À lire dans le numéro 218 (septembre/octobre/novembre 2016) du Monde de la Bible, Exode, exil, déportation. Les migrants et Dieu un article sur le patrimoine religieux libanais.
Le 29 mai dernier [2016] à Maghdouché, près de Sidon au Liban, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, et le secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), Taleb Rifai, présidaient une table ronde sur l’avenir du tourisme religieux dans la région.
Depuis plusieurs années l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) constate le formidable essor du tourisme religieux. D’après ses estimations, en 2014, « de 300 à 330 millions de touristes visitent chaque année les principaux sites religieux à travers le monde ». Non seulement ce tourisme, dont le pèlerinage est l’expression la plus visible, représente un levier économique à ne pas négliger, mais il apporte en outre, selon l’expertise de l’OMT (cf. rapport de Cordoue en 2007), une aide efficace à la protection et à la promotion du patrimoine religieux et une « contribution vitale à la tolérance, au respect et à la compréhension mutuelle entre les cultures ». Autrement dit à la paix. D’autant plus quand les sanctuaires – ce qui est particulièrement vrai pour les sites dédiés à la Vierge Marie – sont partagés par des fidèles de différentes confessions et traditions religieuses (lire « Sanctuaires partagés en Méditerranée » dans Le Monde de la Bible n° 217 « Coexister ? »).
Cette réalité n’a pas échappé à Michel Pharaon, ministre du Tourisme, qui a rappelé « qu’avec plus de 3 000 sites religieux, le Liban a de quoi promouvoir son tourisme religieux et aussi faire revivre la route phénicienne ou la route romaine qui reliait Jérusalem à Sidon, comme l’a fait l’Égypte avec la mise en place d’un circuit de la Sainte Famille ». D’autant plus que le pays doit pouvoir compter une importante diaspora, répartie dans le monde entier, et qui exprime le désir de revenir au pays au moins une fois dans sa vie.
Participaient également à la table ronde les ministres du Tourisme et des Antiquités de Palestine, Rula Ma’ayah, et de Jordanie, Nayef Al Fayez, sans oublier Amr El Ezabi, conseiller du ministre égyptien du Tourisme. Leurs présences et leurs discours renforçaient l’invitation de Taleb Rifai, de l’OMT, à développer « un tourisme religieux régional ». Eux aussi revendiquent pour chacun de leur pays d’être « une terre biblique ».
Sur ce point, le Liban ne manque pas d’atouts. Dans un article intitulé « Pèlerinages vers les lieux saints du Sud-Liban : Relocaliser le Liban en tant que partie de la Terre sainte », l’anthropologue Nour Farra-Haddad, rattachée à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, rappelle qu’il existe « plus de 96 références au Liban dans la Bible ». Les évangiles enseignent que Jésus est venu au Liban, qu’il y a accompli des miracles entre Tyr et Sidon, qu’il y a prononcé des sermons (cf. Matthieu 14,21-28 ; Marc 7,24-31), « faisant l’éloge de la foi des habitants et rappelant aux pharisiens un épisode de la vie du prophète Élie qui, lors d’une famine, a dit avoir été nourri par une veuve de Sarepta [Sarafand de nos jours, au sud de Sidon]. C’est au sommet du mont Hermon au Liban, souligne également la chercheuse, que Jésus-Christ a été transfiguré (Matthieu, 17,1-13). » Cette mémoire est particulièrement entretenue par la fondation Sur les pas de Jésus au Liban sud, dirigée par Samir Sarkis. Elle se propose de retracer l’itinéraire du Christ dans la région, et ses étapes, en s’appuyant sur la Bible et les textes de la tradition chrétienne. Afin d’y encourager les pèlerinages et le tourisme religieux et culturel, la fondation se donne également la mission d’aider à l’amélioration des infrastructures d’accueil dans les sites qui portent la mémoire du passage de Jésus.
Un lieu de pèlerinage fréquenté par toutes les communautés
L’inscription sur la carte du tourisme religieux international du sanctuaire marial de Saydet el-Mantara (Notre-Dame de l’Attente), à Maghdouché, près de Sidon (ou Saïda), le 29 mai dernier, participe elle aussi pleinement à cette volonté du pays de faire connaître ses atouts exceptionnels. Selon la tradition, la Vierge Marie aurait attendu dans la grotte du sanctuaire le retour de son Fils parti à Sidon, Tyr et Sarafand, la coutume interdisant aux femmes juives d’entrer sur une terre païenne. D’où ce nom de Vierge de l’Attente. La grotte aurait été découverte par un berger en 1721, avec une icône mariale datant du VIIe ou du VIIIe siècle placée sur un autel.
Depuis, la grotte est devenue un lieu de pèlerinage fréquenté par toutes les communautés religieuses du Liban, y compris musulmanes. En cela, le sanctuaire répond au vœu du secrétaire général de l’OMT d’une contribution du tourisme religieux au dialogue entre les religions et les cultures.
Par Benoît de Sagazan
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