Maghdouché au Liban-Sud a rejoint le cercle de Lourdes, de Fatima et de Medugorje
Dans le cadre de sa politique de promotion du tourisme religieux au Liban et au Moyen-Orient, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, ainsi que l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) ont célébré hier soir en grande pompe et devant un parterre exceptionnel de dirigeants politiques et spirituels l'inscription sur la carte du tourisme religieux international du sanctuaire de Saydet el-Mantara (Notre-Dame de l'Attente) des grecs-melkites à Maghdouché, à l'instar de Notre-Dame de Lourdes en France, de N.D. de Fatima au Portugal et de la Vierge de Medugorje en Bosnie-Herzégovine.
La cérémonie qui a eu lieu sur le parvis du sanctuaire est le fruit des efforts conjoints du ministre du Tourisme et de l'OMT. Elle a regroupé entre autres, aux côtés d'une foule de fidèles, le nonce apostolique, Gabriele Caccia, les députés Bahia Hariri, Michel Moussa et Antoine Zahra, l'épouse du président du Parlement, Randa Berry, le ministre du Tourisme et hôte de l'événement, Michel Pharaon, et l'ambassadeur de France, Emmanuel Bonne. La soirée a récité prières et cantiques dans le ciel de Maghdouché couronnant ainsi les efforts depuis des années pour sa promotion sur la carte internationale du tourisme religieux.
« Aujourd'hui, c'est un lieu unique que nous célébrons, un lieu saint visité en personne par la Vierge Marie et non pas un simple lieu d'apparition, d'où sa spécificité », explique Michel Pharaon à L'Orient-Le Jour. Le ministre, qui avait lui-même supervisé les derniers préparatifs pour la promotion du site au niveau touristique mondial, avait invité par ailleurs le journaliste américain John Defterios de CNN et la journaliste britannique Alison Hilliard de la BBC afin de modérer une table ronde axée sur l'importance du tourisme religieux au Moyen-Orient en tant que connecteur et trait d'union entre toutes les populations méditerranéennes.
Cette table ronde regroupant des professionnels dans le domaine du tourisme international, méditerranéen et religieux, notamment le ministre jordanien du Tourisme, Nayef el-Fayez, la ministre palestinienne du Tourisme, Roula Ma'aya, le conseiller du ministre égyptien du Tourisme pour la promotion touristique, Amr el-Ezabi, le secrétaire général de l'OMT, Taleb Rifaï, et le secrétaire général de la fondation « Sur les pas du Christ au Liban-Sud », Samir Sarkis, a précédé la célébration officielle de cet événement exceptionnel propulsant le Liban et notamment le Liban-Sud au-devant de la scène touristique internationale. Pour M. Rifaï, « le tourisme religieux devient plus important lorsque tous les pays voisins développent ensemble ce secteur et offrent au pèlerin, qui recherche une expérience unique, la possibilité de visiter toute la région riche en symboles spirituels ». « Le lancement du sanctuaire marial au Liban-Sud sur la carte touristique religieuse mondiale sera par ailleurs l'occasion de créer des emplois dans cette région », indique-t-il.
« Il y a plus de 3 000 sites religieux au Liban et nous avons de quoi promouvoir notre tourisme religieux et aussi faire revivre la route phénicienne ou la route romaine qui reliait Jérusalem à Sidon, comme l'a fait l'Égypte avec la mise en place d'un circuit de la Sainte Famille », a dit le ministre Pharaon. Le ministre a par ailleurs exprimé son souhait de pouvoir concrétiser son deuxième projet, celui consacré au tourisme de la diaspora libanaise : « Il faut que chaque émigré libanais vienne visiter son pays d'origine au moins une fois durant sa vie. »
Le sanctuaire marial inscrit désormais sur le parcours des pèlerins étrangers est constitué d'une grotte que les premiers chrétiens ont transformée en sanctuaire, d'une basilique et d'une tour de 34 mètres abritant en son creux une chapelle et couronnée par la statue en bronze de la Vierge-Marie portant l'enfant Jésus. Le site est situé à cinquante kilomètres de Beyrouth et à l'est de Saïda. Cette grotte naturelle creusée dans la roche, découverte par hasard par un berger en 1720 avec une icône de la Vierge datant du VIIe ou du VIIIe siècle placée sur un autel, servait de lieu d'attente pour la Vierge Marie. La Vierge, étant une femme juive, attendait le retour de Jésus lors de ses pérégrinations à Cana, Sidon, Tyr et Sarafand, car selon la tradition d'alors il lui était interdit de l'accompagner dans les régions païennes.
