ils les employèrent d'abord de la même manière que tous les Phéniciens. Mais dans la suite des temps, ces lettres changèrent avec la langue et prirent une autre forme. Les pays circonvoisins étant alors occupés par les Ioniens, ceux-ci adoptèrent ces lettres, dont les Phéniciens les avaient instruits, mais ils firent quelques légers changements. Ils convenaient de bonne foi et comme le voulait la justice, qu'on leur avait donné le nom de lettres phéniciennes, parce que les Phéniciens les avaient introduites en Grèce". (Hérodote, II, 59).
Cette légende d'Europe résume les réalités historiques, économiques et culturelles qui devaient correspondre aux déplacements des foyers de civilisations du Proche-Orient vers les régions d'Occident, appelées par la suite "Europe".
La "déesse au taureau" va être reprise et représentée, en sculpture, peinture(2), céramique et mosaïques jusqu'au IV°siècle(3) et cela sur tout le pourtour méditerranéen (Liban, Grèce, Italie, France, Espagne, Tunisie, Algérie, ...). Ces vestiges antiques sont actuellement préservées dans les divers musées (Musée national de Beyrouth, Musée de l'Arles et la Provence antiques, Musée archéologique de Nîmes, British Museum, Musée du Vatican, Musée du Louvre, Staatliche museen de Berlin, Musée de l'Ermitage, Musée de Palerme, à Pompéi, Musée de l'Agora à Athènes, etc.). En 1998, La Poste française édita un timbre représentant cette légende et cela à l'occasion de l'exposition Liban, l'autre rive qui s'est tenue à L'Institut du Monde Arabe à Paris (du 27 octobre 1998 au 2 mai 1999).
Nous émettons un souhait de pouvoir un jour proposer via cette page l'historique de ces diverses représentations. Nous invitons tous les musées détenteurs d'une oeuvre représentant l'enlèvement d'Europe de nous soutenir dans cette démarche ; en participant à la réalisation de ce projet: tous les articles, photos, descriptions, ... seront les bienvenus.
Nous ouvrons une dernière parenthèse dans cette page en citant l'auteur classique Achille Tatius, observant les détails de la mosaïque :
"Le taureau avait été représenté au milieu de la mer, chevauchant les vagues (...). La jeune fille était assise au milieu de son dos, non pas à califourchon mais de côté, les deux pieds sur la droite et elle tenait les cornes de sa main gauche comme un conducteur de char tient les rênes, et, en fait, l'animal obliquait légèrement dans cette direction, obéissant à la pression de la main. Le buste de la jeune fille était recouvert d'une tunique qui lui descendait jusqu'en bas des jambes ; plus bas, une robe dissimulait la partie intérieure de son corps (...). Ses mains étaient éloignées l'une de l'autre, l'une sur les cornes du taureau, l'autre sur sa croupe, et dans l'une et l'autre, elle tenait au-dessus de sa tête une large écharpe qui voltigeait autour de ses épaules, et l'étoffe se creusait et se gonflait de toutes parts ; c'était la façon pour le peintre de représenter le vent. Ainsi la jeune fille était-elle installée sur le taureau comme un bateau en mer et son écharpe lui servait de voile".
(1) Les cités de Tyr et de Sidon pouvaient former une unité politique suivant les forces en place. Pour cette raison nous pouvons lire suivant les références, Europe fille du roi de Tyr, ou, fille du roi de Sidon. retour texte(2) Voir Christian de Bartillat & Alain Roba, Métamorphoses d'Europe, trente siècles d'iconographies, Editions Bartillat, 2000 retour texte(3) Odile Wattel-de Croizant, Les mosaïques représentant le mythe d'Europe (Ier-IVe siècles), Evolution et interprétation des modèles grecs en milieu romain, Editions De Boccard, Paris, 1995.-----------------------
3- Union européenne : Histoire, évènements significatifsCatalogue formationEditoPrésentationContact - 17 mai 2011
NOM : Union européenne (unification économique et politique de 27 pays européens)
LE NOM : L'appellation « Europe » vient du grec ancien Ευρώπη. Étymologiquement : la princesse « au large visage » et « aux grands yeux ».
