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lundi 20 février 2012

Redevenir libanais, adresse aux emigres

How to become lebanese again ?

Comment redevenir libanais ?


 Le patriarche Raï entouré d'une foule de jeunes maronites. Photo prise à Los Angeles, lors de la tournée pastorale du chef de l'Église maronite aux États-Unis, en octobre 2011. La Californie est l'une des destinations favorites des candidats libanais à l'émigration - 

Redevenir libanais : comment s'y prendre ? clicker :  www.registerlebnani.com

 La Fondation maronite dans le monde s'est donné pour tâche d'aider à renouer le lien légal entre plusieurs centaines de milliers d'émigrés d'ascendance libanaise et la mère patrie.
Le projet de loi définissant les conditions de réappropriation de la nationalité libanaise
Un projet de loi précisant les conditions selon lesquelles les émigrés d'ascendance libanaise peuvent postuler à la nationalité libanaise ou se la réapproprier a récemment été approuvé par le Conseil des ministres (voir par ailleurs).
 Le projet de loi, qui doit encore être voté par le Parlement, a été formulé à l'initiative de la Fondation maronite dans le monde, présidée par Michel Eddé, qui s'efforce de renouer le lien légal entre plusieurs centaines de milliers d'émigrés d'ascendance libanaise et le Liban. Cet effort est récent. La Fondation, une institution créée par décret patriarcal, n'y travaille que depuis quelques années. À cette fin, elle a installé dans certains pays (États-Unis, Canada, Amérique latine), un réseau de représentants qui, en coopération et – parfois – en coordination avec le réseau pastoral de l'Église maronite et celui des missions diplomatiques libanaises, œuvre dans ce but .

Toutefois, cet effort gigantesque, qui exige une mobilisation financière tout aussi considérable, ne donne relativement que peu de fruits, en raison des obstacles procéduraux auxquels il se heurte, dont le moindre n'est pas la lenteur bureaucratique qui marque la procédure de transmission des données pertinentes vers le Liban. 
Une lenteur décourageante qui, en cas d'épilogue heureux, se mesure en années.
C'est en tenant compte de ces obstacles que la Fondation maronite dans le monde a formulé le projet de loi. 
Les avantages du nouveau texte de loi sont très grands, et, pour commencer, c'est un recensement conduit entre 1921 et 1924, et non plus celui de 1936, qui est adopté comme base pour identifier les Libanais d'origine qui ont émigré.

L'arbre généalogique
Il va de soi que ces 12 à 15 ans d'écart entre les deux dates augmentent les chances de pouvoir établir son ascendance libanaise, puisqu'entre 1921 et 1936, beaucoup de Libanais ont pu avoir émigré, rompant toute attache légale avec le Liban, étant donné qu'avant les années 90, il fallait renoncer à son identité d'origine pour acquérir la nationalité du pays d'accueil. 
-Un second grand avantage du nouveau projet de loi est l'élargissement aux documents officiels du pays d'accueil, de la preuve qu'il faut apporter de son identité d'origine. Grâce aux formalités effectuées à la préfecture de police et/ou au ministère de l'Intérieur du pays d'accueil, au moment de l'acquisition de sa nouvelle nationalité, un Brésilien ou un Français pourront désormais facilement établir leur nationalité libanaise d'origine, officiellement inscrite dans leurs fichiers. 
De plus, l'ascendance n'est plus limitée à celle du père. Ainsi, à défaut de pouvoir prouver son origine libanaise grâce à des documents originaux qui pourraient s'être perdus (certificat de naissance et/ou de mariage du père, extrait d'état civil familial, etc.), un homme pourra produire l'arbre généalogique de sa famille conservé aux archives du pays d'accueil, et établir son ascendance libanaise à travers son oncle ou tout autre membre de sa parenté, jusqu'au quatrième degré.

Le certificat de baptême
L'élargissement aux documents officiels du pays d'accueil des preuves se double, en outre, d'un élargissement aux documents ecclésiaux et fonciers du pays d'origine. Ainsi, pour postuler à la nationalité libanaise, un émigré pourra désormais produire les certificats de baptême de ses aïeux enregistrés dans des paroisses libanaises, ainsi que les titres fonciers de propriétés héritées, à condition que cet héritage vienne en ligne paternelle. 
Enfin, sur le plan de la procédure, les demandes ne doivent plus nécessairement être présentées dans les pays d'accueil et transmises au Liban par valise diplomatique, mais peuvent être présentées au Liban même, auprès du ministère de l'Intérieur, par les personnes intéressées. Selon les termes du projet de loi, les différents délais de transmission et de réponse sont tels qu'une procédure devrait pouvoir aboutir dans un délai d'un an, alors qu'elle prend normalement plusieurs années, selon la procédure actuelle, quand les formalités ne se perdent pas dans les dédales des ministère de l'Intérieur et des Affaires étrangères, et qu'il faut tout reprendre à zéro...
À ces conditions, c'est plusieurs centaines de milliers d'émigrés qui pourront ainsi retrouver la nationalité libanaise et ses avantages (légaux, financiers, fonciers, etc).

97 000 fichiers...
Enfin, il faut soulever le cas des 97 000 fichiers de Libanais d'origine enregistrés dans les ambassades et consulats de France et du Liban, entre 1943 et 1958. Ces demandes de nationalité ont été paraphées par le président Camille Chamoun. Hélas, la procédure a été suspendue en 1958, après le départ mouvementé du chef de l'État. Résultat : les naturalisés n'ont pas été officiellement informés qu'ils avaient retrouvé leur nationalité libanaise, et, aujourd'hui, leurs descendants ne savent pas que leurs aïeux sont libanais. Grâce aux efforts du ministre de l'Intérieur Ziyad Baroud, plusieurs centaines de ces dossiers ont été intégrés aux registres officiels de l'état civil. Mais beaucoup, vraiment beaucoup reste à faire sur ce plan, sachant que le chiffre de 97 000 établi en 1958 pourrait avoir quadruplé aujourd'hui. 

Fady NOUN 
L'Orient-Le Jour | 20/02/2012   ______________________


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