Par conséquent, comme Sidon était une ville cananéenne et donc païenne, Marie attendait son fils dans cette grotte à Maghdouché, située sur la route romaine qui reliait Jérusalem à la côte libanaise. Ici, elle a attendu dans la prière et la méditation, d'où vient le nom Notre-Dame de l'Attente (al-Mantara).
Ce sanctuaire qui surplombe la côte de Saïda-Zahrani et reposant à l'entrée du village de Maghdouché est régulièrement visité par des pèlerins, toutes communautés confondues, afin de demander la grâce de la Vierge, surtout en ce mois de mai, mois de Marie. Par ailleurs, c'est surtout le 8 septembre (date de la naissance de la Vierge) que chaque année les fidèles et croyants affluent vers ce lieu saint.
Dans un petit Mémoire, Mgr Georges Kwaiter, l'archevêque grec-catholique melkite du diocèse de Saïda et de Deir el-Qamar jusqu'en 2011, et parrain de la construction de l'actuelle basilique, a expliqué comment ce sanctuaire trouvait ses origines dans les Évangiles.
Apparemment, les choses ont beaucoup évolué durant ces dernières années : le tourisme religieux bénéficierait actuellement d'un vrai engouement non seulement au plan local mais aussi international. Une bonne nouvelle pour le Liban qui regorge de sites religieux hautement spirituels pour les personnes qui recherchent une expérience unique lors d'un voyage hors des sentiers battus.
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Naji FARAH | OLJ
05/10/2015
Quand les nombreux immigrés libanais ont quitté le pays en diverses vagues, la dimension religieuse est restée très présente dans leur vie quotidienne. Et pour cause: la présence de nombreux prêtres parmi ces émigrés, ceux-ci ayant participé de manière naturelle au mouvement d'émigration depuis la fin du XIXe siècle. Ils ont accompagné les nouveaux immigrés en fondant des églises et des associations, en particulier en Amérique latine. Au Mexique, les Églises maronite et grecque-orthodoxe, dirigées par les évêques Georges Saad Abi Younès et Antonio Chedraoui, demeurent d'autant plus influentes qu'elles rassemblent non seulement l'élite de la puissante communauté libanaise, mais aussi de nombreux amis du Liban, qui vouent une dévotion exceptionnelle à saint Charbel.
En 2016, leur point de mire sera la région de Tyr, où ils chercheront à développer les infrastructures religieuses et touristiques. Il y a bien sûr les grandes villes de Tyr et de Sidon, à l'histoire phénicienne bien connue, et plusieurs autres villages comme Aïn Ebel, Sarafand et Maghdouché. Une attention particulière sera prêtée à Cana, où se trouve une grotte donnant sur une magnifique vallée, des jarres et des stèles gravées datant du premier siècle après Jésus-Christ, utilisées par les premiers chrétiens, représentant Jésus et ses disciples.
D'ailleurs cette localité mythique porte le nom, selon la tradition orale, de Cana de Galilée. Dans un périmètre de deux kilomètres, le tombeau du roi phénicien Hiram de Tyr, trônant seul depuis trois mille ans sur le bord de la route dans le village de Hanaway– le nom faisant référence à Anne, mère de la Vierge Marie, dont la famille habitait la région –, ainsi que le tombeau du père de la Sainte Vierge, le prophète Joachim ou Nabi Omrane, gardé par la communauté musulmane à Kleilé.
La promotion du tourisme religieux, depuis l'époque phénicienne jusqu'à nos jours, dévoilera de nouveaux pans de l'histoire antique de cette région qui intéresseront au plus haut point les chercheurs et pèlerins d'Europe occidentale et de contrées plus éloignées.
Un va-et-vient attendu en 2016
Par ailleurs, un va-et-vient sans précédent, entre communautés libanaises et résidents, est prévu pour l'année 2016. Une augmentation du flux de jeunes qui partent à l'étranger poursuivre leurs études et trouver du travail est attendue. Ce mouvement entrera en interaction avec celui du retour de centaines d'émigrés d'origine libanaise, désirant découvrir le pays de leurs ancêtres pour divers motifs, allant du sentimental au culturel, avec une volonté d'apporter un renouveau en politique. La situation au Liban semble propice à une telle activité, la jeunesse libanaise ayant entamé, il y a plusieurs semaines, une action de protestation légitime contre la léthargie du pouvoir en place.
JTK
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