L'histoire :La princesse Europe, fille d'Agénor (Roi de Sidon, en Phénicie), que le roi des dieux voulait séduire, avait un goût prononcé pour les aventures et les découvertes. Un jour, un taureau émergea de la mer et persuada la belle princesse de monter sur son dos. Puis, il s'envola et l'emmena sur l'île de Crète, en Grèce (et vers ce continent, alors inconnu, qui portera ultérieurement son nom…). Là, il prit une forme humaine : ce n'était autre que Zeus (transformé en taureau) dont elle tomba amoureuse. En tout cas, les historiens voient aujourd'hui, dans cette légende, l'illustration poétique et le récit symbolique de l'imprégnation en Occident des cultures et brillantes civilisations du Proche-Orient antique. Le mythe de la princesse Europe est aujourd'hui illustré sur la pièce de 2 € grecque, par la représentation d'un taureau portant une jeune femme sur son dos.
DEVISE : « In varietate concordia » (Unie dans la diversité), telle est la devise de l'Union européenne.
Cette devise signifie qu'au travers de l'UE, les Européens unissent leurs efforts en faveur de la paix et de la prospérité ; les nombreuses cultures, traditions et langues que compte l'Europe constituent un atout pour le continent.
HYMNE :
L'hymne européen est « l'Ode à la Joie » de Ludwig van Beethoven, compositeur allemand. Il correspond aux idéaux fraternels de Beethoven. D'où sa volonté incessante de composer une œuvre à la mesure du poème du même nom de Friedrich Von Schiller qui évoque la fraternisation de tous les hommes.
DRAPEAU : 12 étoiles jaunes en cercle sur fond bleu.
Le drapeau européen est une bannière d'azur composée symboliquement de 12 étoiles : ce chiffre évoque la plénitude, comme les 12 mois de l'année. Le drapeau européen est le symbole non seulement de l'Union, mais aussi de l'unité et de l'identité de l'Europe au sens large.chaque élément le constituant a été choisi pour sa force symbolique :
le cercle d'étoiles dorées représente la solidarité et l'harmonie entre les peuples.le cercle des 12 étoiles est traditionnellement un symbole de perfection, de plénitude et d'unité.le chiffre 12 renvoie aussi au nombre de mois de l'année et d'heures sur le cadran d'une montre.
*Il fait également référence à l'emblème conçu par l'Autrichien Arsène Heitz, modeste fonctionnaire et catholique fervent.Selon ses dires, il s'est inspiré de la médaille miraculeuse de la rue du Bac (Paris).* Laquelle représente la Vierge avec la couronne de 12 étoiles qu'évoque l'Apocalypse de Saint-Jean : « Un signe grandiose est apparu dans le ciel, une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de 12 étoiles », Apocalypse 12,1.Il lui a ajouté un fond bleu, couleur traditionnelle du manteau de la Vierge.EMBLÈME : en 2009, un appel à contribution a été lancé, avec une question à la clé : quel animal symboliserait le mieux l'Europe ?Les deux animaux retenus sont le taureau et la colombe.
Le Taureau est l'animal dont se servit Zeus pour l'enlèvement d'Europe afin de la déposer en Crête.Ce mythe évoque l'unité fondamentale entre Orient et Occident.
La Colombe est un symbole de paix, assimilé à la non-violence.Elle tient son origine des récits de la Bible et de l'épisode des 40 jours d'inondation durant lesquels Noé, sur son arche, sauva de la noyade la totalité des espèces animales de la planète. Symbole porteur de tolérance, d'ouverture, de fraternité entre les peuples… Et donc d'espoir !
JOURNÉE DE L'EUROPE : 9 mai (anniversaire de la Déclaration de Schuman, en 1950).
LANGUES PARLÉES : 23
SUPERFICIE : 4 376 780 km2 environ (7ème rang mondial)
POPULATION : 499,7 habitants, au 1er janvier 2009 (3ème rang mondial derrière la Chine et l'Inde, mais devant les Etats-Unis).
