Liban - Viticulture
Le secteur viticole libanais entre défis internes et concurrence externe
jeudi, juin 17, 2010
Avec une production annuelle avoisinant les 7 millions de bouteilles, dont la moitié est exportée à l'étranger, l'industrie locale du vin - l'une des rares au Liban caractérisée par une balance commerciale excédentaire - n'a cessé de se développer au cours des dix dernières années en dépit des nombreux obstacles.
Au cours des dernières années, la production de vin et le nombre de vignobles n'ont cessé d'augmenter. Selon une étude récemment publiée sur le secteur viticole, le Liban a en effet produit 7 millions de bouteilles de vin en 2009, dont plus de la moitié ont été fabriquées par les deux principaux producteurs. À titre comparatif, 6 millions de bouteilles ont été produites en 2005 et 5 millions au début des années 2000, selon les chiffres de l'Union viticole du Liban (VUL). En parallèle, le nombre de vignobles s'est élevé à environ 30 territoires, selon le PDG de Massaya, Sami Ghosn, comparé à 18 en 2005, cinq en 1998 et trois au début des années 90. La majeure partie de ces terrains plantés de vignes se trouve dans le sud de la vallée de la Békaa, mais également dans d'autres régions comme le Batroun et Jezzine, qui commencent également à attirer de plus en plus de viticulteurs.
L'étude, élaborée par The Lebanon Brief, bulletin hebdomadaire de la BlomInvest, montre que le marché local du vin est également devenu un pôle d'attraction pour de nouveaux investisseurs, comme pour le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, malgré le fait que les investissements dans ce secteur ne sont rentables qu'à long terme. Selon les experts, dans les cinq années à venir, dix nouveaux producteurs devraient en effet faire leur entrée sur le marché en dépit du rétrécissement de la surface réservée à la viticulture. Les vignes couvraient en 2000 plus de 11 400 hectares, dont 40 % étaient consacrés au vin, sachant que la production locale de grappes de raisin s'est stabilisée à près de 105 000 tonnes par an en moyenne.
Un marché soutenu par les exportations
L'essor dans la production locale de vin est notamment dû au dynamisme de la demande locale et à la vigueur des exportations qui ont toutes les deux constamment augmenté au cours des dernières années. Selon le PDG de Massaya, huit millions de bouteilles sont consommées chaque année au Liban, pour une valeur totale de 30 millions de dollars. Les importations ont représenté le tiers de cette valeur avec 10,7 millions de dollars en 2009, contre 8,6 millions en 2008 et 4,7 millions en 2006. Elles ont toutefois été largement compensées par les exportations qui ont totalisé 11,5 millions de dollars ou 3,5 millions de bouteilles (50 % de la production), faisant de la production de vin l'une des rares industries libanaises ayant une balance commerciale positive. Avec ses variétés françaises (Cabernet Sauvignon, Merlot, Cinsaut, Carignan, Grenache, Syrah) et ses grappes indigènes (Merwah, Obaideh), le vin libanais est très apprécié dans le monde. Il est essentiellement exporté au Royaume-Uni (24 % des exportations), en France (18 %), aux États-Unis (10 %), en Syrie (7 %), aux Émirats arabes unis (5 %), en Suisse (4 %), en Suède (4 %), en Allemagne (3 %) et en Irak (3 %).
Les viticulteurs locaux ont d'ailleurs capitalisé sur le succès local et international de leurs produits pour développer, en parallèle, une industrie touristique du vin. Aujourd'hui, plusieurs agences de voyages organisent des visites guidées de vignobles essentiellement situés dans la Békaa, à proximité de vestiges historiques romains et arabes. En outre, plusieurs producteurs de vin sont en train de développer leurs infrastructures et de créer des restaurants, situés au sein même de leur site de culture.
L'Institut du vin et de la vigne, une nécessité urgente
Il n'en reste pas moins que le Liban reste un très petit producteur comparé aux grands exportateurs de vin, notamment les pays en développement, comme l'Argentine (302 000 tonnes en 2006), le Chili (472 000 tonnes) et l'Afrique du Sud (272 000 tonnes). Le Liban peut toutefois concurrencer ces géants par la qualité de ses produits. Le lancement de l'Institut de la vigne et du vin (VWI) revêt à cet égard une grande importance, pour mettre en avant la compétitivité de l'industrie locale. Cet organisme a été créé en vertu d'une loi votée en 2000, mais qui est restée lettre morte et qui attend toujours un décret d'application. Pendant plusieurs années, les producteurs de vin ont appelé le gouvernement à accélérer ce processus et à nommer les membres de cet institut, mais en vain. Concrètement, le VWI sera tenu de contrôler la composition chimique du vin libanais, sa qualité, ses méthodes de production et ses origines géographiques. L'institut va également créer, réguler et accorder des appellations d'origine contrôlée (AOC) pour garantir la traçabilité et la qualité du vin local, aidant les vignobles à exploiter de nouveaux marchés.
Le Liban, un des plus vieux sites de production de vin
L'essor que connaît le secteur viticole à l'heure actuelle puise quelque part sa source dans l'héritage légué au fil des siècles. En effet, le Liban est l'un des plus vieux sites de production de vin au monde. Mentionnée dans la Bible, la production locale remonte au début de l'Antiquité, quand les Phéniciens ont planté des vignobles le long de la côte, devenant ainsi les premiers exportateurs de vin. Dans les temps modernes, les pères jésuites et des entrepreneurs européens ont redonné vie à cette industrie durant la seconde moitié du XIXe siècle. Cependant, la production de vin a drastiquement souffert de la guerre civile, baissant de manière significative entre 1975 et 1990, avant de reprendre de plus belle au cours de la dernière décennie.
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