Critères d'adhésion définis aux Conseils européens de Copenhague (1993) et de Madrid (1995)
le respect de la démocratie et de l'État de droit de la personne et des minorités.une économie de marché ouverte et viable.le respect de l'acquis communautaire.la modernisation de l'État et des structures administratives.Les 3 principes de liberté :
la liberté économique avec la libre circulation des biens ; le transport de marchandises se fait sans paiement de droit de douane à l'intérieur de l'Union ;la liberté individuelle, via la libre circulation des personnes ; tout citoyen d'un pays de l'Union a la possibilité de s'installer et de travailler dans le pays de son choix ;la liberté financière avec la libre circulation des capitaux ; tout citoyen ou entreprise d'un pays de l'Union peu ouvrir un compte bancaire dans le pays de son choix.Le terme « Europe » désigne aujourd'hui le continent européen au sens strictement géographique. Avant les XVe et XVIe siècles, on employait plus fréquemment le terme « Occident » et l'unité de l'Europe était surtout religieuse et culturelle, visant également des conquêtes territoriales.
L'idée européenne s'est construite progressivement à partir du XVIe siècle. Dès lors, philosophes, écrivains et politiques s'employèrent à théoriser le rapprochement des peuples : Henri de Saint-Simon proposa la création d'un « Parlement européen », tandis que Jean-Jacques Rousseau écrivit les « Extraits et jugements sur le projet de paix éternelle ». Emmanuel Kant rédigea quant à lui son « Essai sur la paix perpétuelle », alors que Victor Hugo eu l'intuition géniale des « Etats-Unis d'Europe». Aristide Briand défendit, pour sa part, l'idée d'une « Société des Nations ».
Certains marxistes se fixèrent pour objectif de créer « des Etats-Unis socialistes d'Europe », alors qu'Altiero Spinelli plaida pour « une Europe libre et unie ». Au nom du Parti socialiste, Jean Jaurès se fit le défenseur d'une « Europe humaniste et pacifiste ». Dans ses pas, Léon Blum évoqua l'idée d'une « Union fédérale d'Europe »…
Mais c'est le désastre produit par les deux guerres mondiales qui finit de -convaincre les nations européennes et des hommes et des femmes de toutes nationalités de la nécessité de s'unir pour empêcher de nouveaux conflits et garantir la paix. Tous œuvrèrent pour la construction d'une Europe communautaire de plus en plus intégrée.---------------------------------------
La princesse Europe
http://www.strasbourg-europe.eu/la-princesse-europe,14756,fr.html
samedi 4 février 2012
SAINT CHRISTOPHE ,patron des conducteurs
Une chapelle dediee a st Christophe fut decouverte pres de Cana - Tyr - Sud- Liban en 1860 , au cours d'explorations archeologiques .
voici les divers recits sur la vie de ce saint . il s'y melent histoire et legende, refletant une culture et une grande foi en Jesus Porteur des peches du monde et Redempteur....
source :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/101.htm
Christophe, avant son baptême, se nommait Réprouvé, mais dans la suite il fut appelé Christophe, comme si on disait : "qui porte le Chris" , parce qu'il porta le Christ en quatre manières: sur ses épaules, pour le faire passer; dans son corps, par la macération; dans son coeur, par la dévotion et sur les lèvres, par la confession ou prédication.
Christophe était Chananéen; il avait une taille gigantesque, un aspect terrible, et douze coudées de haut: D'après ce qu'on lit eu ses actes, un jour qu'il se trouvait auprès d'un roi des Chananéens, il lui vint à l'esprit de chercher, quel était le plus grand prince du monde, et de demeurer près de lui. Il se présenta chez un roi très puissant qui avait partout la réputation de
* L'hymne O beate mundi auctor, du bréviaire mozarabe fait allusion, dans ses seize strophes, à tous les points de cette légende.
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n'avoir point d'égal en grandeur. Ce roi en le voyant l'accueillit avec bonté et le fit rester à sa cour. Or, un jour, un jongleur chantait en présence du roi une chanson oit revenait souvent le nom du diable ; le roi, qui était chrétien, chaque fois qu'il entendait prononcer le nom de quelque diable, faisait de suite le signe de croix sur. sa figure. Christophe, qui remarqua cela, était fort étonné de cette action, et de ce que signifiait un pareil acte. Il interrogea le roi à ce sujet et celui-ci ne voulant pas le lui découvrir, Christophe ajouta : « Si vous ne me le dites, je ne resterai pas plus longtemps avec vous. » C'est pourquoi le roi fut contraint de lui dire : « Je me munis de ce signe, quelque diable que j'entende nommer, dans la crainte qu'il ne prenne pouvoir sur moi et ne me nuise. » Christophe lui répondit : « Si vous craignez que le diable ne vous nuise, il est évidemment plus grand et plus puissant que vous ; la preuve en est que vous en avez une terrible frayeur. Je suis donc bien déçu dans mon attente ; je pensais avoir trouvé le, plus grand et le plus puissant seigneur du monde ; mais maintenant je vous fais mes adieux, car je veux chercher le diable lui-même, afin de le prendre pour mon maître et devenir son serviteur. » Il quitta ce roi et se mit en devoir de chercher le diable. Or, comme il marchait au milieu d'un désert, il vit une grande multitude de soldats, dont l'un, à l'aspect féroce et terrible, vint vers lui et lui demanda où il allait. Christophe lui répondit: «Je vais chercher le seigneur diable, afin de le prendre pour maître et seigneur. » Celui-ci lui dit: « Je suis celui que tu cherches. » Christophe tout réjoui s'engagea pour être son (285) serviteur à toujours et le prit pour son seigneur. Or, comme ils marchaient ensemble, ils rencontrèrent une croix élevée sur un chemin public. Aussitôt que le diable eut aperçu cette croix, il fut effrayé, prit la fuite et, quittant le chemin, il conduisit Christophe à travers un terrain à l'écart et raboteux, ensuite il le ramena sur la route. Christophe émerveillé de voir cela lui demanda pourquoi il avait manifesté tant de crainte, lorsqu'il quitta la voie ordinaire, pour faire un détour, et le ramener ensuite dans le chemin: Le diable ne voulant absolument pas lui en donner le motif, Christophe dit : « Si vous ne me l'indiquez, je vous quitte à l'instant. » Le diable fut forcé de lui dire : « Un homme qui s'appelle Christ fut attaché à la croix; dès que j e vois l'image de sa croix, j'entre dans une grande peur, et m'enfuis effrayé. » Christophe lui dit : « Donc ce Christ est plus grand et plus puissant que toi, puisque tu as une si brande frayeur en voyant l'image de sa croix? J'ai donc travaillé en vain, et n'ai pas encore trouvé le plus grand prince- du monde. Adieu maintenant, je veux te quitter et chercher ce Christ. »
Il chercha longtemps quelqu'un qui lui donnât des renseignements sur le Christ; enfin il rencontra un ermite qui lui prêcha J.-C. et qui l'instruisit soigneusement de la foi. L'ermite dit à Christophe : « Ce roi que tu désires servir réclame cette soumission : c'est qu'il te faudra jeûner souvent.» Christophe lui répondit : « Qu'il me demande autre chose, parce qu'il m'est absolument impossible de faire cela. » « Il te faudra encore, reprend l'ermite, lui adresser des prières. » « Je ne sais ce que s'est, répondit Christophe, et je ne (286) puis me soumettre à cette exigence.» L'ermite lui dit: « Connais-tu tel fleuve où bien des passants sont en péril de perdre la vie? » « Oui, dit Christophe. L'ermite reprit: « Comme tu as une haute stature et que tu es fort robuste, si tu restais auprès de ce fleuve, et si tu passais tous ceux qui surviennent, tu ferais quelque chose de très agréable au roi J.-C. que tu désires servir, et j'espère qu'il se manifesterait à toi en ce lieu. » Christophe lui dit ; « Oui, je puis bien remplir cet office, et je promets que je m'en acquitterai pour lui. » Il alla donc au fleuve dont il était question, et s'y construisit un petit logement. Il portait à la main au lieu de bâton une perche avec laquelle il se maintenait dans l'eau ; et il passait. sans relâche tous les voyageurs. Bien des jours s'étaient écoulés, quand, une fois qu'il se reposait dans sa petite maison, il entendit la voix d'un petit enfant qui l'appelait en disant: « Christophe, viens dehors et passe-moi. » Christophe se leva de suite, mais ne trouva personne. Rentré chez soi, il entendit la même voix qui l'appelait. Il courut de,lors de nouveau et ne trouva personne. Une troisième fois il fut appelé comme auparavant, sortit et trouva sur la rive du fleuve un enfant qui le pria instamment de le passer. Christophe leva donc l'enfant sur ses épaules, prit son bâton et entra dans le fleuve pour le traverser. Et voici que l'eau du fleuve se gonflait peu à peu, l'enfant lui pesait comme une masse de plomb ; il avançait, et l'eau gonflait toujours, l'enfant écrasait de plus en plus les épaules de Christophe d'un poids intolérable, de sorte que celui-ci se trouvait dans de grandes angoisses et, craignait de périr. (287) Il échappa à grand peine. Quand il eut franchi la rivière, il déposa l'enfant sur la rive et lui dit : Enfant, tu m'as exposé à un grand danger, et tu m'as tant pesé que si j'avais eu le monde entier sur moi, je ne sais si j'aurais eu plus lourda porter. » L'enfant lui répondit : « Ne t'en étonne pas, Christophe, tu n'as pas eu seulement tout le monde sur toi, mais tu as porté sur les épaules celui qui a créé le monde : car je suis le Christ ton roi, , auquel tu as en cela rendu service; et pour te prouver que je dis la vérité, quand tu seras repassé, enfonce ton bâton en terre vis-à-vis ta petite maison, et le matin tu verras qu'il a. fleuri et porté des fruits, » A l'instant il disparut. En arrivant, Christophe ficha. donc son bâton en terre, et quand il se leva le matin, il trouva que sa perche avait poussé des feuilles, et des dattes comme un palmier. Il vint ensuite à Samos, ville de Lycie, où il ne comprit pas la langue que parlaient les habitants, et il pria le Seigneur de lui en donner l'intelligence. Tandis qu'il restait en prières, les juges le prirent pour un insensé, et le laissèrent. Christophe, ayant obtenu ce qu'il demandait, se couvrit le visage, vint à l'endroit où combattaient les chrétiens, et il les affermissait au milieu de leurs tourments. Alors un des juges le frappa. au visage, et Christophe se découvrant la figure : « Si je n'étais chrétien, dit-il, je me vengerais aussitôt de cette injure. » Puis il ficha son bâton, en terre en priant le Seigneur de le faire reverdir pour convertir le peuple. Or, comme cela se fit à l'instant, huit mille hommes devinrent croyants. Le roi envoya alors deux cents soldats avec ordre d'amener Christophe par (288) devant lui; mais l'avant trouvé en oraison ils craignirent de lui signifier cet ordre; le roi envoya encore un pareil nombre d'hommes, qui, eux aussi, se mirent à prier avec Christophe. Il se leva et leur dit : « Oui cherchez-vous? » Quand ils eurent vu son visage; ils dirent : « Le roi nous a envoyés pour te garrotter et t'amener à lui.» Christophe leur dit : « Si je voulais, vous ne pourriez. me conduire ni garrotté, ni libre. » Ils lui dirent : « Alors si tu ne veux pas, va librement partout: ou bon te semblera, et nous dirons au roi que nous ne t'avons pas trouvé. » « Non, il n'en sera pas ainsi, dit-il; j'irai avec vous.» Alors il les convertit à la foi, se fit lier par eux les mains derrière le dos, et conduire au roi en cet état. A sa vue, le roi fut effrayé et tomba à l'instant de son siège. Relevée ensuite par ses serviteurs, il lui demanda son nom et sa patrie. Christophe lui répondit : « Avant mon baptême, je m'appelais Réprouvé, mais aujourd'hui je me nomme Christophe. » Le roi lui dit : « Tu t'es donné un, sot nom, en prenant celui du Christ crucifié, qui ne s'est fait aucun bien, et qui ne pourra t'en faire. Maintenant donc, méchant Chananéen, pourquoi ne sacrifies-tu pas à nos dieux? » Christophe lui dit : « C'est à bon droit que tu t'appelles Dagnus *, parce que tu es la mort du monde, l'associé du diable; et tes dieux sont l'ouvrage de la main des hommes. Le roi lui dit : « Tu as été élevé au. milieu des bêtes féroces; tu ne peux donc proférer que paroles sauvages et choses inconnues des hommes. Or, maintenant,
* Damné ou danger ? ou plutôt dague, poignard ?
si tu veux sacrifier, tu obtiendras de moi de grands honneurs, sinon, tu périras dans les supplices. » Et comme le saint ne voulut pas sacrifier, Dagnus le fit mettre en prison; quant aux soldats qui avaient été envoyés à Christophe, il les fit décapiter pour le nom de J.-C. Ensuite il fit renfermer avec Christophe dans la prison deux filles très belles, dont l'une s'appelait Nicée et l'autre Aquilinie, leur promettant de grandes récompenses, si elles induisaient Christophe à pécher avec elles. A cette vue, Christophe se mit tout de suite en prière. Mais comme ces filles le tourmentaient par leurs caresses: et leurs embrassements, il se leva et leur, dit : « Que prétendez-vous et pour quel motif avez-vous été introduites ici? ». Alors elles furent effrayées de l'éclat de son visage et dirent : «Ayez pitié de nous, saint homme, afin que nous puissions croire au Dieu que vous prêchez. » Le roi, informé de cela, se fit amener ces femmes et leur dit : « Vous avez donc aussi été séduites. Je jure par les dieux que si vous ne sacrifiez, vous périrez de malemort. » Elles répondirent : « Si tu veux que nous sacrifiions, commande qu'on nettoie les places et que tout le monde s'assemble au temple. » Quand cela fut fait, et qu'elles furent entrées dans le temple, elles dénouèrent leurs ceintures, les mirent au cou des idoles qu'elles firent tomber et qu'elles brisèrent; puis elles dirent aux assistants : « Allez appeler des médecins pour guérir vos dieux. » Alors par l'ordre du roi, Aquilinie est pendue; puis on attacha à ses pieds une pierre énorme qui disloqua tous ses membres. Quand elle eut rendu son âme au Seigneur, Nicée, sa soeur, fut (290) jetée dans le feu ; mais comme elle en sortit saine et sauve, elle fut tout aussitôt après décapitée. Après quoi sauve, est amené en présence du roi qui le fait fouetter avec des verges de fer; un casque de fer rougi au feu est mis sur sa tête; le roi fait préparer un banc en fer où il ordonne de lier Christophe et sous lequel il fait allumer du feu qu'on alimente avec de la poix. Mais le banc fond comme la cire, et le saint reste sain et sauf. Ensuite le roi le fait lier à un poteau et commande à quatre cents soldats de le percer de flèches : mais toutes les flèches restaient suspendues en l'air, et aucune ne put le toucher. Or, le roi, pensant qu'il avait été tué par les archers, se mit à l'insulter ; tout à coup une flèche se détache de l'air, vient retourner sur le roi qu'elle frappe à l'œil, et qu'elle aveugle. Christophe lui dit : « C'est demain que je dois consommer mon sacrifice; tu feras donc, tyran, de la boue avec mon sang; tu t'en frotteras l'oeil et tu seras guéri. » Par ordre du roi ou le mène au lieu où il devait être décapité; et quand il eut fait sa prière, on lui trancha la tête. Le roi prit un peu de son sang, et le mettant sur son oeil, il dit : « Au nom de Dieu et de saint Christophe. » Et il fut guéri à l'instant. Alors le roi crut, et porta un édit par lequel quiconque blasphémerait Dieu et saint Christophe serait aussitôt puni par le glaive. — Saint Ambroise parle ainsi de ce martyr dans sa préface : « Vous avez élevé, Seigneur, saint Christophe, à un tel degré. de vertu, et vous avez, donné une telle grâce à sa parole, que par lui vous avez arraché à l'erreur de la gentilité pour les amener à la croyance chrétienne, quarante-huit mille hommes. (291) Nicée et Aquilinie qui depuis longtemps se livraient publiquement à la prostitution, il les porta, à prendre des habitudes de chasteté, et leur enseigna à recevoir la couronne. Bien que lié sur un banc de fer, au milieu d'un bûcher ardent, il ne redouta pas d'être brûlé par ce feu, et pendant une journée entière, il ne put être percé par les flèches de toute une soldatesque. Il y a plus, une de ces flèches crève l'oeil d'un des bourreaux, et le sang du bienheureux martyr mêlé à la terre lui rend la vue et en enlevant l'aveuglement du corps, éclaire son esprit car il obtint sa grâce auprès de vous et il vous a prié avec supplication d'éloigner les maladies et les infirmités*. »
* Ces derniers mots nous expliquent le motif pour lequel saint Christophe est représenté avec des proportions gigantesques principalement aux portails des églises. On se croyait à l'abri des maladies et des infirmités dès lors qu'on avait vu la statue du saint, de là ces vers :
Christophore sancte, virtutes saut tibi tantae,
Qui te mane vident, nocturno tempore rident.
Christophore sancte, speciem qui eumque tuetur,
Ista nempe die non morte mala morietur.
Christophorum videas, postea tutus eas.